Chapitre 27

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Ecrit en écoutant notamment : Da Tweekaz – Real Love [Hardstyle]



Après m’être calmé en déambulant dans la nuit à travers la ville, je tente une mise au point sur la situation.

D’une part, Alexandre risque de bien me faire la gueule, alors que malgré, où grâce à l’effet de surprise, j’avais quand même bien apprécié son initiative – encore que j’eus préféré qu’il ait été sobre –, et d’autre part Morgan, qui a probablement voulu bien faire en croyant me défendre d’une quelconque agression, bien que cela n’excuse en rien l’état dans lequel il a réussi à se mettre. J’ai heureusement pu profiter du moment où j’ai indiqué aux secouristes le numéro du père de Morgan pour leur réclamer de bien dire à ce dernier de me tenir au courant de l’état de santé de son fils.

La soirée avait pourtant tellement bien commencé ! Il a fallu que mon Morgan déraille complètement et casse un moment crucial dans ma relation avec Alexandre… j’ose encore espérer qu’il ne s’est pas sciemment foutu en l’air… Mais le plus curieux, c’est que même en envisageant le cas contraire, j’aurais toujours d’intenses sentiments pour lui, qui continueront à brûler d’une ardeur fantastique, et que même le bel Alexandre ne me fera sûrement jamais ressentir.

Seul point positif – on se contente de peu –, comme il est à peine minuit passé, j’ai encore le temps d’attraper le dernier bus du samedi soir en direction de la campagne où j’habite. Pendant le trajet, j’envoie un message à Alexandre pour tenter de le convaincre que mon ami n’est ni la brute sanguinaire et encore moins le psychopathe dont il avait peut-être l’air il y a une demi-heure. Étonnamment, je reçois une réponse une heure plus tard :

— Je peux peut-être consentir à une réconciliation si ton ‘ami’ vient s’expliquer avec moi, je te rappelle que tout compte fait, vous m’avez cogné tous les deux…



Point de vue Morgan

J’ai l’impression que mes paupières pèsent cent kilos chacune, et me sens terriblement vaseux et nauséeux. Après un effort herculéen, j’arrive à entrouvrir les yeux. Je me sens mal… j’ai l’impression que mon corps est complètement disloqué.

Ne me rappelant d’aucune explication plausible concernant mon état, je m’étire avec difficulté dans tous les sens pour déterminer si j’ai une quelconque articulation qui serait touchée, mais je ne ressens aucune douleur vive, seulement une migraine très pesante qui s’étire du front jusqu’aux tempes.

Attends, quelle heure est-il ? Je fais pivoter laborieusement mon cou de droite à gauche tel une manivelle grippée, mais ne trouve pas mon téléphone, ni par terre, ni sur ma table de chevet. Seule la luminosité ambiante m’indique que je semble m’être réveillé aux aurores. Mais qu’est-ce que j’ai bien pu faire hier ? J’ai l’impression d’avoir le cerveau en lambeaux ; mes circuits de neurones et de synapses, tels une antique télévision à tubes cathodiques, ont toutes les peines du monde à se remettre en marche.

Puis soudain, au milieu de la grisaille, des flashes lumineux me reviennent. Je vois beaucoup de couleurs dans tous les sens, mais oui… c’est ça… la soirée ! J’y étais avec qui de nouveau ? Ah oui, Michaël ! Mais je ne me souviens pas être rentré avec lui ! Et… merde ! Oh non… J’étais allé lui rapporter ses clés… oui, c’est ça, c’est à coup sûr mon pote qui s’est trompé dans le dosage… ou bien l’aurait-il fait exprès ? Je voulais juste un peu me débloquer, rien de plus…

Toujours est-il que si je suis chez moi, c’est sûr à 100% que mes parents sont au courant. Et merde… Là pour le coup, je vais prendre une rouste comme je n’en ai jamais connue. Je prie pour qu’il n’y ait aucune conséquence juridique, je ne me suis jamais vraiment informé sur le sujet… Et mon pauvre Michaël, tu as dû paniquer, je me sens tellement honteux, que vas-tu penser de moi ? Et aussi… je ressens quelque chose de bizarre... de profond… mais je ne saurais dire quoi. Je reste alors immobile, les bras en croix, pendant de longues minutes.

Tout d’un coup, la réalité me revient violemment en pleine figure. Il n’a pas le droit… c’est à moi… Je n’ai tout simplement pas pu supporter que Michaël embrasse quelqu’un d’autre que moi. Ça m’a rendu complètement hystérique. Et il me semble que les dernières visions chatoyantes que j’ai eues avant de m’écrouler étaient quelques représentations de son beau corps dénudé sous divers angles plus affriolants les uns que les autres…

J’étais tellement convaincu d’être purement et invariablement hétéro que je n’ai pas été en mesure d’interpréter correctement mes sentiments. Enfin, jusqu’à ce que le fait d’être complètement perché fasse ce travail à ma place, apparemment.

Et… en fait si, c’est peut-être possible d’aimer un mec, et même si c’est très bizarre à se représenter, je n’en éprouve aucune honte… Il faut bien se rendre à l’évidence. Rarement je n’ai éprouvé de tels sentiments pour une personne. Mais pourquoi uniquement avec ce mec, et pas avant ? Que peut-il bien avoir de spécial ? Et puis, comment n’ai-je pas pu me rendre compte de tout ça plus tôt ! C’est sûrement notre amitié qui créait un biais invisible… renforcé par la situation de conseiller spécial que je m’étais construite dans sa quête d’amoureux. Quel con, ça c’est vraiment la meilleure…

Et merde, le mec que j’ai frappé, c’était probablement le copain de Michaël, j’espère qu’il ne va pas porter plainte… Beaucoup trop de questions compliquées circulent dans mon esprit encore en phase de réinitialisation.
Je laisse ma tête retomber lourdement sur l’oreiller, attendant une conversation tendue avec mes parents. Et puis, qu’est-ce que je vais dire à Michaël en le revoyant ? Il reste toujours mon ami, malgré le fait que je sois intimement convaincu de l’aimer bien plus que ça. Et en tant qu’ami, je n’ai pas à m’interposer entre lui et son petit copain. Et comment vais-je justifier le fait que j’ai commencé à lui casser la gueule ? En disant que j’étais défoncé, enfin ça il le sait probablement… Je me résous finalement à laisser Michaël tenter d’arranger la situation avec… comment il s’appelle déjà… Alexandre. Ça va déjà être assez difficile pour lui pour que je lui rajoute un autre problème.

Mais je l’aime… et plus je me le répète, plus je matérialise des sentiments jusqu’alors enfouis dans mon inconscient. C’est la dernière pensée que j’ai avant de sombrer à nouveau, tabassé par un terrible accablement.

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