L'arrivée à Forn

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Le souffle court, Gwyldann s'appuie sur son Kô jaune pâle.

-On peut pas ralentir un peu Lysia ?

-Non, plus vite on arrivera à la rivière Cyanne, plus vite on s'arrêtera.

-Mais on marche depuis trois heures et on arrive pas.

-Tu vois le scintillement là-bas ? C'est la rivière qui capte les rayons du soleil. Encore un peu et on y sera.

Elle recommença à marcher. Kira poussa légèrement son chevalier pour le faire avancer.

-Ton Kô est très attentionné avec toi, fit remarquer Isaac

Gwyldann considèra l'oiseau avec nostalgie. Ils s'étaient choisis lorsqu'il était encore enfant et ne s'étaient plus quittés jusqu'à ce qu'il rejoigne Lysiana, Zohan et Zark.

-Même malgré les deux ans où il ne t'a pas vu, il sait parfaitement quoi faire quand ça ne va pas.

-Nox n'est pas comme ça, renchérit Zark. Il serait plutôt du genre a me montrer son mécontentement pour l'avoir laissé en écurie.

Le Kô noir d'encre se tourna vers lui et poussa un cri en gonflant ses plumes.

-Il est effectivement très mécontent, commenta Zohan.

Aku, son Kô vermeil, et Siwou, le Kô bleu clair du prince, marchaient derrière leurs cavaliers en guettant autour d'eux. Lysiana et Zark, captant leur inquiétude, se mirent à épier eux aussi les alentours. La jeune élémentariste élargit sa zone de surveillance en utilisant sa maîtrise de la terre.

-Homme en approche à neuf heures, déclara-t-elle après un instant. Six pour être exact.

-A quelle distance ? S'enquit Zohan

-Ils se rapprochent rapidement.

Lâchant la bride de leurs Kô, Zark et Zohan empoignèrent la garde de leurs épées, accrochées à la ceinture pour l'un et dans le dos pour l'autre, et se préparèrent à contrer une attaque. Lysiana porta la main à la lanière de cuir attachée à sa cuisse, et en retira un morceau de bois long d'une trentaine de centimètres. Sa main s'illumina de vert pâle, et du bois se forma un arc.

-Protégez le prince, rappella-t-elle

Gwyldann prit place à côté d'Isaac, une dague dans la main droite, les rênes des Kô dans la gauche. Zark sourit face à la prévenance de son compagnon à ne pas disperser leurs montures dans la Grande Plaine. Des bruits de martèlements leur parvirent, leur faisant porter leur attention sur l'Est. Six hommes entrèrent dans leurs champs de vision, apparaissant subitement et les faisant sursauter.

-Qu'est-ce donc que cela ? S'exclama Gwyldann.

Suscitaient cette question les étranges destriers de ces hommes. Semblables à des Kô dénués de plumes, ils dévoilaient une peau couleur de nuit. Leurs pattes et leurs becs étaient, contrairement à leurs homologues qui les avaient jaunes, blancs et leurs yeux brillaient d'un reflet rouge sang, alors que ceux de leurs congénères étaient plutôt bleus ou verts. Les hommes sur leurs dos portaient des tuniques bleues foncées aux armoiries rouges représentant une terre en feu.

-Les armoiries des Albinos ! S'exclamèrent Lysiana et Zohan, reconnaissant l’emblème.

-Identifiez-vous ! Ajouta la jeune femme

-Nous sommes des Adeptes. Envoyés par nos maîtres.

-Qui sont-ils ?

-Ce sont les vrais seigneurs de ce monde.

-Les Albinos ne sont les seigneurs de rien du tout ! Seul le roi Darius a été reconnu comme seigneur de ces terres par notre Déesse.

-Darius n'est pas notre roi ! Nous obéissons aux ordres des Albinos. Et nous avons ordre de rapporter votre tête.

Zark et Zohan bondirent aux côtés du prince et tirèrent leurs épées de leurs fourreaux. Lysiana banda son arc, faisant apparaître une flèche bleue électrique qu'elle pointa sur l'homme qui venait de proférer ses menaces. Homme qui la fixait de ses yeux noirs, un sourire goguenard aux lèvres. Il sortit une affiche enroulée d'une sacoche au niveau de ses genoux.

-Vous voyez de quoi je veux parler apparemment.

Il déroula le papier, découvrant le visage de Lysiana. Au-dessus de l'image s'étendaient cinq étoiles, en dessous, apparaîssait, en gros, le mot « DEAD ». Quatre exclamations étouffées trahirent l'étonnement des garçons devant l'avis de recherche.

-Croyez-vous vraiment que je vais vous laisser faire ? S’écria Lysiana.

-Nous ne vous laisseront pas la toucher ! Rajouta Gwyldann.

-Qu'est ce qu'un froussard tel que toi compte faire ? Intervint un autre des Adeptes.

Il fixa le fils du chancelier avec dédain, puis sortit une dague qu'il lança, visant son cœur. Zark la détourna de la pointe de sa lance alors que Lysiana mit l'agresseur en joue. Elle lâcha la corde et la flèche alla s'enfoncer dans le thorax de l'homme, l'électrocutant. Son hurlement, tandis que l'éclair parcourait son corps, se fit entendre dans toute la Plaine. La jeune femme ne se laissa pas distraire et fit apparaître une deuxième flèche, toute aussi bleue que la précédente, qu'elle braqua sur ceux encore debout. La frayeur les parcourut ; ils n'avaient pas été prévenus qu'ils allaient avoir à faire à une élémentariste de l'éclair. Leurs rangs se défirent sous la panique et deux d'entre eux s'enfuirent dans la Plaine. A peine eurent-ils fait quelques mètres qu'ils tombèrent face contre terre, un couteau logé entre les omoplates. Les Kô continuèrent leurs courses dans l'immensité verte.

-Aucune pitié pour ses propres hommes, observa Zohan.

Ses yeux étaient fixés sur le chef de la bande, qui se rassit convenablement après avoir lancé ses lames assassines.

-Les lâches n'ont pas leurs places dans l'armée de nos seigneurs, dit-il comme pour expliquer son geste. Allez, maintenant livrez-vous.

-Hors de question !

-Attrapez-la, ordonna-t-il à ses deux acolytes restants.

Ceux-ci hésitèrent, observèrent un instant le corps sans vie des fuyards. Puis leurs regards se fixèrent sur leur proie. Zark et Zohan se placèrent devant Lysiana alors qu'ils descendaient des Kô noirs, épées aux poings.

-Lysia, fiche le camp, souffla Zohan

-Sûrement pas !

-Prends Pulu et le prince et va jusqu'à Elendard

-Et vous laisser derrière?! Jamais Zohan ! Et tu le sais bien !

-Lysia, ils ne plaisantent pas, intervint Zark

-Moi non plus !

Ils soupirèrent, mais l'écoutèrent. Après quelques échanges de coups avec leurs adversaires, et comme ils n'étaient pas du genre à faire dans la délicatesse, ils les achèvèrent rapidement et brutalement. Mais avec plus de subtilité pour Zohan, constata Isaac. Lysiana tira sur celui qui restait, mais au moment où la pointe de sa flèche le toucha, il disparut brutalement et la flèche électrique partit se perdre dans la Plaine.

-Où est-il passé ?

Ils se rassemblèrent en cercle, dos à dos et leurs vigilances au maximum. La jeune femme, utilisant sa maîtrise de la terre, forma une zone circulaire dont elle captait la moindre trace de vie, et qu'elle étendit sur une dizaine de kilomètre. Elle créa ensuite un dôme grâce à sa maîtrise de l'air, sur la même distance et lui conférant les mêmes capacités. Après un instant de concentration, elle déclara :

-Il n'est plus ici.

-Plus du tout ? Questionna Gwyldann.

-Plus du tout.

Il soupira de soulagement en baissant sa dague. Isaac, quant à lui, gardait les yeux posés sur les cinq corps, dont le sang de quatre de ces hommes teintaient le vert de l'herbe en rouge. Après concertation, ils organisèrent une brève cérémonie pour eux, avec une prière à la déesse pour qu'elle les accueille dans son royaume. Puis ils brûlèrent les corps.

-Que faisons-nous des... Kô ?

Lysiana et Zohan se concertèrent du regard, puis l’épéiste répondit.

-Emmenons-les. Elora saura sûrement nous en dire plus sur eux.

Ils reprirent la route et arrivèrent à la rivière, dont ils longèrent la rive après une légère pause. Les Kô noirs, désorientés mais pas apeurés, les suivaient en un groupe serré. Après deux jours de trajet sans encombres, les cinq compagnons décidèrent d'une pause plus longue que les autres. Durant le repas, ils discutèrent de leur arrivée proche à Forn.

-Combien de temps mettrons-nous encore ? Demanda Isaac

-Encore un ou deux jours environ... Pas plus. Nous avançons vite.

-Quel trajet emprunterons-nous ?

