Chapitre 4
« Pavonem ouvrit les yeux du peuple. Et le peuple devint Nation. Pavonem offrit le pouvoir à la Nation. Et la Nation prospéra. Et quand la Nation n’eut plus besoin de lui pour la guider, Pavonem se retira. »
- Histoire de religion, auteur inconnu (édition retraduite).
Le crissement des tabourets raclant le sol satura l’espace. Il y en eut tellement que l’air dans mon thorax vibra, m’extirpant d’une parenthèse chaleureuse dans laquelle je venais de mettre pied. Devant moi je ne trouvai plus aucun visage. Chaque Incorporels qui se trouvaient encore installés il y a moins d’un battement d’aile saluaient maintenant leur Dorvarkhan, bien droits et signant du symbole d’Iyal avec leur front incliné.
Alors que certains échangeaient avec lui quelques formalités en rompant les rangs, je me redressai à mon tour. Malgré ma discrétion, mon léger décalage ne put qu’attirer son attention. Même debout, je me sentais encore petite face à lui. Me sentant bouger, son buste tourna vers moi. Et lorsque ses deux prunelles couleur terre captèrent mon regard, il s’y enracina. Il ne fit cas de plus rien d’autre dans la pièce.
Soupçonnant l’impression que je devais lui renvoyer, je hochai légèrement la tête en guise de salutation. Cela n’eut pas l’effet escompté car il ne daigna pas réagir. Je pouvais presque voir les mécanismes et rouages qui s’enclenchaient dans son cerveau à la moindre idée qui fusait. Je ne connaissais pas cet homme, mais il était pour sûr un penseur au sang-froid.
La situation s’éternisa un moment de trop, je sentis un frisson me parcourir la nuque. Par chance ou par clémence, Léon intervint. Ce fut à peine si le Dorvarkhan réagit quand il posa sa main sur son épaule alors qu’il lui expliquait la raison de ma présence ici.
- Dorvarkhan, je te présente Gwen. Reagan et moi l’avons rencontré au terme de notre mission. Elle est une Incorporelle mais n’est pas recensée. Je me suis dit que nous pourrions peut-être l’aider, qu’en dis-tu ?
Sa voix trahissait une maigre touche de nervosité. Mais ce n’était pas le retour de son supérieur qui le mettait dans cet état. C’était l’appréhension de sa réaction à mon égard.
Réaction qui ne vint pas, tandis qu’il me détaillait dans les moindres détails. Je ne me retins pas d’en faire de même, alors que l’envie de m’éloigner d’ici me démangeait de plus en plus. Sa tenue dissimulait une bonne partie de son corps mais ne pouvait entièrement masquer sa corpulence. Le Dorvarkhan était une colonne de muscle. Il avait le physique d’un homme qui commençait à peine à se laisser aller à quelques excès bien que d’un âge avancé. Je ne pouvais l’affirmer mais j’aurais parié qu’il était aussi un Incorporel. Son visage anguleux trahissait les séquelles du temps qui passait par quelques rides que son expression accentuait. La partie basse de son visage était couverte d’une barbe du même poivre-de-sel que ses cheveux. Elle était épaisse mais finement taillée. Quant à ses yeux bruns, autrefois aux éclats plus dorés, j’y distinguais de maigres cernes à peine dissimulées.
- Arthus ? s’enquit à nouveau Léon.
L’intéressé ouvrit puis ferma les poings une première fois avant de déglutir et de recommencer.
- Et où l’avez-vous trouvée ? demanda-t-il aux garçons comme si je n’étais pas là. Ou plutôt comment se fait-il que vous vous soyez croisés ? Vous êtes-vous entretenus avec elle sur ses motivations ?
Une fois ces mots sortis, il détourna le regard, son examen enfin terminé.
- Je venais d’arriver en ville pour affaires lorsque nous nous sommes rencontrés. Ravie de faire votre rencontre également, dis-je avec impudence en tâchant de masquer au mieux mon ressentiment.
