Chapitre 19

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Ecrit en écoutant notamment : Ketanoise – Shake Your Bass [Frenchcore]

J’interprète sa dernière phrase comme une invitation, et laissant une force surnaturelle prendre le contrôle de mes actions, je fais céder toutes les digues de ma timidité naturelle. Je me rapproche de son visage et dépose un très léger baiser sur ses lèvres que je convoite tant depuis deux semaines.

Après ces quelques dixièmes de seconde extatiques, je me recule et l’observe droit dans les yeux. Il semble triste, et je ne comprends pas pourquoi. Il baisse la tête, masse ses paupières, et après quelques secondes interminables, il se redresse et lance, la voix réellement peinée :


— Mec, je suis vraiment désolé… J’avais bien compris que je te plaisais, mais… je ne peux pas me forcer à aimer un mec, même si je t’apprécie énormément… et là, à l’instant, je suis désolé d’avoir pu te faire croire que…


Tous mes espoirs s’effondrent d’un seul coup. J’ai l’impression d’avoir heurté un mur de plein fouet. Il me semble vaguement entendre :


— J’aurais déjà peut-être dû te le dire avant, mais je n’en étais pas sûr à 100% non plus … Faut dire que tu m’as pas aidé. Juste avant, je voulais juste te faire comprendre que tu pouvais me le dire… Et on peut dire que tu me l’as fait comprendre ! En tout cas, rien ne changera dans notre amitié, ça je peux te le garantir. Enfin si, elle ne s'en trouvera que renforcée.

Je souris faiblement et sors le paquet marqué d’un « pour Morgan » manuscrit de mon sac, et lui tends fébrilement. Il m’observe un moment de son fameux sourire étincelant, ouvre le paquet, et lorsqu’il découvre son contenu, il vient me serrer très fort dans ses bras, et me murmure dans le cou :


— Merci mec, vraiment, c’est tellement sympa de ta part. Mais comment t’as su pour le saut en hauteur ? Je ne t’en ai jamais parlé !


Ses bras puissants et la chaleur virile rayonnée par son torse me réconfortent, et, en partie refait, je lui réponds malicieusement :


— Haha, c’est peut-être que je m’intéresse aux personnes que j’aime !


— Ah d’ailleurs, moi aussi j’ai une surprise pour toi, même si ce n’est pas ton anniversaire. Pour samedi soir, dans deux semaines, j’ai une place en trop pour une soirée à Strasbourg, une personne avec qui je devais y aller s’est désistée, tu veux venir avec moi ? Ça me ferait plaisir de te faire découvrir le milieu de la techno !


— Bien sûr, j’irais partout avec toi ! Oh, excuse-moi, je m’emballe un peu… Il faudra que je demande à mes parents, mais ça ne devrait pas poser de problème.


J’ai l’honneur d’être convié au copieux repas d’anniversaire en famille et ne regrette finalement pas ma venue malgré la profonde déception de savoir que son amour me restera inatteignable quoi que je puisse entreprendre… Je l’aime tellement que je me sens presque mal à l’aise pour lui de se retrouver dans cette situation; il fait tout son possible pour me remonter le moral.



Heureusement, son travail paye, et je réalise un plutôt bon match, avec quelques arrêts décisifs préservant notre maigre avantage d’un but acquis dans la douleur. Quand l’arbitre siffle la fin du match, entérinant une victoire précieuse pour notre équipe, mon amoureux-ami accourt me donner une accolade virile qui me plaît énormément, et nous rentrons aux vestiaires en nous congratulant mutuellement sur nos performances et notre combattivité.

Dans les vestiaires, alors que mon regard dérive aléatoirement, deux yeux bleus hypnotiseurs m’interceptent. Je regarde Morgan mordiller sa lèvre inférieure avec un sourire coquin, puis le tissu du col de son maillot, qu’il se met ensuite à retirer doucement, dévoilant ses abdominaux bien marqués. Oh le salaud ! Si je continue à suivre ce spectacle encore longtemps, il va falloir que j’attende quelques minutes qu’une certaine tension redescende.

