Chapitre 6 - Archibald

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L'empêcher de regarder ! Danger ! Il faut fuir et vite. Je prends le contrôle de la situation et l'entraîne loin de cette vision d'horreur.

Je suis le protecteur, j'ai juré de prendre soin de Bastien... et des autres. J'ai profité de quelques secondes de relâchement pour prendre le contrôle. Je sens mon cœur s'accélérer à mesure que mes pas résonnent dans les couloirs puis dans la rue. Je bouscule plusieurs passants. Je crois que l'un deux a fini par terre. Je n'ai pas le temps de me retourner. Je dois le mettre hors de danger. Bastien montre quelques résistances mais je garde une prise ferme, il n'a pas le choix.

Des gouttes de sueur coulent sur mon front et viennent mouiller ma chemise. Mes pieds effleurent le sol. Bastien suit mon allure, affolé. Notre palpitant va exploser !

Pourvu qu'il maintienne le rythme.

J'ai l'impression d'entendre Cyrielle au loin pleurer.

Je secoue la tête, les gouttes coulent dans mes yeux. Ce n'est pas le moment de penser à elle. Si je mets Bastien en sécurité, elle sera aussi préservée. Ils ont assez souffert, je ne veux pas les voir pleurer à nouveau. Oswald a promis de s'occuper du reste. Je vais devoir le laisser reprendre la main sur cette affaire mais pas avant de les avoir mis en sécurité.

Mon cœur manque un battement. Je trébuche. Par réflexe, je me roule en boule. Mon dos cogne contre le mur. Je m'étale de tout mon long, ma poitrine s'élevant et s'abaissant à vive allure, la respiration sifflante. J'aperçois le ciel nuageux entre deux buildings. J'ai envie de pleurer mais je suis tout à la fois soulagé. J'ai rempli ma mission, mais penser au passé me fragilise. Je ferme les yeux et me concentre. J'écoute la rue voisine. Le bruit des pas qui résonnent sur l'asphalte. Les moteurs au ralenti à cause des embouteillages. Le rythme caractéristique de la langue nipponne.

Plus mon ouïe s'affine, plus l'affolement reflue. Je sens peu à peu la tempête s'apaiser pour laisser une mer d'huile emplir mon esprit. Bastien ne m'a pas lâché, il est à mes côtés. