Dans le petit café niché au coin d’une ruelle vénitienne, l’air est chargé d’arômes de café fraîchement moulu et de pâtisseries sucrées. Marie-Louise s’installe face à Érine, ses mains tremblantes serrant une tasse chaude comme si c’était un refuge. Ses yeux cherchent un point fixe, mais son esprit s’agite comme un tourbillon.

— Allez, respire, murmure Érine en inclinant légèrement la tête. Inspire profondément... un, deux, trois... et souffle lentement. Encore une fois.

Marie-Louise ferme les yeux, s’efforçant de suivre le rythme. Un filet de sueur perle sur son front, mais la panique commence à s’atténuer.

— Je voudrais lui dire... tout ce que je ressens, avoue-t-elle d’une voix tremblante. Mais j’ai peur. Peur qu’il ne comprenne pas, qu’il se détourne. Que tout change et que je perde ce qu’on a.

Érine sourit avec douceur. Elle sort un petit carnet de son sac, le pose sur la table devant elles, et ouvre une page blanche.

— Alors, écris-lui une lettre. Pas pour qu’il la lise, au moins pas tout de suite. Juste pour toi. Mets tes sentiments à nu, laisse-les sortir par les mots. Ça te fera du bien.

Marie-Louise saisit un stylo, hésite un instant, puis les mots commencent à apparaître sur la feuille, fragiles mais sincères. Elle écrit sur l’espoir, la peur, l’amour silencieux qui la ronge.

— Et si on faisait un pas de plus ? propose Érine en posant une main rassurante sur la sienne. Toi, moi, et Côme. On va passer un après-midi ensemble, quelque part où tu te sens bien. Pas besoin de parler de ce que tu ressens. Juste... être.

Marie-Louise ouvre les yeux, surprise.

— Mais… ça me fait tellement peur. Être si proche de lui, sentir son regard sur moi...

Érine serre sa main plus fort, son regard empreint de confiance.

— Je serai là. Je ne te laisserai pas tomber. Et pour commencer, on peut simplement lui dire bonjour. Rien de plus.

Un sourire timide éclaire enfin le visage de Marie-Louise.

— D’accord... un pas à la fois.

Le poids de l’angoisse semble s’alléger, remplacé par une petite étincelle d’espoir.