一 Par Nuage de Cendre, Waldo ! Applique-toi un peu ! tonna la voix forte du père de ce dernier.

一 Mais père, vous savez bien que je n'ai aucun goût pour la menuiserie ! Je veux devenir soldat au service du Roi !

一 Par tous les Dieux ! Ici, on est menuisier de père en fils ! Tu veux notre Mort avec tes histoires d'armée.

Waldo sursauta : personne ne devait parler de Mort! Son père voulait-il finir à la potence?

Waldo était un grand garçon de quatorze ans, roux, les yeux verts, il habitait une ville, Dilita, collé à la capitale, Oûl, du Pays de l'Est. Son prénom signifiait être de feu et il le portait plutôt bien car il avait un don particulier, celui de maîtriser le feu, il lui parlait, l'écoutait, dansait avec lui, le maîtrisait totalement, le feu était sous son contrôle depuis toujours.

Soudain, quelqu'un frappa à la porte de l'atelier. M. Olda alla ouvrir, une jeune fille entra, sans saluer l'homme et se planta devant lui :

一 Tu est Waldo, c'est ça ? demanda-t-elle sans détour.

一 Oui, c'est moi, répondit-il, surpris.

一 Je m'appelle Isadora, suis moi.

Sans réfléchir, le jeune homme posa ses outils et s'avança vers elle. Il ne savait pas pourquoi, mais il sentait qu'il le fallait.

一 Pour aller où ? s'interposa le père, mécontent.

La voix de la fille se fit dure.

一 On l'attend et cela ne vous regarde pas, je n'ai aucune explication à donner à quelqu'un qui évoque la Mort !

Comment le savait-elle ? Les avait-elle écoutés derrière la porte ?

Waldo l'observa avec attention, il y avait quelque chose qui n'allait pas chez elle, mais quoi?

Ils sortirent et elle le guida dans un dédale de rues jusqu'à la sortie du village, ils traversèrent une prairie et entrèrent dans une forêt que le jeune homme connaissait bien, pour y être déjà allé, en cachette, par esprit de contradiction envers son père. Se frayant un passage entre les troncs, les buissons et les flaques de boue, Waldo réfléchissait et observait, soudain, il comprit : elle portait une robe verte ! Le vert était la couleur des Dieux, se pouvait-il qu'Isadora soit... non, impossible.

Ils arrivèrent dans une clairière entourée de menhirs et, en son centre, un dolmen. Isadora grimpa sur le dolmen, prenant une attitude concentrée, leva les bras vers le ciel et cria :

一 Viens à moi ! Viens à moi ! Viens à moi !

Les menhirs se soulevèrent lentement, puis ils se métamorphosèrent. A leur place se tenaient les douze premiers Dieux. L'un d'eux, une femme à la peau noire, s'approcha.

一 Waldo, murmura-t-elle, as-tu le Don ? Peux-tu parler avec le feu ?

Sa voix semblait lointaine mais elle était douce.

一 Oui, il m'obéit. murmura-t-il, comme hypnotisé par la présence divine

L'adolescent était captivé par les entités devant lui.

Un autre dieu, lumineux, s'avança :

一 Tu as les yeux verts, Waldo. C'est signe que tu es un Élu.

一 Élu de quoi ? interrogea-t-il, perdu.

Waldo commençait à paniquer, les Dieux n'avaient plus manifesté de signe d'existence depuis plus de mille ans et voilà que cette fille les faisait apparaître et qu'ils lui parlaient de choses dont il ne comprenait rien...

Un troisième dieu, qui ressemblait à un homme normal, sans pouvoir, pas divinisé, lui souris :

一 Nous sommes prisonniers, mon garçon. Isadora a le Don de nous faire venir mais elle ne peut tenir très longtemps car cela lui demande beaucoup d'énergie. Alors soit attentif à ce que l'on va te dire.

Un dieu brun comme du bois s'avança :

一 Vous devrez trouver les autres Élus, comme vous, ils ont des Dons particuliers, ils sont douze.

Une déesse, verte, leur dit :

一 Lorsque vous serez réunis, vous devrez nous libérer, pour cela, vous aurez besoin de vos Dons respectifs...

Une femme dont les cheveux étaient multicolores et le teint aux reflets arc-en-ciel, poursuivit :

一 Ce sera très dangereux. Ce sont des Dieux Maléfiques qui nous ont entravés. Pour nous libérer, il faudra les vaincre.

Un homme et une femme, tout deux bleus, expliquèrent à l'unisson, main dans la main.

一 Pour les Dieux Maléfique trouver,

Fort des Invocateurs vous trouverez,

Grotte lugubre vous illuminerez,

Souterrain infranchissable vous franchirez,

Tour des Mirages vous grimperez,

Livre-Clef vous rapporterez,

Ensemble, arriveront les Dieux Maléfiques, de la Peur vous vous méfieriez,

Dieux Maléfique vaincus vous reviendrez,

Avec Livre-Clef vous nous libérerez.

C'était confus pour Waldo qui se contenta d'acquiescer.

Un Dieu gris, comme s'il était fait de pierre, s'approcha et déclara de sa voix rocailleuse :

一 Vous rencontrerez probablement des monstres ou des créatures mal intentionnées... Voie même les Dieux Maléfiques eux-mêmes ! Il faudra vous méfier, mais vos Dons vous sauveront.... Surtout, surveillez vos arrières.

Un homme transparent, dont seul sa tunique verte indiquait la présence, leur dit :

一 Ils seront bientôt au courant de notre démarche, si ce n'est déjà... alors soyez discrets.

En disant cela, il avait jeté un regard entendu à Isadora.

Un homme dont la tête était celle d'un renard aux yeux anormalement verts vifs ajouta :

一 Personne en dehors de vous ne doit savoir dans quel état nous sommes et même, personne ne doit rien savoir de vous, mis à par votre prénom. Le moindre pas de travers pourrait vous être fatal. Si vous deviez, à un moment ou un autre, révéler votre identité, débrouillez-vous pour que cela ne s'ébruite pas.

L'homme de lumière, au visage triste, leur dit :

一 Mon épouse, Nuit, à réussit à s'enfuir, peut-être que vous la rencontrerez, elle vous aidera.

一 En effet, remarqua Waldo, vous êtes douze et non treize !

Les Dieux acquiescèrent gravement.

Celui qui ressemblait le plus à un humain leur dit :

一 Nous vous faisons confiance.

A ces mots, les menhirs retombèrent lourdement., Waldo se retourna, Isadora était pâle et elle tremblait. Il se précipita pour la soutenir, il n'eut que le temps de la recueillir dans ses bras. Elle s'était évanouie.