Chapitre 2 - Le mercenaire

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Le volume de la musique et des chansons submergea Elraza, suivi de près par un affreux relent de sueur et d'urine mélangé aux effluves de l'alcool. Le groupe qui se produisait sur scène était composé de deux violistes et d'un troisième musicien qui jouait de la flûte et du tambourin. La seule femme du trio en était aussi la soliste, mais Elraza eut toutes les peines du monde à entendre sa voix cristalline à cause de tous les braillards qui massacraient en cœur chacun de leurs morceaux. Le tout avait des allures de fête de village, car il n'y avait pas seulement là des marins ivre-morts et des paysans qui venaient se délasser après une dure journée passée dans les champs. La grande majorité des danseurs qui battaient le plancher de leurs talons étaient des enfants et des femmes, qui tournoyaient avec une certaine élégance tandis que leurs pères et maris les applaudissaient ou se contentaient d'émettre des commentaires grivois lorsque se soulevait le pan d'une jupe. Il faisait chaud dans la pièce et l'air était chargé de fumée. Un feu rougeoyant dansait et crépitait dans l'âtre, se délectant de quelques bûches de pin sec qui se consumaient lentement.

Comme personne ne semblait avoir remarqué son entrée, Elraza referma la porte des écuries et entreprit un périlleux voyage au cœur de la foule pour rejoindre le comptoir. En chemin, elle bouscula un soûlard qui renversa de la bière sur sa pèlerine et l’insulta en lui postillonnant au visage. Pour éviter de déclencher une rixe, elle s’excusa de l’avoir percuté mais ne put résister à l’envie de jeter discrètement un sortilège à sa boisson. Quelques instants plus tard, le soiffard beugla de dégoût et se précipita vers l’extérieur pour vomir le contenu de son estomac. C’est donc avec un sourire satisfait que l’enchanteresse parvint à se frayer un chemin jusqu’au propriétaire des lieux.

Dès qu’elle aperçut Oriendo, le cœur d’Elraza fit un bond dans sa poitrine. Même si le passage du temps avait creusé des rides sur son visage, il demeurait bel homme du haut de sa soixantaine d’années. Elle reconnut sa carrure imposante et ses épaules larges, son menton anguleux et ses yeux céladon où brillait une vive intelligence, sa barbe rêche qu’il prenait grand soin de tailler au couteau tous les matins. Il attachait toujours ses cheveux gris en-dessous de sa nuque avec un lacet de cuir et portait à l’annulaire sa chevalière d’argent qui ne le quittait jamais.

Là s’arrêtait pourtant la ressemblance avec celui qui fut autrefois son partenaire et son amant. Oriendo Cirin’Del était un enchanteur en exil, et il avait eu recours aux services d’un Sculptechair pour modifier son apparence avant d’entamer sa nouvelle vie. Sa peau sombre qui trahissait ses origines saâdiennes s’était considérablement éclaircie, elle se rapprochait désormais du teint hâlé des marins qui naviguent toute la journée au soleil. Il arborait des pommettes saillantes, des sourcils arqués, un front bombé et un nez plus large qu’Elraza n’en avait souvenir. Mais le changement le plus impressionnant concernait sa taille : en effet, Oriendo avait grandi d’un demi-pied et la sculptemagie l’avait doté d’un cou massif et puissant qu’il ne possédait pas avant. Debout derrière son comptoir, le tenancier des Trois Couronnes dominait de la tête et des épaules tous les clients de la salle. Lorsque son regard se posa sur Elraza, il cessa d’essuyer une chope et la laissa tomber avec fracas.

« Par les sept enfers de Xyron ! s’écria-t-il. Rani ! Est-ce vraiment toi ?

  • Til’Duin en Salaadem, Ori ! le salua-t-elle en retour.

Avec une vivacité étonnante pour son âge, Oriendo contourna son plan de travail et l’étreignit en la soulevant du sol.

  • Doucement ! s’exclama-t-elle en riant. Espèce de brute, tu vas me briser les os ! »

L’aubergiste la lâcha à contrecœur et posa sur elle un regard ahuri. Pendant un bref instant, Elraza s’inquiéta de l’image qu’elle devait renvoyer d’elle-même, vêtue de son attirail de guerrière, sa chevelure blonde décoiffée, trempée par la pluie et fourbue de son voyage. Mais le sourire de ravissement qui étira les lèvres de son ami chassa ces préoccupations futiles.

« Je suis tellement heureux de te voir ! s’enthousiasma Oriendo en la détaillant de pied en cap. Voilà cinq hivers que tu as disparu sans laisser de traces, où étais-tu passée ? Pourquoi n’ai-je pas reçu de tes nouvelles ?