-Nous continuerons de suivre la rivière jusqu'au gué de pierre, répondit Gwyldann Ensuite nous traverserons et... Lysiana ? Zohan ? Qu'est-ce que vous faites ?

Il tourna la tête vers les deux adolescents, qui scrutaient la plaine, debout de chaque côté de lui

-Lysia, souffla Zohan

-C'est Lyséa j'en suis sûre, répondit-elle

Une silhouette apparut subitement dans le lointain. Elle disparut, puis elle réapparut plus près. Alors que Gwyldann, Zark et Isaac prennaient les armes, Zohan et Lysiana l'observaient, une expression de profonde inquiétude sur le visage. Le vent leur apportait un chuchotis que seuls les deux adolescents semblaient comprendre. Lorsqu'elle apparut pour la quatrième fois, au milieu du troupeau de Kô, la silhouette se révèla être une jeune personne. Ses habits, de couleurs mauves, étaient tachés de sang, ses bras, ses jambes et son visage, couverts de plaies plus ou moins superficielles. Une entaille lui barrait une partie du front, et le sang séché partait de la racine de ses cheveux violets clairs jusqu'à ces yeux violets foncés avant de tracer une ligne jusqu'à sa tempe gauche, signe qu'elle y avait beaucoup passé la main pour ne pas en avoir dans les yeux. Elle avait dans le dos une paire d'ailes pointues mauves transparentes, mais l'une d'elles était cassée et pendait le long de sa jambe.

-Une fée ! S'exclama Gwyldann.

-Lyséa ! S'écrièrent Lysiana et Zohan en accourant à ses côtés.

-Lysiana... Zohan... Murmura la fée alors qu'ils l'allongaient au sol.

-Chut, tu parleras plus tard, souffla le garçon.

-Je vais te soigner d'abord, chuchota la demoiselle.

La petite fée ferma les yeux alors que Lysiana s'attaqua à sa blessure au front. Isaac, intrigué, se rapprocha et l'observa. Elle entoura une de ses mains d'une petite bulle d'eau, et l'autre d'une fine couche de feu. Puis elle passa sa main gauche, recouverte d'eau sur le corps de la blessée.

-Lysiana, qu'est-ce que tu fais ? Questionna Gwyldann.

-Je ne t'ai jamais vu soigner de cette façon, ajouta Zark.

Il se tenait debout prés du feu, observant son amie, mais surveillant également la plaine.

-La façon qu'ont les fées de se soigner est très protocolaire et fait appel au éléments. L’Eau lave les plaies. Le Feu les stérilise,les désinfecte et les cautérise en grande partie.

Elle répèta les gestes de sa main gauche avec la droite. Lyséa gémit faiblement lorsque les flammes s'attaquaient à ses blessures.

-Et enfin la Terre... Elle recouvre les plaies et les referme.

Illuminant ses mains de vert, signe qu'elle utilisait la magie de la Terre, elle referma chaque blessure en les posant dessus. Cela dura plus ou moins longtemps selon la taille et la profondeur de l'entaille. Près d'une heure s'était écoulée depuis le début des soins, et la fée était maintenant profondément endormie.

-Peux-tu soigner son aile ? Demanda Zohan à Lysiana.

-Les Anciens ne m'ont pas appris à le faire, murmura-t-elle. J'ai peur de faire plus de mal... Je vais attendre qu'elle se réveille pour voir quoi faire.

-On va établir un campement alors, décida Zark. Gwyl, tu viens m'aider ?

-Une seconde j'arrive, répondit le concerné. Je voulais juste savoir comment vous la connaissez.

Lysiana et Zohan se regardèrent avant d'adresser un sourire à Gwyldann.

-Lorsque nous étions petits, nous vivions à Forn. Nous passions beaucoup de temps avec elle, répondit Zohan

-Vous viviez à Forn ?

-On est né là-bas.

-Nous représentons tous un bout du continent, fit remarquer Zark. Gwyldann et le Prince viennent d'Urys, vous deux de Forn et je suis né à Asraad. Nous sommes Noventa à nous tous seuls.

-C'est bien vrai, rit Lysiana.

Un mouvement de la part de la jeune fée leur rappella l'instant présent; Lysiana retourna au chevet de sa malade alors que ses quatre compagnons commencèrent à dresser le camp. Trois jours durant, les jeunes gens durent prendre leur mal en patience, la jeune fée ne se réveillant pas, et la déplacer étant trop dangereux pour sa santé. L'élémentariste renouvellait ses soins régulièrement et passait son temps à la veiller. Le quatrième jour, en plein milieu du repas du soir, un léger vent se leva sur les cinq adolescents, rassemblés autour du feu pour manger. Lysiana et Zohan se levèrent et se précipitèrent dans la tente où se trouvait Lyséa. Ils en ressortirent quelque instants plus tard, soutenant la petite fée, et la guidant jusqu'au cercle.

