En ce jeudi, j’écoutai ce chant de deux femmes

que la radio diffusa dans un but infâme,

comme pour tourmenter mon être si fragile

ou pour m’amener vers la folie, vers l’asile.

Malgré moi, j’écoutai le chant de ces femmes,

au son de leurs voix elles volèrent mon âme,

elles naviguaient au gré de ce rythme étrange,

et s’ensuit en moi cette danse qui dérange.

Une pluie de notes s’abat sur mes oreilles,

elle frappe avec une force sans pareil,

comme le ton calmement combatif

de ces chanteuses au regard ardemment vif.

Alors elles kidnappèrent mon faible esprit

telles deux sirènes ayant sombre appétit

d’un jeune homme empli d’une peine sans fin

capable de nourrir leur mystérieuse faim.

Résonnèrent donc ces paroles qui me touchent

comme sortant d’un fusil vidant sa cartouche,

leurs phrases bourdonnaient en échos dans mon crâne,

leurs mots bombardaient tels des balles de titane.

Elles rendirent mon cœur en peine meurtri,

elles s'amusèrent à torturer mon esprit,

à trifouiller les points sensibles de ma chair,

à me balafrer avec maintes surenchères.

Finalement, je compris le sens de leurs dires,

et un affreux sentiment alla me saisir :

elles me rappelèrent ma folle détresse,

et elles accrurent ma profonde tristesse.

Par leur si vile insistance, je me souvins

du jeune homme que j’aime éperdument en vain,

qui malgré lui m’inflige l’ignoble supplice

et me donne amer arrière-goût de réglisse.

Ô Seigneur de l’Univers, entends ma détresse,

je souffre, la prunelle de mes yeux me blesse,

alors, aie pitié, sors-moi de cette tourmente,

car l'épreuve m’amène angoisse et épouvante !