Être mère

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Elle pensait à ses enfants, lovés dans leur lit, bordés, aimés, avec au cœur la hâte animale et soudaine de les sentir, de les bercer, de les voir, de s’assurer que tout n’était pas qu’un rêve et qu’ils existaient dans sa vie. Le métro arriva et elle s’y engouffra.

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Images & vous semaine #71

Lancé par Attrape rêve

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Les saisons avaient défilé. Les tongs, les boots, du 24, du 38, les hivers, les canicules, les rhumes, les écorchures, les joies, les fatigues, les fiertés, les découragements, les câlins, les bercements, les histoires, les secrets, les goûters, les retards, les inquiétudes, les salles d’attente, les devoirs, les récitals, les chagrins, les amis, les gâteaux, les bougies, les nuits blanches et sur la pointe des pieds aller veiller leur sommeil et souffler au-dessus de leurs rêves pour éloigner les nuages de leur vie.

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Être mère était comme un voyage en montgolfière, une aventure au-dessus de tous les reliefs existants, l’ascension des plus hauts sommets dans une nacelle d’incertitude, le cœur gonflé de l’air chaud de l’amour et la garde levée prête à les protéger, les soutenir, les encourager, croire en eux avant qu’eux-mêmes ne croient en l’assurance de leurs propres choix.

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Ils s’éloignaient heureux et fiers, insouciants et solidaires, loin du nid, loin d’elle. Elle ne resterait pas statufiée, l’oreille collée aux murs de leurs essais. Elle ne serait jamais loin. Elle avait abattu les murailles des doutes et les bras allaient ouverts s’ils avaient à parcourir le chemin du réconfort, celui au-delà de l’effort, qui ne demandait jamais aucune justification à l’amour qu’elle leur portait.

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De forces ancestrales et de mystérieux souffles, elle avait bâti autour d’eux des stèles d’ancrage pour qu’aucun orage n’arrache dans leur cœur le talisman d’amour qui réchauffait l’âtre de leur âme.

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Aux questions sans réponses, aux injonctions, aux pressions, elle répondait par la tendresse, comme enfants, lorsqu’elle guérissait leurs fièvres. Nulle réponse ne valait d’être donnée au vent qui bat les volets et rase les plaines.

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Finalement sortie du métro, elle marcha sur la grande rue, l’artère arborée de marronniers, vers une journée de travail, avec dans la besace le manque d'eux. Le temps avait passé. Ce week-end, seule, elle s’en irait en nature réchauffer son âtre aux rayons dorés du soleil emmêlé dans les hautes herbes.

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