Un silence pesa sur le groupe pendant quelques instants, Zark, Gwyldann et Isaac fixant la nouvelle arrivante. Celle-ci avait les yeux baissés sur la gamelle que venait de lui donner Zohan. Le prince délaissa la sienne et se pencha en avant pour l'examiner par-dessus le feu. Sans plaies, son visage à la peau pâle avait un aspect juvénile. Ses sourcils violets foncés se froncèrent et son petit nez se retroussa alors que sa bouche aux lèvres violettes pâles s'entrouvrit sur un soupir.

-Je suis végétarienne Zohan, lui rappella-t-elle. Comme tous les autres de mes congénères.

Sa voix, comme un léger souffle de vent, fit frissonner les trois adolescents. Lysiana les tira de leurs rêveries.

-Les garçons, voici Lyséa. Lyséa, je te présente Zark, Gwyl et le prince Isaac.

A l'entente du dernier nom, la fée se redressa sur ses jambes et salua le jeune homme d'une révérence.

-Votre Altesse, dit-elle avec politesse

-Juste Isaac, ce n'est pas la peine de donner du « Prince » ou « Votre Altesse », répondit celui-ci pour la énième fois depuis le début du voyage.

Il avait en effet déjà dit et répété aux quatre personnes qui l'accompagnaient que son titre ne comptait pas et qu'il souhaitait voyager en tant qu'Isaac plutôt qu'en tant que prince. Tous avaient compris et accepté son choix, mais la familiarité était dure à installer. Lyséa, pour sa part, s'y fit immédiatement. Elle contourna le feu et s'approcha du prince pour l'examiner à son tour. Ses cheveux bouclés avaient la couleur du blé mûr et lui tombaient sur la nuque en un frisotti de mèches courtes, tandis que ses yeux rappellaient à la fée les nuages de la tempête qui avait frappé son village quelques semaine auparavant, où se lisaient puissance et courage. En regardant dans son cœur, elle trouva une pointe d'ignorance sur le monde qu'Isaac désirait ardemment combler. Elle s’apprêta à continuer son inspection avec Zark et Gwyldann lorsqu'elle fut interrompue.

-Tu ne devrais pas t'autoriser ce genre d'intrusion sur des gens que tu rencontres à peine, la sermonna Lysiana en lui lançant une pomme.

-Je suis désolée, s'excusa la fée d'un sourire poli mais espiègle.

-Qu'est-ce que c'était ? Demanda Isaac, quelque peu déboussolé. J'ai senti comme... Comme une présence...

-C'était moi, expliqua Lyséa en croquant le fruit. Je me suis introduite dans votre cœur. Cela me permet de connaître vos sentiments et vos pensées et d'en apprendre plus sur vous.

-Et qu'as-tu appris ?

-Votre soif de connaissance, sourit-elle.

Puis son visage s'assombrit brusquement.

-Que s'est-il passé à Faunea ? Demanda Zohan, devinant ce qui la troublait.

-Vous les avez croisés ? Les Mercenaires ? Questionna la fée dans un murmure.

-Oui, acquiesça Lysiana. Qu'ont-ils fait ? Raconte-nous.

Le petit être mystique s'accroupit soudainement, la tête entre les mains et le front sur les genoux, poussant un gémissement plaintif et peureux.

-Ils sont apparus d'un coup au village et se sont mis à tout ravager. Le chef m'a envoyé vous chercher, mais quand je me suis envolée un des Mercenaires m'a brisé l'aile et m'a frappé jusqu'à ce que je m’évanouisse. Quand je me suis réveillée, ils étaient déjà partis.

Des images déferlèrent dans leurs esprits en même temps qu'elle parlait, d'une voix tremblante et rapide.

Assise dans une cabane spacieuse en bois, Lyséa était en pleine séance de méditation. Au moment d'entrer en phase avec son environnement, un cri retentit à l'extérieur. Lyséa sortit et rejoignit les nombreuses fées dehors. Toutes étaient tournées vers un groupe de six hommes qui, pour des fées mesurant à peine plus d'un mètre quarante, leur semblait être des géants sur leurs Kô noirs. L'un d'eux tenaient entre ses doigts le cou d'une fée aux coloris roses. Son corps frêle se débattit, puis devint de plus en plus pantelant. Ses bras pendirent le long de son corps alors que ses ailes battirent de plus en plus faiblement, jusqu'à s’arrêter. Elle tomba lourdement au sol quand l'homme la lâcha.