Le faux sourire qui barra son visage avait des allures de cicatrices qui auraient englouti ses lèvres. Fort heureusement pour nous deux, il savait faire preuve de plus de retenue que moi.
- Je te prie d’excuser mon manque de manière, mais cette situation est des plus… Déroutantes. Je ne peux m’empêcher d’émettre certaines réticences par sécurité pour les miens, exposa-t-il d’une voix claire et portante.
Son raisonnement se justifiait. Je suis une étrangère dans sa maison. Tentant de me montrer moins prompt à m’emballer je repris plus posément :
- Je suis Gwen Arkan et comme Léon l’a souligné, je suis une Incorporelle non recensée. Je venais en ville pour remédier à cela, ils m’ont simplement devancé sur mon objectif. Je vous serais reconnaissante de bien vouloir m’aider.
Je tendis la main pour le saluer d’une manière plus officielle. D’un prime abord réticent il l’accepta tout de même. Sa poigne était ferme, trop. Je sentis mes os se superposer les uns aux autres alors que je tâchais de lui rendre la pareille, un sourire faussement innocent bordant mon visage. Hors de question qu’il pense avoir le dessus. Sans que je ne m’y attende, il effectua une légère traction sur mon bras qu’il attira plus près de lui. Il se mit alors à lorgner mon poignet d’un œil inquisiteur. Il cherchait ma marque. Pourtant ma peau blanche et immaculée était bien la preuve que je n’avais jamais approchée de Growers.
- Pardonne mon indiscrétion mais… Comment se fait-il que ce recensement ne soit pas chose faite ? s’interrogea-t-il en me relâchant.
- Disons que l’occasion ne s’est jamais présentée.
- Il s’agit pourtant d’un devoir auquel tous les parents doivent se plier. Chaque enfant doit être recensé.
- La tâche est d’autant plus ardue lorsqu’il n’y a pas de parents pour nous y mener, rétorquai-je d’un ton léger en lui laissant un regard évocateur.
Cela eut pour seul effet de le crisper un peu plus. Il était visiblement peu enclin à apprécier mon humour d’outre-tombe.
- Je suis orpheline, énonçai-je plus clairement, jusqu’alors je n’étais pas vraiment au fait des devoirs qui m’incombaient. C’est assez récent, comme prise de conscience : il n’y a pas de loi loin des villes.
Rien n’y faisait, je n’arrivais pas à me défaire du ton austère qui imprégnait mes paroles. Et pour cause : depuis que cet homme était entré, mes muscles étaient encore plus tendus qu’à l’accoutumée. J’étais un arc armé, il ne me restait plus qu’à tirer. Mon corps connaissait le combat et le langage de la violence. Pas la diplomatie et les jets de fleurs.
- Je vois, se contenta-t-il de répliquer. C’est, en effet, peu commun comme parcours. Mais maintenant que tu es là autant procéder à ce recensement, n’est-ce pas ? déclara-t-il sans plus de conviction. Reagan ? Montres donc à Gwen la chambre de la Tour Sud, elle pourra s’y installer pour la nuit. Léon, je t’attends dans mon bureau.
Les deux hommes acquiescèrent en cœur tandis que le Dorvarkhan commençait déjà à s’éloigner, talonné de près par Léon. Celui-ci nous informa qu’il nous ferait appeler sous peu pour démarrer mon évaluation.
La présence de Reagan non loin de moi me fit prendre à nouveau conscience de toutes ces personnes qui nous entouraient. Certaines s’attardaient à me lancer un regard tandis que d’autres repartaient en petit groupe vaquer à des occupations plus formelles. Je me sentais oppressée, les petites lanternes n’éclairaient pas suffisamment la pièce autour de moi.
- Et bien, je suis persuadé que tu as fait bonne impression ! nargua Reagan qui semblait malgré tout convaincu de ce qu’il avançait. Et puis la chambre de la Tour Sud, waouh, la grande classe, continua-t-il avec une once d’admiration. Un peu vieillotte à mon goût mais bon, je compte sur toi pour nous rénover tout ça !
