Akeïn et le Prince

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Son visage est pur comme la neige,

Ses traits si grâcieux, empreints de mystère,

Ses yeux bleu-vert, de véritables miroirs de l’univers.

Il ressemble à un ange, nimbé de lumière.

Et chaque nuit, il vient me visiter dans mes rêves :

« Viens… prends ma main. Je t’attends, ma belle Akeïn »


 Quatre ans ont passé. Désormais au lycée, Akeïn n’a guère eu l’occasion de rendre visite à sa grand-mère, entre ses nombreux loisirs et son programme d’études à l’étranger. Son potentiel hors norme et sa soif insatiable de botanique l’ont menée loin, toujours en quête d’onguents miraculeux.

 Malgré ces activités si exigeantes, Akeïn repense souvent au vieux téléphone de sa mamy, à Balsa et au Prince. Elle rêve bien souvent d’eux et de ce monde parallèle, se languissant de cette magie dont elle n’a fait qu’effleurer les secrets.


 Akeïn se réveille, les joues en feu. Elle a encore rêvé de lui, son ange aux cheveux bleu saphir.

 Chaque nuit, il l’appelle. Chaque nuit, il l’invite à le rejoindre dans son monde étrange.

 Ses rêves lui semblent si réels…

 Elle aimerait tellement le retrouver.

 Sa vie de lycéenne l’ennuie. Première de sa classe et constamment en déplacement pour son sujet de prédilection, la botanique, elle subit la jalousie maladive de ses camarades. Les filles de son âge envient ses longs cheveux châtains aux reflets cuivrés, ses jolis yeux noisette en amande, ses traits délicats.

 Akeïn semble appartenir à un autre monde.

 Tout lui réussit, en apparence, et pourtant la jeune fille se sent terriblement seule, pas à sa place. Elle cherche constamment une raison d’exister.

 Alors qu’elle s’habille pour aller au lycée, elle s’observe dans le miroir. Un visage bien triste s’affiche dans la relique donnée par sa grand-mère. Ses contours dorés, ouvragés, témoignent de son ancienneté.

 Elle aimerait tellement recevoir encore les conseils de sa chère Naka. Sa grand-mère lui manque.

 Une lueur vrille son reflet. Akeïn recule d’un pas, stupéfaite.

 Une onde bleutée parcourt la glace. Son reflet disparaît.

 La main contre sa bouche, choquée, elle voit se dessiner une autre image à la place : celle d’un magnifique jeune-homme au regard perçant et aux cheveux saphir.

– Que… comment est-ce possible ?

 Aucun doute… le Prince qu’elle a sauvé lorsqu’elle avait douze ans. Comme il a grandi ! Akeïn en frissonne, le souffle coupé.

– Je ne t’ai pas oubliée. Ne crains rien. Je viendrai te chercher. Bientôt.


 Sur le chemin du lycée, Akeïn se sent déboussolée. A-t-elle – encore – rêvé ? Elle n’a qu’une hâte : rentrer chez elle et retrouver le Prince !

 Le soir venu, elle adresse à peine la parole à ses parents et court jusqu’à sa chambre.

 Face au miroir, elle attend. Elle touche la glace, contourne la précieuse relique de sa grand-mère pour chercher un mécanisme dissimulé – en vain.

– Fais-moi voir le Prince ! ordonne-t-elle au miroir.

 Rien ne se produit.


 La nuit est de nouveau intense… Son Prince vient la chercher, lui tenant la main. Il la conduit sur un splendide balcon orné de fleurs. Le vent soulève ses cheveux mi-longs. Son corps rayonne d’une aura scintillante. La jeune fille est subjuguée par sa beauté angélique.

 La dure réalité la rattrape au petit matin. Elle est seule, dans son lit. Et il est l’heure d’aller au lycée. Sa prison.

 Elle s’attarde devant son miroir, attendant un signe, puis se détourne, lasse.


 Les vacances de printemps arrivent enfin. Akeïn jubile : elle va pouvoir retourner chez sa grand-mère, pour la première fois depuis de longues années.

 À peine a-t-elle franchi le seuil de la porte que Naka bondit sur sa petite-fille, la serre chaleureusement dans ses bras et s’exclame :

– Ma chérie ! Le téléphone scintille ! Il était pourtant resté « éteint » pendant toutes ces années. Mais au moment où tu as posé le pied dans mon jardin, il s’est éclairé, comme s’il t’attendait… Tu dois y aller, maintenant !

 Akeïn bredouille, déboussolée :

– Que… quoi ? Mais on ne s’est à peine dit bonjour !

– C’est le destin de notre lignée, Akeïn ! Ton ancêtre, Asuna, a disparu de la même manière que toi. Lorsque tu es partie dans cette autre dimension, il y a quatre ans, j’ai réalisé qu’elle était certainement allée là-bas, elle aussi, et que cette magie est liée à notre famille.

 Naka ne laisse pas sa petite-fille protester : elle l’entraîne déjà dans le salon, prend sa main et la pose directement sur le combiné, brillant d’une lueur turquoise, l’oblige à décrocher.

 Akeïn pousse un hoquet de surprise : l’onde bleutée s’échappe du téléphone, tourbillonne en un bruit sourd, enveloppe le corps de la jeune fille et la tire vers la porte interdimensionnelle. Ballotée en tous sens dans le vortex, Akeïn se sent disloquée, perdue dans le néant.

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