  • Du calme ! le tempéra-t-elle. Je promets de tout te raconter en détail, mais d’abord j’ai cruellement besoin d’une bière mousseuse et d’un repas chaud. Nous parlerons quand nous serons seuls. »

Un voile d’inquiétude passa fugitivement dans les yeux de Cirin’Del. Il connaissait Elraza depuis trop d’années pour ne pas comprendre que si elle désirait s’entretenir avec lui en privé, c’était pour une affaire importante. Il jeta un œil sur le groupe de marins qui devisaient près d’eux, puis en direction de l’estrade où les ménestrels continuaient de divertir sa clientèle en jouant un air entraînant.

« Tu as raison, dit-il. Attendons la fin de mon service, nous serons plus tranquilles pour discuter. »

Au même moment, un homme le héla pour réclamer du vin et Oriendo s’éloigna en direction du cellier, non sans promettre à Elraza de lui réserver une paillasse confortable et un baquet d’eau chaude une fois qu’elle aurait pris son dîner.

Satisfaite de l’accueil chaleureux de son vieil ami, l’enchanteresse fendit la foule en sens inverse dans l'espoir de dénicher une table libre. Hélas, l'affluence ce soir-là était considérable et après avoir déambulé pendant deux bonnes minutes, elle se résolut à s'installer près du mur pour tenir compagnie au spadassin qu’elle avait repéré plus tôt. L'homme, allongé négligemment en travers de deux chaises, la regarda approcher avec un sourire rustre qui ne présageait rien de bon.

« Til'Duin en Salaadem, le salua-t-elle d'une voix forte pour couvrir le bruit de la fête.

  • Roch en Salaadem, Til'Duin », répondit-il en se découvrant poliment.

Il déposa son chapeau à larges bords sur le coin de la table et l'invita d'un geste à venir le rejoindre, ôtant du même coup ses bottes crasseuses de la chaise. Assaillie par la chaleur excessive des lieux, Elraza ne fut pas fâchée de pouvoir enfin enlever sa pèlerine gonflée par la pluie. Sans aucune gêne, le duelliste la regarda faire avec une lueur d'envie malsaine dans le regard.

« Je vous déconseille farouchement de poser la main sur moi, Roch, dit-elle pour le mettre en garde. Sans quoi vous risquez de ne pas la conserver longtemps attachée à votre bras.

  • Oh, voilà une femme de caractère ! s'amusa le spadassin. Vous me plaisez déjà, Til'Duin. Je vous en prie, mettez-vous à l'aise. Bière ? »

Elle acquiesça et il se leva en agitant son couvre-chef pour héler la serveuse. Celle-ci dut le repérer de loin, car quelques instants plus tard elle se présenta, tenant dans ses mains un grand plateau recouvert de pintes et de cruchons. Roch commanda deux grandes chopes d'une ale brune trop mousseuse qu'il paya de ses propres sceris. Pendant ce temps, Elraza dévisagea la jeune femme qui se tenait devant eux, cherchant à repérer dans les traits de son visage une quelconque similitude avec le faciès espiègle de Griver. À sa grande surprise, elle n'en découvrit aucune.

« Alors Til'Duin, racontez-moi... que vient faire une femme de votre trempe, équipée à la façon d'un bretteur aguerri, dans un petit bourg miteux de la côte sud ? Car sauf mon respect, je doute fortement que vous fassiez partie des charmants habitants de ce trou à rats. »

Elle le dévisagea par-dessus sa grande chope de bière, évaluant silencieusement son vis-à-vis avant de répondre. Pouvait-elle faire confiance à cet homme ? Certainement pas. Elle choisit donc d'en révéler le moins possible.

« L'aubergiste est un vieil ami.

  • Ah. Marrant, ça. Vous emportez souvent votre arsenal pour visiter vos amis ?

Il lui lança un clin d’œil moqueur en désignant du chef la longue rapière qui pendait contre le dossier de sa chaise.

  • Il est dangereux pour une femme de voyager seule dans ces contrées, de nos jours.
  • Suicidaire, vous voulez dire ! la corrigea Roch en buvant. La moitié des hommes dans ce bouge n'hésiteraient pas une seconde à vous violer, et j'en fais partie. Quant à l'autre moitié ? Ils vous détrousseraient et vous trancheraient la gorge avant de jeter votre cadavre aux loups.
  • La guerre attire des gens charmants dans son sillage. »

Ils se turent un instant, laissant le son enivrant de la musique emplir la pièce de ses rythmes chaleureux et endiablés. À mesure que d'autres danseurs s'en allaient voltiger devant l'estrade, l'assemblée se clairsema et Elraza put distinguer plus en détail l'ensemble de la pièce.