Nous débutâmes l’ascension des trois premiers paliers qui menaient aux appartements avant de virer complètement à droite du couloir d’où nous venions d’arriver. Aux tréfonds de celui-ci se cachait un colimaçon de marches en pierres greffées dans l’angle de la bâtisse. Elles étaient anciennes, d’un temps bien plus ancien que le reste de l’aile principale. Reagan m’expliqua tout en s’engageant dans le passage qu’un incendie avait autrefois ravagé la Corproya. Seules les tours en pierres n’avaient pas été immolées par le feu. A la suite de cela, elles avaient été conservées lors de la reconstruction de Zycia.
- Soit sans crainte, toutes les fondations ont été vérifiées, rénovées et consolidées au besoin. Tu ne cours aucun risque de finir ensevelie vivante ! Même si ça n’en donne pas l’impression, je te l’accorde… prédit-il tout en rigolant à son propre humour.
Nous arrivâmes plus vite que je ne l’aurais crue au premier pallier. Je fis face à une porte peinte dans un rose veilli, décorée de motif floraux en fer forgé. Je m’attendis à ce que Reagan sorte une clé millénaire et viciée de rouille pour ouvrir la voie. La réalité fut bien moins théâtrale. Il se contenta de centrer sa main sur le battant et d’y pousser assez fort pour l’entrebâiller. Une fois chose faite, il y appuya l’épaule, les hanches et le reste de son corps massif. D’une impulsion bien synchronisée, il acheva les dernières résistances qui persistaient et dû retenir la porte avant que celle-ci, prise d’un trop-plein d’élan, ne se fracasse à l’ouverture.
Notre entrée bruyante dans la pièce fut accompagnée de plusieurs vagues de poussières qui retombaient en fine pluie autour de nous. Je laissai mon accompagnateur, pris d’une quinte de toux, se diriger vers une fenêtre grinçante avant de me mettre moi aussi à explorer. L’endroit était bien plus vaste que ceux à quoi je m’attendais. Une fois le petit sas passé, je découvris un salon composé de trois fauteuils au velours bordeaux que la faible luminosité ne gâtait pas. Ces derniers faisaient face à une imposante cheminée, copie de plus faible gabarie de celle du rez-de-chaussée, dans laquelle de la suie se mélangeait à la grisaille de la poussière. Cela faisait bien des solstices que personne n’en avait eu l’usage et cela se sentait dans la fraîcheur de la suite.
Deux bibliothèques vidées de leur savoir cadraient le reste du mur que la cheminée n’occupait pas. D’autres meubles, commodes, vitrines et coiffeuse tout aussi dépourvu d’affaires, occupaient l’ample lieu de vie. Mais l’œuvre la plus importante, qui les évinçait tous, restait le colossal lit à baldaquin. D’une hauteur démesurée pour couvrir la hauteur sous plafond qui l’était tout autant, il était drapé de soie et d’une fine dentelle. Les rideaux voluptueux bien que très épais, étaient d’une transparence indécente et s’apparentaient davantage à une moustiquaire. Un nombre excessif de coussin au rembourrage parfait attendait patiemment que l’on vienne les déranger. Je n’avais pas pour habitude de dormir dans des lits, privilégiant les nuits à la belle étoile. J’avais toujours été plutôt insensible à ce genre de luxe et de confort, faute d’y avoir déjà goûté. Malgré tout, je me surpris moi-même d’être tentée de m’y allonger, quitte à ne plus jamais pouvoir m’en relever.
- S’il existe une telle suite délaissée dans une Corproya je n’ose même pas imaginer le luxe des chambres de Korolewski… pensai-je à voix haute.
- Je suis sûr que c’est outrageusement excessif et que même l’air à une odeur d’or et d’émeraude. Très peu pour moi… ricana Reagan à peine convaincu de sa résolution. Mais avant de pioncer, vient plutôt admirer ça !
