Un autre voyage 

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Alfirin entra lentement dans la salle de soins médicaux en boitant, le visage et le corps couvert de blessures profondes. Sans annoncer sa présence en vu de la situation, elle s’avança de la créature. Elle aperçut le visage surpris de Naranwe qui la remarqua, vacillant légèrement sur ses jambes, soutenu par son paternel. Le monstre observa son regard, se tourna vers sa nouvelle cible en lui faisant face. Sans perdre son sang-froid, elle prit trois carreaux de son carquois qu’elle plaça sur son arbalète, visa son compagnon de voyage qui s’approcha à grand pas. En le voyant bondir, elle décocha mais les projectiles envoyés se brisèrent au contact de la toison. Elle se figea lorsque les griffes s’approchèrent de son visage, prêts à le déchiqueter. Les bras puissantes de la bête furent subitement écartés par des entraves qui l’enchaînèrent, suspendu à quelques centimètres du sol, fixant l’Amazonide qui s’éloigna. Le monstre grogna de nouveau puis fut projeté vers le mur de gauche tel un aimant, les liens solidement ancrés dans la pierre, l’immobilisant.

En gardant ce sentiment d’effroi, elle porta son attention vers la personne qui l’avait permit d’échapper à cette attaque soudaine, reconnut la divinité de l’Olympe. Zéus était vêtu d’un habituel khiton de lin, portait des sandales. Il avait sur son épaule droite un sac de voyage et tenait un sceptre d’or. Il posa le sac au sol, regarda pendant un instant son fils toujours prisonnier sous la forme de la créature puis se tourna en s’adressant plus particulièrement à Alfirin et Naranwe.

- Argos et moi devront partir à l’aube, dit Zéus. Nous ne pouvons attendre plus longtemps. Vous ne rejoindrez quand vous serez rétablit de vos blessures.

Affaibli par la bataille menée, l’àlfar observa son partenaire d’armes qui baissa les yeux. Il ne sut quelle était sa décision et prit la parole.

- Nous viendrons, dit Naranwe. Il suffit que nous sachions le nom de l’endroit. N’est-ce pas Alfirin ?

Croisant son regard, elle ne put qu’acquiescer. Le dieu leur demanda donc de venir à Calydon, le lieu de résidence de mortels avec pour seule exception de ne montrer leur véritable apparence une fois arrivés à destination. Voyant l’astre solaire descendre peu à peu dans le ciel, il renseigna alors les compagnons de voyage de son fils de son retour la nuit tombée en présence de la déesse de la chasse. À la suite de ses mots, la divinité de l’Olympe frappa le sol de son sceptre et aussitôt, il disparut dans un éclair de foudre sonore. Alfirin se détourna de cette vision lumineuse puis lorsque la clarté revint, elle vit l’àlfar s’assoir sur le bord de l’alcôve. Elle voulut s’avancer mais elle fut précédée par le domestique de la forteresse en armure ainsi que la délégation de la maison du seigneur présente lors des combats. Elle décida de sortir de sortir de la pièce, monter les marches de pierre qui menaient à sa chambrée.

Naranwe aperçut soudainement le jeune dieu reprendre sa forme initiale. Apercevant sa nudité, il se leva, s’empressa de lui apporter une couverture. Il s’arrêta devant lui, déplia le tissu puis le posa sur son dos, le vit s’en envelopper et se redresser sur ses jambes. Ses entraves se détachant de ses poignets, il essaya de le regarder en face.

- Je ne peux expliquer cela, dit alors Argos. Je m’attendais à vous éliminer, de voir vos corps sur le sol, le sang s’écouler de vos blessures.

- Mais cela ne s’est guère produit, dit Naranwe. Nous sommes tous encore en vie.

- Alfirin n’est de cet avis, dit Argos qui répliqua. Elle semblait effrayée par cette transformation.

- Elle a besoin de temps pour s’en remettre, dit Naranwe d’un ton calme. Tu partiras à l’aube avec ton paternel, tu trouveras un antidote à Calydon.

- Zéus était en ces lieux ? demande Argos.

- Il est apparu et il s’en allé, dit Naranwe. Il reviendra probablement afin de veiller pendant ton sommeil.

Il observa l’expression de visage de son interlocuteur qui l’informa sur le fait de se préparer pour le voyage en paraissant résigné, le laissa dans la salle de soins médicaux.

Argos sentit la froideur de l’endroit, s’agrippa à la couverture, ses pieds touchèrent la pierre sans faire de bruit. Lorsqu'il arriva devant la pièce de réception, il s'arrêta sur le seuil, trouva son épée au sol. Il traversa la salle, s’approcha de l’arme qu’il ramassa, vit le mur détruit quelques instants plus tôt. Il fit le chemin en sens inverse, continua son chemin vers sa chambre à coucher, s’avança des escaliers.

De son champ de vision, il aperçut la porte entre-ouverte qu’il ouvrit puis referma la porte derrière lui. Il entreprit d’allumer les chandeliers avant qu’il ne soit dans l’obscurité, remarqua que des vêtements étaient pliés sur l’alcôve. Il fit quelques pas, se vêtit d’un fendard blanc et d’une tunique tout en gardant la couverture. Il l’enleva, le posa sur le lit puis soupira. Il décida de sortir de la chambrée afin de connaître l’état actuel d’Alfirin qu’il croisa dans le couloir. Elle avait le teint pâle, était accoutrée d’une manière semblable et portait un chignon. Elle leva les yeux en le voyant.

- Comment te portes-tu ? demande Argos.

- Je vais bien, dit Alfirin avec un léger sourire.

- Je m’excuse de mon agissement envers toi, dit Argos. Je comprends ta réaction vis-à-vis de la situation.

- Je pensais à l’antidote car je ne sais s’il fonctionne, dit Alfirin. J’étais préoccupée en me l’évoquant.

- Quel est donc cet antidote que vous semblez connaître ? dit Argos.

- Lors d’un voyage vers la cité de Calydon, ton paternel a rencontré un dieu fleuve, dit Alfirin. Sa particularité est qu’il s’abreuve de venin d’un reptile qui lui permet d’avoir le don de se métamorphoser. Zéus a prélevé un peu de son sang à son insu afin de faire un remède contre ta transformation.

Argos se disait en essayant de se convaincre que si cette cité était leur destination, il était possible que le dieu fleuve soit le remède.

- Je vais à l’armurerie afin de nettoyer mes armes, dit alors Alfirin. Je te souhaite une bonne nuit.

Il redressa la tête, surpris en entendant de nouveau sa voix, lui retournant la politesse. Il retourna dans sa chambrée en refermant la porte.

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