Il s'agissait d'une grande salle en forme de L dont ils occupaient l'un des coins. Au centre, face à la porte, s'étendait le comptoir pris d'assaut par les soiffards qui vidaient pinte sur pinte depuis le début de la soirée. L'affluence était telle à cet endroit que l'enchanteresse ne voyait rien de ce qui se passait derrière ; tout au plus devinait-elle la silhouette d'Oriendo qui occupait l’espace en faisant des aller-retours d'un bout à l'autre. À l’opposé se dressait l'estrade et sa piste de danse, où une joyeuse ronde s'était formée au son de la viole et du tambourin. Les rares paroles qui parvinrent jusqu'à la table du spadassin semblaient raconter l'histoire d'une paysanne frivole qui culbutait ses amants dans le foin. À la fin de la chanson, la belle y avait passé tellement de temps que son visage gratté par la paille se retrouvait couvert de taches rouges et de boutons. La foule des buveurs éclata de rire et le groupe de musiciens entama une sarabande au tempo plus lent et aux tonalités plus pures. La voix de la soliste émergea bientôt du vacarme, tandis que des paires se formaient parmi les danseurs pour accompagner cette nouvelle composition. C'était une ballade familière, qui contait la fin de la grande noirceur et l'arrivée du printemps. Dans les paroles lascives et mélodieuses de la jeune contralto, les rives de la Sinistrale devenaient un pays merveilleux et lointain peuplé de fées et de démons, où Nim'Rean le grand dragon trônait majestueusement dans un palais d'ambre blanc.

« Quel ramassis de conneries, commenta Roch en finissant sa bière. Tout le monde sait que Nim'Rean vit dans un désert.

  • Les croyances changent d'un pays à l'autre, fit remarquer Elraza.
  • Peut-être, mais j'ai arpenté les Terres du Sud suffisamment longtemps pour être en mesure d'affirmer qu'il n'y a ni fées ni dragons. Rien que d’immenses plaines au pied des montagnes. L'été, on y meurt de chaud et on s'y ferait descendre pour une flaque d'eau croupie ; l'hiver, il y fait tellement froid que si on s'endort sans couverture, on a les arpions gelés au petit matin.
  • Vous faites partie des Baroudeurs ?
  • Autrefois, ouais. Avant cette fichue guerre. »

Il termina sa chope en grognant et la reposa lourdement sur le plateau de la table. Il reprit alors son bol de soupe aux pois et sa cuillère pour poursuivre son copieux repas.

« Sale affaire, la guerre. Depuis que Ravinel a annoncé ses prétentions au trône de Ghern, il y a plus de soldats dans ce foutu pays que de moustiques dans un marais. Et les routes ne sont pas plus sûres pour autant, ça non. Alors j'ai quitté les Baroudeurs pour me faire garde du corps. Question de bon sens.

  • Et vous avez beaucoup de clients ? interrogea Elraza, plus par politesse que par intérêt pour la conversation.
  • Surtout des marchands qui cherchent à rallier la capitale. Ils craignent pour leur bourse et leur précieuse cargaison, alors ils engagent des combattants pour veiller au grain. La plupart du temps, on les retrouve dans un fossé les tripes à l'air et leurs fidèles matons ont filé avec le butin.
  • J'imagine que vous vous rangez parmi les spadassins honnêtes, releva l'enchanteresse avec cynisme.
  • Oh, je ne vais pas vous mentir. Il m'est arrivé d'occire un ou deux négociants qui voyageaient seuls avec l'espoir de devenir riche. Mais je n'ai jamais réussi à vendre leurs foutues marchandises une fois en ville et ça nuisait à ma réputation. Au moins, quand le client arrive sain et sauf à destination, il paie avec du bon argent et non des coquillages ou du tissu. »

Il prit le temps de planter son pic à viande dans un morceau juteux de son rôti et l'enfourna goulûment. Une grande lampée de soupe ne tarda pas à suivre le même chemin et le bretteur découpa une large part de son tranchoir, qu'il dévora en se léchant les doigts.