-Rosis ! Cria Lyséa en amorçant un geste vers son amie.

Une main lui attrappa le poignet et la retint. Elle se retourna, effrayée, et se retrouva nez à nez avec le chef de son village, Orchias, une fée aux vêtements et ailes bleu roi, mais aux cheveux et à la longue barbe blanche.

-Lyséa, il faut que tu ailles chercher Lysiana et Zohan, Ils sauront quoi faire pour les arrêter.

Elle acquiesça et se prépara à prendre son envol. Alors qu'elle s’élèvait dans les airs, ses yeux se posèrent sur une habitation en flammes et sur les corps au sol. Certains bougaient encore, d'autres plus.Un cri derrière elle l'interpella, et elle se retourna à temps pour voir un des assaillants, une énorme massue dans les mains, avec laquelle il s'apprêtait à lui fracasser le crâne. Orchias se tenait un peu plus loin, du sang sur les vêtements, et visiblement inconscient. Lyséa esquiva le coup mortel en se déportant sur la gauche. Un craquement sinistre se fit entendre alors que la douleur se répandit dans son épaule droite et dans son dos. Elle chuta. Elle comprit que la masse lui avait brisé la base de l'aile. D'autre nombreux coups s'abattirent sur elle sans lui laisser le temps d'esquiver ou de se défendre. Le silence et le noir se firent autour d'elle progressivement. Lorsqu'elle revint à elle, le lendemain, elle ne put que constater la désolation qui avait prit la place du calme du village. Beaucoup de fées étaient mortes, d'autres grièvement blessées, et les habitations pour la plupart des tas de cendres. Lysée se leva difficilement, elle demanda au vent de la guider vers Lysiana et Zohan . Un cocon se forma autour d'elle, et la poussa doucement dans la direction qu'elle désirait. Elle se força à marcher durant la journée, jusqu'à les apercevoir.

Les larmes ruissellaient sur les joues de la fée, intarissables. Lysiana s'accroupit en face d'elle et l'entoura de la chaleur rassurante et apaisante du désert. Puis elle regarda les quatre garçons tour à tour et lut une détermination nouvelle dans leurs yeux. Leurs envies n'étaient plus à la fête, et ils décidèrent d'aller se coucher, Zark prenant le premier tour de garde. S'en suivit celui de Gwyldann, puis celui d'Isaac, le prince ayant insisté pour en faire un, et enfin celui de Zohan, Lysiana étant quémander par Lyséa pour rester à ses côtés pour la nuit.

Aux premières lueurs du matin, les dernières sangles se fermèrent autour des sacs sur les selles de Kô, et les six voyageurs furent prêts à partir. Chacun monta sur son oiseau, Lysiana attrapa Lyséa par la taille et la hissa sur le sien avant de monter à son tour. Après une dernière vérification, ils lancèrent leurs montures au galop et atteignirent la lisière de la forêt de Forn à la nuit tombée. Ils dressèrent le camp à l’orée des arbres, protégés par leurs longues branches feuillues. L'obscurité les enveloppa bientôt, les plongeant dans un noir complet, seulement repoussé de quelques pas par le feu de camp qu'ils avaient allumé. Durant la journée, Zohan avait expliqué à la jeune fée que les Mercenaires avaient été tués, mais que l'un deux s'était échappé, et celle-ci avait semblé soulagée et effrayée d'apprendre les deux nouvelles, en restant cependant plus inquiète par le sort de ses semblables que par celui des hommes qui les avaient attaqués. Ce fut dans un sommeil agité qu'elle sombra, quelques instants à peine après le repas.

Le dos appuyé contre le flanc gauche de son Kô, Lysiana, prenant son tour de garde, observa tour à tour ses compagnons s'endormir. Pulu plia son long cou et posa sa tête sur les genoux de sa cavalière, qui lui caressa le haut du crâne en grattant doucement ses plumes vert pomme soyeuses. Au matin, la troupe se mit en mouvement ; guidés pas Lyséa, ils pénètrèrent dans l'immense forêt et la suivirent sur presque cinq lieues jusqu'à déboucher sur une grande clairière, qu'ils découvrirent habitée.

-Bienvenue à Faunea, présenta Lyséa. Du moins ce qu'il en reste, ajouta-t-elle avec amertume.

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