Je me dirigeai vers la sorte de lucarne qu’il me désignait. Tout un pan de mur était clairsemé de ces petits orifices qui s’ouvraient à peine sur l’extérieur de la ville. Seule une fenêtre plus ample au centre de celles-ci permettait d’ouvrir en grand pour savourer la fraicheur du crépuscule qui s’achevait.
Dans un premier temps, des reflets parasites m’empêchèrent de distinguer ce que Reagan souhaitait me montrer. Je dû presque coller ma rétine au verre frais pour l’apercevoir, retenant mon souffle pour dissiper la buée envahissante. Puis il fut là, proscrivant toutes les autres merveilles qui auraient pu entraver mon champ de vision. Nous n’étions pas au bord de la mer mais il était un phare dans la nuit. C’était le feu vers lequel se dirigeait les papillons de nuit les soirs d’été. Il brillait et ne s’arrêtait pas.
Le Palais Korolewski était inaccessible, il était parfait. Il en émanait une attraction qui faisait vriller mes tympans, vriller mo cœur. J’étais irrémédiablement focalisée sur ce point au loin, de blanc et d’or et de brumes de nuit. Sa beauté n’avait jamais fait aucun doute, mais aujourd’hui je la découvrais pour la première fois. Le joyau impérial qui à lui seul faisait déplacer des foules ne serait-ce que pour l’apercevoir. Mêlant richesse et mystère sublimé, il suscitait l’envie, l’appréhension. Il était le cœur de l’ennemi, de tout ce que j’avais toujours fui. Et pourtant ce soir, il ne me faisait pas peur, au contraire, il m’attirait.
Reagan émit un long sifflement admirateur qui me sortis de ma contemplation. Bien que je ne fusse pas encore complètement tirée de mes songes, je m’avançai dans la direction de cet homme qui visiblement ne savait pas tenir en place.
La nuit commençait à s’intensifier et les maigres lampions lumineux qui s’avéraient encore fonctionnels fournissaient un éclairage relatif. Je n’avais jamais eu aucun mal à me déplacer quand il faisait nuit noire, j’avais toujours eu cette facilité à m’y repérer. Pourtant, je ralentis. Car mon problème justement, résidait là. C’était ce que je voyais dans les ombres qui stoppait mes pas. Je ne pu m'empêcher de vérifier que l'obscurité ne bougeait pas. Fort heureusement pour moi, ce fut le cas.
Une fois à portée de l’explorateur attitré de cette expédition, Reagan m’intima du doigt de lever la tête, ce que je fis. D’un prime abord, je perçus une petite parcelle suspendue contre le mur. Elle agrémentait cette chambre tel un étage réduit, se tenant isolé du haut de son perchoir.
- Il doit y avoir une échelle quelque part pour y accéder, lui fis-je constater en désignant la petite mezzanine.
- Je ne te parle pas de ça dëmisya, regarde encore plus haut.
Je compris en l’observant qu’il fixait le plafond. Me dévissant la nuque pour le suivre dans sa contemplation, je me retrouvai face à une œuvre monumentale. Ce fut alors que je compris d’où venaient les reflets qui parasitaient la vitre il y a quelques instants.
Je ne savais pas qui avait habité ces lieux, encore moins qui aurait pu tant s’appliquer à les décorer, mais cette personne avait fait preuve d’une volonté et d’un entêtement sans limite. L’entièreté du plafond, aussi colossale fut-t-il, était peint avec d’une représentation de la figure emblématique de la religion : Pavonem Aploïto. Le fameux Paon mythique duquel descendrait tous les pouvoirs des Incorporels et dont la mission était de veiller sur nous. C’était un symbole tout aussi adoré qu’Iyal lui-même. Pavonem était peint de sa robe blanche pure, mouchetée de vert et non pas bleu. Les yeux perçant de sa roue ouverte veillaient à illuminer l’espace grâce à une peinture d’un doré luminescent, tel de l’or liquide en pleine fusion. Les pupilles de l’emblème étaient d’un vert si profond qu’elles devenaient deux perles noires qui absorbaient le surplus de lumière.
