Le parc est presque désert ce matin, à peine quelques passants s’aventurent sous les arbres dont les feuilles frémissent sous une légère brise. Marie-Louise marche lentement, ses pensées tourbillonnant comme des feuilles mortes emportées par le vent. À ses côtés, Érine suit son pas, calme et silencieuse, observant la jeune fille avec une attention douce.

Après un moment, Érine brise le silence, sa voix posée.

— Tu sais, ce souvenir ne te laisse pas en paix. Cette soirée où tu l’as vu avec une autre... ça te hante.

Marie-Louise serre les poings, sentant son cœur se nouer à nouveau.

— Oui. Je me revois là, dans un coin, à regarder. Lui, rayonnant, insouciant. Et moi, invisible. C’est comme si je n’existais pas à ses yeux.

Elle détourne le regard, la gorge serrée.

— Et si tu te trompes ? Et si lui ne me voit jamais autrement que comme une amie ? Et si ce que je ressens n’est qu’une illusion ?

Érine s’arrête, se tourne vers elle, et lui attrape doucement la main.

— Tu ne le sauras jamais si tu ne prends pas le risque de lui parler. Tu ne perdras rien en essayant.

Marie-Louise secoue la tête, un mélange de peur et de douleur dans les yeux.

— Je crains de perdre ce que nous avons déjà. Notre amitié, cette complicité… Si je lui avoue, tout pourrait basculer.

— Mais parfois, le plus grand risque est de ne rien faire, réplique Érine avec un sourire rassurant. Regarde-moi, je serai là, quoi qu’il arrive.

Marie-Louise laisse échapper un souffle, comme si une partie de sa peur s’envolait.

— Merci d’être là, Érine. Sans toi, je serais perdue.

Érine serre sa main un peu plus fort.

— Tu n’es pas seule. Et un jour, je suis sûre que tu raconteras cette histoire, la vraie, la tienne.

Elles reprennent leur marche, un peu plus légères, mais la peur reste tapie dans un coin du cœur de Marie-Louise.