C'était un étrange individu, songea l'enchanteresse. Dangereux, certes, mais d'une rare franchise chez ceux de son espèce. Il pouvait avoir entre trente et quarante ans, car les poils rêches de sa barbe mal taillée commençaient sérieusement à virer au blanc à certains endroits. De petites rides se dessinaient au coin de ses yeux clairs qui luisaient d'intelligence, et ses cheveux mi-longs de couleur corbeau étaient coiffés en brosse. Il avait les mains caleuses et parcourues de cicatrices, signe que la longue épée qu'il gardait précieusement à côté de lui n'était pas uniquement un accessoire d'intimidation. Il savait se battre, et Elraza devinait chez lui le caractère endurci de ceux qui avaient vécu leur lot d'aventures et connu la misère. Pourtant, l'homme ne semblait pas vivre dans la pauvreté, comme en témoignaient ses vêtements de bonne qualité. Il portait un pourpoint gris matelassé et des chausses en tissu assorties, fixées par une ceinture de cuir noir et des aiguillettes dorées. À sa taille pendait un baudrier rapiécé, et il complétait sa panoplie de solides bottes montantes qui étaient parfaites pour chevaucher ou parcourir les vastes étendues sauvages du continent. Son galurin à larges bords avait connu de meilleurs jours, mais malgré les taches et les égratignures visibles çà et là sur le dessus, il n'était pas dépourvu d'une certaine élégance. Enfin, il était protégé d'une broigne tressée que l'haubergier avait renforcée de plates de métal articulées. L'ensemble paraissait souple, maniable et confortable mais devait être lourd à porter. C'était un attirail de combattant qui convenait parfaitement aux champs de bataille, mais qui dénotait à l'intérieur d'une auberge. Et ce d'autant plus que la chaleur du feu qui brûlait dans l'âtre devait le faire transpirer abondamment.

« Vous attendez de la visite ? fit remarquer Elraza en désignant son plastron.

  • On ne sait jamais, répondit l'autre. Y'a pas de mal à se montrer prudent. »

Quelque-chose chez ce mercenaire la mettait mal à l'aise. L'homme était équipé dans une taverne comme pour faire la guerre, et son attitude trahissait sa nervosité. Malgré son relâchement apparent et la nonchalance avec laquelle il terminait son repas chaud, Roch était sur le qui-vive. De la part d'un spadassin expérimenté, cela n'augurait rien de bon. Son regard allait et venait sans en avoir l'air, passant alternativement de l'entrée de la salle au comptoir où le tenancier servait sans discontinuer ses nombreux clients.

« Vous protégez quelqu'un ici, n'est-ce pas ? comprit l'enchanteresse. Vous avez choisi une table à l'écart mais qui permet d'observer tranquillement les lieux. Vous contrôlez l'accès aux escaliers qui mènent aux chambres, et quiconque arriverait des écuries serait forcé de passer devant vous.

  • Ce ne sont pas vos oignons », grogna-t-il d'un ton revêche.

Décidément, ce Roch était un drôle d'oiseau. Tantôt affable et généreux, et l'instant d'après aussi aimable qu'une porte de prison. Mais non, il devait y avoir autre-chose qui puisse justifier son étrange comportement.

Or, justement, le spadassin se redressa et posa sa main sur la poignée de son épée.

Elraza l'avait entendu elle aussi. Le bruit d'une cavalcade dans la cour de l'auberge. Les sabots ferrés des chevaux résonnèrent sur les pavés avec fracas, couvrant momentanément la musique et les chants. Toute l'assistance se figea, intriguée. Il devait y avoir pas moins d'une trentaine de cavaliers, là-dehors. Un murmure parcourut la foule, et l'on se pressa aux fenêtres pour observer.

« Ce sont des soldats ! lança un blond solidement bâti.

  • Ils ont des armures et des lances ! ajouta sa femme.
  • À mon avis, ils ne sont pas venus pour danser, ajouta un autre client.
  • Laissez passer ! »

Le ton grave et autoritaire d’Oriendo imposa le silence, tandis que sa carrure lui permit de se frayer un chemin sans encombre. Roch se leva tout à fait et dégaina son épée. Il ne cachait plus son inquiétude et en bon professionnel, il dégagea rapidement à coups de pied les tabourets qui pourraient le faire trébucher en plein combat.

« Vous n'avez aucune chance contre une trentaine de soldats entraînés, lui fit remarquer Elraza d'un ton neutre.

  • Seul, peut-être. Avec une enchanteresse, ça reste à prouver.

Devant son air étonné, il se hâta d’ajouter :

  • Je vous ai vue ensorceler la boisson de cet ivrogne tout à l’heure.

Intéressant. L'homme était donc capable de percevoir les flux shâatiques. Peu de mortels avaient le talent de distinguer les énergies magiques à l’œil nu.

  • Rien ne prouve que je sois disposée à vous venir en aide.
  • Ne jouez pas aux cons avec moi, Til'Duin. Depuis votre arrivée dans ce taudis, vous êtes constamment sur les nerfs. Votre Œil-de-Var a sondé la pièce à deux reprises et vous avez minutieusement détaillé chacun de ses occupants. M'est avis que ces soldats pourraient bien être là pour vous, finalement.

Elle voulut lui répondre mais n'en eut pas le temps. Trois coups frappés avec force retentirent.

  • Au nom de l'Esperial, ouvrez immédiatement ! »

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