Cette vision me troubla, seuls de fervents défenseurs des textes anciens s’offriraient ce genre de décoration. Des prêcheurs fortunés de surcroît, car le tableau incrusté devait valoir son pesant d’or. Peut-être l’endroit a-t-il accueilli des religieux fut un temps ?
- On dirait une œuvre digne d'une exposition, tu ne trouves pas ?
Je n’avais pas encore eu l’opportunité de visiter des galeries d’art. La plupart étaient tenues par de riches fonctionnaires amateurs de peinture, ou autres marchands desquels je préférais me tenir éloignée. Mais vue la façon dont Reagan y songeait, je regrettais de ne pas l’avoir déjà fait. Cela devait valoir le coup de risquer une petite altercation pour entrer.
Nous restâmes encore quelques battements de cœur à baigner dans ces lueurs dorées au centre de la pièce, admirant les moindres détails. Reagan me signalait ses trouvailles : un autre petit paon esquissé au fond, la silhouette d’un palais au loin. Je tâchai d’en faire autant même s’il s’avérait que je me trouvais en compagnie d’un fin observateur à qui rien n’échappait.
- Ça va faire des années que personne n’a aménagé ici, me confia Reagan encore les yeux vers le ciel. Et pourtant je suis là depuis presque huit solstices ! Mais je pense que cet endroit t’ira bien…
- Reagan, comment… commençai-je.
Alors qu’il se tournait vers moi, trois coups secs frappèrent la porte encore entrebâillée. Le serveur que nous avions croisé en bas se tenait sur le seuil. Je sentais son regard me sonder au travers de ses mèches de cheveux fuyardes.
- Le Dorvarkhan attend Gwen en bas pour commencer son recensement, si vous voulez bien le rejoindre au Growers… annonça-t-il avant de filer aussi vite et silencieusement qu’il était arrivé.
- Merci, Kaz ! tenta de se faire entendre Reagan en haussant la voix. Bon, je crois que l’heure est venue.
- Concrètement, comment les choses vont s’enchainer à partir de là ? demandai-je, non sans une pointe d’appréhension.
- Arthus va réaliser ton recensement, le Growers va pondre une belle pile de papier qui lui permettra de t’inscrire officiellement dans le registre de Zycia. Tu pourras aménager ici, dit-il en désignant la chambre du doigt, et prêter le serment des Incorporels. Après ça, reprit-il d’un ton plus solennel, je suis au regret de t’annoncer que toi et moi allons devenir de très bons amis, unis dans l’ombre pour faire sortir Léon de ses gonds chaque jour qu’Iyal fera… Enfin ! Pour ma part c’est un programme qui m’a l’air plutôt alléchant, on y apportera quelques modifications en cours de route si besoin est… termina-t-il en se grattant pensivement le menton.
Je ne connaissais rien de ce monde, rien de ce qui allait advenir. Mon corps entier aurait pu fondre d’angoisse face à l’ampleur de ce qui m’attendait. Malgré tout, et bien incapable d’expliquer pourquoi, l’assurance sans faille et incongrue de cet homme amenuisait mes craintes. Je ne le connaissais que depuis quelques heures, mais Reagan me donnait la sensation d’avoir toujours fait partie de son entourage. Plus que cela, il me donnait la sensation qu’il en serait toujours ainsi dorénavant. La vie avait l’air simple au travers de ses yeux... Moi aussi, je voulais de cela.
Je m’étonnai de pouvoir m’avouer de telles envies si puériles, et pourtant elles étaient là.
M’avaient-elles seulement un jour quittées ?
Je voulais d’un toit, d’un chez-moi permanent. Je voulais des amis, des habitudes et des passe-temps. Je voulais partager. Je voulais enfin une histoire à raconter. Tout cela, je pouvais presque le toucher des doigts. Il me suffisait de faire un pas. Un pas de plus, un pas plus loin.
Ce soir j’y croyais presque.
J’y croyais un peu plus fort que la veille

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