Lorsque tout le monde fut parti, et qu’il ne resta plus que Zohan, Darius et Sohma, Lysiana demanda :

-Majesté, connaissez-vous ceux que l'on nomme les Albinos ?

-Ils ont disparu il y a de cela des centaines d'années.

-Et les Hommes du Monde Oublié ?

-Pourquoi toutes ces questions ? S’impatienta le roi. Venez-en au fait !

-Très bien. Pas plus tard qu'avant-hier, Zohan et moi avons vu des Albinos. Et ils avaient accroché quelques feuilles sur le Tableau à Affiches.

Sohmas laissa échapper un hoquet effrayé, et Darius resta pensif un instant.

-Ainsi, ces bruits de cour étaient donc réels… Dit-il pour lui même. Racontez-moi cette rencontre.

Et ils firent comme exigé. Alternant la prise de parole, ils décrivirent l’affrontement entre Zohan et les Albinos, et la façon dont ils avaient disparu à la fin. Elle garda par-devers elle son incapacité à les maîtriser complètement, cependant, et son compagnon ne la contredit pas, heureusement. Lorsque qu’ils eurent terminé, elle s'approcha du trône et remit la feuille contenant le message des au roi.

-Je peux affirmer sans trop me tromper que vous êtes en danger.

Le roi parcourut le velin des yeux et encaissa le choc de la nouvelle sans rien laisser paraître. Après un instant de silence, où il sembla réfléchir longuement, il se pencha lègerement vers Sohmas qui s'inclina vers lui. A mi-voix, Darius lui donna l'ordre d'organiser la défense et de retarder le départ de son fils, le chancelier le coupa.

-Je ne pense pas que cela soit une bonne idée, Sire.

Le roi tourna vers lui des yeux où brillait la lueur furieuse d'un homme contredit devant témoins. Sohmas y resta de marbre et continua à parler. Ils tinrent conciliabule à voix basses, mais quelques brides de la conversation pavinrent à Zohan et Lysiana.

-Laissez le Prince héritier recevoir la Bénédiction de la Déesse. Il est attendu à la Source, et c'est un rendez-vous auquel il ne peux se présenter en retard, n'est-ce pas? Ces jeunes gens...

-Ils sont...

-Je sais que nous ne semblons pas rompu aux arts de la guerre, admit Zohan, les coupant et s'attirant le regard furieux du Roi. Nous pouvons sembler plus jeunes que la plupart de vos soldats. Mais comme vous l’avez constater plus tôt, Votre Majesté, Lysiana n’est pas une humaine ordinaire, et nous avons vécu auprès de Lithbeth. Et Zark a grandi dans la forteresse d’Osalys. Son père est le chef de la garde du Gourverneur Aftyr. Nous n’avons certes jamais emprunté le sentier de la guerre, mais nous avons été élevé parmi les soldats. Nous savons nous battre, et nous le ferons pour votre royaume.

Il avait empreint son discours d'un ton défférent et le ponctua d'une révérence. Sohmas leva la tête vers eux, et sourit d'un manière que la jeune femme jugea trop affable.

-Pouvez-vous attendre dehors, mes enfants ? Nous vous rappelerons dans un instant.

Dans le couloir, ils retrouvèrent leurs deux compagnons. Zark semblait absorbé par la contemplation de la tapisserie, et Gwyldann avait le nez dans un de ses éternels livres. D'un geste, Lysianna lui indiqua de rester assis, et Zohan leur expliqua la situation en quelques mots.

Quelques instants plus tard, la grande porte s'ouvrit, et le chancelier les invita à entrer dans la salle du trône. Alignés sur la moquette rouge, ils subirent en silence un examen visuel et silencieux du Roi.

-Travailleriez-vous pour moi ? Finit-il par demander, sa voix grave semblant un peu lasse.

-Nous l'avons toujours fait, s'inclina Lysiana, et les autres l'imitèrent.

-Très bien ! Dans ce cas, vous escorterez mon fils à la Source de la Déesse, comme expliqué précedemmet, et vous irez voir les gouverneurs et vous leur rendrez compte de la situation. Puis, vous reviendrez ici me faire un compte-rendu complet.

-Devons-nous emmener le prince avec nous ? Ou devons-nous faire un détour pour le ramener ?

De nouveau, le roi resta pensif. Sohma se pencha à son oreille, et y murmura quelques mots.

-Après réflexion... Emmenez-le. Voir le pays qu'il va diriger ne lui fera pas grand mal. Et voyager lui fera du bien. Je lui parlerais des changements moi-même. Vous pouvez disposer.

Après s'être inclinés, les quatre compagnons tournèrent les talons et quittèrent la salle.

-Vous ne deviez pas aider Son Altesse à préparer le voyage ? Questionna Lysiana, l'air de rien. Pourquoi attendiez-vous ici ?

-Le Prince est actuellement auprès de son maître d'arme, expliqua Gwyldann.

De son sempiternel mouvement, il remonta ses lunettes sur son nez.

-Et crois moi, ajouta-t-il, c'est douloureux de les déranger.

La demoiselle grimaça de compréhension.

-Reste au château dans ce cas. Tu expliqueras notre mode de fonctionnement au Prince, et profite-en pour passer du temps avec ton père.

Gwyldann ne se le fit pas dire deux fois, et disparut promptement après avoir salué ses amis. Les trois autres sortirent du bâtiment principal, et se séparèrent en atteignant le pont-levis. Zohan et Zark le traversèrent, et se dirigèrent vers la caserne des soldats, y rejoignant certains de leurs amis engangés dans l'armée et avec qui ils s'entraînèrent et partagèrent les nouvelles.