Chapitre 18

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Ecrit en écoutant notamment : Da Tweekaz – Forever [Hardstyle]

Je m’attends à ce qu’ils s’arrêtent à mon niveau, mais finalement, Victor se contente juste d’arborer un rictus haineux et je l’entends marmonner :


— Il ne mérite même pas qu’on s’intéresse à lui, il va nous apporter que des ennuis. Encore de la chance qu’il ne nous soit rien arrivé pour l’instant.


Au moins, j’ai l’impression qu’ils ne vont pas commencer à me chercher des ennuis. Ils semblent assez éclairés pour comprendre qu'insister ne servirait pas leur cause. C’est bien l’unique qualité que je peux leur trouver… à part, peut-être, ce détail qui me désarçonne : contrairement à celui de son acolyte, il ne me semble pas discerner de haine dans le regard d’Alexandre. Il paraît plutôt mal à l’aise, mais m’a tout de même esquissé un sourire pendant un dixième de seconde. S’il n’était pas accompagné par son comparse, j’aurais presque été tenté d’aller à son encontre ; il faut bien admettre que son air de chien battu le rend terriblement attirant... Mais… ça suffit ! Je ne vais pas commencer à avoir pitié de lui !


Heureusement, ils n’empruntent pas la même ligne de bus que moi, et je rentre donc en caressant délicatement le beau paquet Fnac contenant le cadeau pour mon Morgan.


Le mercredi soir, à ma plus grande déception, lors du deuxième entraînement de la semaine, il n’a pas pu venir, mais m’a confirmé dans son message que je « devais absolument » venir chez lui le samedi. Quelle aura été ma solitude ce soir-là : l’entraînement avait un goût fade sans l’enthousiasme communicatif de mon Morgan, sans son beau corps à observer…


Je m’impatiente d’être samedi, me languissant terriblement de mon amoureux, même si je vais devoir subir mes deux heures de retenue. Journée intense au programme : aller au lycée jusqu’à 10 heures, puis prendre un train régional jusqu’à chez Morgan, et ne pas oublier mes affaires de foot, puisqu’il a été convenu que ses parents m’emmèneraient pour le premier match de la saison qui aura lieu à 16 heures.


Samedi matin, mon réveil m’extrait péniblement d’un sommeil profond à 6 heures et demie. Après avoir brièvement cru que j’avais simplement oublié de désactiver mon alarme, je reprends conscience de la situation dans un soupir bruyant.


Partir au lycée un samedi matin est inhabituel, mais finalement plutôt agréable. Le bus n’est pas bondé, la ville de Strasbourg est paisible, et il règne une ambiance reposante dans le lycée par rapport à la cohue de la semaine. Heureusement, aucun de mes camarades de classe ne fait partie de mes compagnons de colle ce jour-là, ce qui, je l’espère, va m’éviter bien des railleries.


La sonnerie de 10 heures finit par me délivrer, et après avoir émargé, je prends le tram vers la gare de Strasbourg, puis monte dans une rame pour aller rejoindre mon beau coéquipier. Pour la cinquième fois de la matinée, je vérifie avec inquiétude que j’ai toujours bien son cadeau avec moi, et lorsque j’arrive enfin devant chez lui, je n’ai même pas besoin de sonner, qu’il m’ouvre déjà la porte :


— Alors, le caïd du lycée, c’était sympa ces deux heures ?


Mon visage prend une expression à mi-chemin entre une grimace et un sourire, et je me décide à entrer.


Aujourd’hui, nous planchons sur de la physique nucléaire, pas le sujet le plus évident du programme de première. Je m’efforce de lui faire comprendre la différence entre une désintégration alpha et bêta, puis nous passons à la pratique.

Toujours aussi interloqué par un tel sérieux le jour de ses 17 ans, je concède que son air concentré et appliqué par rapport à mes conseils me fait toujours autant craquer. Quand il a enfin fini d’écrire, il se tourne vers moi avec un sourire aussi radieux que provocateur :


— Et donc, qu’est-ce que t’as fait comme connerie cette semaine ? me lance-t-il en faisant craquer les articulations de ses mains.


J’avais préparé mon coup, et tente, non sans pression:


— C’est par rapport à un mec de ma classe qui a commencé à m’insulter parce que je suis gay. Je ne me suis pas laissé marcher dessus, et donc, après sommation, quand il n’a toujours pas voulu arrêter de débiter ses inepties, je lui ai sauté dessus, et malheureusement, je l’ai un peu amoché. Ne t’inquiètes pas, ce ne sont que quelques bleus et égratignures d’après ce que j'ai pu constater le lendemain.


— Mais t’as foutu quoi ? Si t'aurais dit la vraie raison, ils auraient carrément pris cher !

Je réfrène mon envie de corriger sa faute, et réponds, désabusé :


— Histoire compliquée, mais je n’avais pas trop intérêt à le faire.


Il me regarde alors profondément :


— Ok ! Moi, en tout cas, j'ai aucun problème avec les personnes gays. Au contraire, …

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