Chapitre 1 ~ Descente aux enfers (2/5)

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*Alice*

— Ça va mieux ce matin ? me demanda Sophie quand je lui fis la bise.

Non, ça va pas, non.

« Hum » fut le seul son que je parvins à produire.

Une envie de hurler me prit aux tripes. De me défouler. Cette énergie négative devait être évacuée. Plus les jours défilaient, plus je m’enfonçais dans la pénombre.

Les personnes qui nous croisaient me lançaient des œillades intriguées.

Vous avez quoi à me regarder, hein, bande de con ?

Distribuer des baffes. Voilà une activité à laquelle j’avais envie de m’adonner. Observer toutes ces têtes qui me scrutaient pour vérifier que mon malheur se lisait encore dans mes yeux. Comme si nous faisions un concours de grimaces, et que j’étais la malheureuse gagnante.

Mais que dire ? Que faire ?

Je ne pouvais pas continuer de me morfondre ainsi, de faire peser mes tracas sur les épaules de mes amies. Alors, je me taisais. Je me maudissais de rester accro à lui.

Sophie me détaillait, presque comme si elle avait peur que je ne tombe dans les pommes dans les minutes qui suivent. Avec toute la force dont je disposais encore, je lui fis un sourire. En ce moment, elle avait ses propres problèmes. Je ne souhaitais pas en rajouter.

— T’as vu ton père alors ?

— Ouais. On a passé le week-end ensemble. C’était cool de se retrouver.

— Il allait bien ?

Je lui racontai les échanges que nous avions eus à propos de la maison et de sa future venue. J’omettais volontairement la partie où il s’était énervé au sujet de Mattheus. Sans que je sache pourquoi, je tenais à le protéger. Il ne le méritait pas, nous étions bien d’accord. Mais c’était plus fort que moi.

Quand je repensais à toute notre histoire, je me dis que j’aurais dû écouter Maxime et couper les ponts avec Mattheus la fois où ils nous avaient fait sa petite scène dans le hall. Dans ma bonté, je lui avais pardonné. Mais rien de tout ça ne se serait déroulé si j’avais suivi les conseils précieux de mon ami.

Quelle conne !

Pourtant, tout ce que je voulais désormais était de l’entendre me murmurer qu’il m’aimait. Comme cette soirée où il m’avait réveillé pour prendre l’air…

Pourquoi est-ce que je restais autant accrochée à lui comme ça ? Comment je pouvais rester esclave de mes putains de sentiments ?

Fais chier.

Mon regard s'était perdu dans le vide, si bien que je n’entendis pas Sophie me parler. Elle posa une main sur mon bras. Je sursautai.

— Hum… Ça va toujours pas, toi…

C’est à ce moment que Jaya nous rejoignit avec son air enjoué.

— Putain, j’ai trop de trucs à vous raconter, les filles !

C’était parti pour la séquence histoire de cul. Je n’étais pas d’humeur à écouter ses ébats du week-end. Ses histoires me déprimaient. Elle avait toujours eu le don de ne pas s’attacher à ses conquêtes. Ce que j’aurais aimé avoir ce pouvoir actuellement.

—...monde est petit, parce que Gab connaît Matt ! Ça m’a surprise, mais j’ai rien dit. Après on est parti en ville pour faire un peu de shopping et elle m’a entraîné dans la cabine d’ess...

— Quoi ? la coupai-je sans remords. T’as parlé de Matt ?

— Ouais. C’était cool d’avoir de ses nouvelles, il…

Mon Matt ?

Un sourire narquois se dessina sur ses lèvres. J’eus l’impression qu’elle se moquait de moi. Ce côté détaché pouvait parfois être agaçant. J’aurais aimé que, pour une fois, elle puisse se mettre à ma place. Qu’elle puisse ressentir ma tristesse, ou au moins la comprendre. Je voulais qu’elle soit mon roc, prête à me soutenir dans la tempête.

Malheureusement, elle n'était pas empathique comme moi, ou comme Sophie.

— Pourquoi ? T’es plus avec, non ?

— T’as le feu au cul ou quoi ? m’énervai-je. Tu perds pas une seconde !

— Euh… Au cas où tu l’aurais oublié, ma chère, Matt n’est pas vraiment mon type.

C’était vrai.

Qu’est-ce qui me prenait ?

Tout ça n’était pas sa faute. Ni la mienne. Ni celle de personne d’ailleurs. Enfin, sauf de Mattheus. Je ne pouvais pas en vouloir au monde entier. Encore moins à mes amies.

— Excuse-moi, je… je sais pas ce qui m’a pris… bafouillai-je, honteuse.

Jaya passa un bras autour de mes épaules et posa son doigt sur mon nez. Sophie m’adressa un léger sourire amusé.

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