Heureusement, de son côté, Morgan commence à avoir du mal à contenir son rire, et il finit par arrêter de vouloir m’exciter outrageusement. Je profite de ce moment de répit pour me déshabiller complètement et rentrer dans les douches. Sauf qu'il me suit presque immédiatement, et se place bien en évidence dans mon champ de vision, en commençant à se savonner d’une manière plutôt suggestive. Il se frotte les cuisses lentement, en prenant bien soin de glisser ses mains sur les flancs intérieurs, me regardant toujours avec insistance de son sourire espiègle. Léo, notre défenseur, qui a remarqué son petit jeu, lance, hilare :


— Tiens, on a le droit à un strip-tease de notre nouveau joueur ?


— Ça te plaît ? plaisante Morgan, tout aussi amusé.


De mon côté, je secoue la tête d’un air qui se veut outré et me retourne pour terminer ma douche.

À ce moment-là, notre coach fait irruption dans le vestiaire, et nous désigne tous les deux pour passer le balai raclette en sortant.


— C’est pour vous remercier de votre prestation de qualité ! s’amuse-t-il.


Nous attendons alors que tout le monde soit sorti pour nous acquitter de notre courte corvée de nettoyage. Je remplis un seau d’eau, et le déverse sur le carrelage en direction des pieds de Morgan. Celui-ci a le temps de sauter agilement sur le banc avant que la vaguelette n’atteigne ses chaussures et s’offusque en riant :


— Ah ouais, tu veux jouer à ça ?


— C’était pour te punir de m’avoir chauffé tout à l’heure devant tout le monde !


Il affiche un sourire malicieux, va allumer une douche, et tente de m’empoigner pour me remettre dessous tout habillé. Je ne me laisse pas faire et nous commençons à chahuter gaiement tels des gamins de douze ans.

Ce n’est que quelques minutes plus tard, alors que je tente désespérément de m’accrocher à un banc pour résister à un Morgan sauvage qui me tire par les épaules, que je vois notre milieu de terrain Florian apparaître dans l’encadrement de la porte :


— Bon, les gars, si vous continuez à vous toucher comme ça, vous n’aurez plus rien à manger !


Nous nous séparons dans un éclat de rire. Florian fait une moue d’incompréhension, puis lorsqu’il part rejoindre à nouveau les autres, Morgan ne peut s’empêcher de me taquiner :

— Avoue que ça te ferait plaisir qu’on se touche pour de vrai !


— Oh, si tu savais… lui réponds-je à mi-chemin entre la plaisanterie et la plainte.


— Mais c’est que j’ai affaire à un petit pervers ! continue-t-il.


Alors que je cherche de nouveau à le déséquilibrer, il me dit plus sérieusement :


— Bon, il a quand même raison, Florian, il faut qu’on y aille un de ces jours. J’ai une dalle terrible en plus !


Tels deux garnements satisfaits, nous rejoignons nos camarades, et dévorons goulûment notre sandwich jambon-fromage avec délectation.

Nous finissons par nous séparer à regret, et dans la voiture de mes parents qui me ramènent à la maison, je ressens déjà un manque déchirant après avoir passé la majeure partie de ma journée avec celui que j’aime tant. Tant qu'il était avec moi, ça allait encore... là, c'est dur... Il m’aime aussi, oh ça j’en suis convaincu, mais pas exactement de la même manière. Je ferme les yeux et me repasse les évènements de cette journée pour malgré tout ne pas les oublier. Au bout d’à peine trente secondes, je suis tiré de mes rêveries par une voix que je connais trop bien, c’est mon frère Nathan qui me charrie :


— Alors, je ne savais pas que c’était si fatiguant de rester dans les cages, pour que tu commences à roupiller direct !


— Ouais, tu n’imagines pas à quel point. C’est fatiguant mentalement !

Le soir, alors que je suis allongé dans mon lit sur le dos, j’ai beau faire des efforts, mes pensées dévient toujours inévitablement vers mon beau Morgan… Je me sens tellement délaissé sans lui, quel gâchis qu’un tel mec ne soit pas gay… J’ai l’impression que je ne trouverai jamais personne qui soit aussi beau et qui m’apprécie tant.

Mais bon, si je veux avoir une chance d’avoir un copain un de ces jours, il faut que je me force à le considérer seulement comme un ami…

Par contre, je n’ai aucune honte à avoir si je continue à fantasmer sur lui : c’est même lui qui m’y incite, on dirait que ça l’amuse. Rien que de repasser son petit mordillement de lèvres me provoque une érection monumentale, qui je préfère pour une fois calmer en pensant au dimanche que je vais passer chez ma grand-mère.

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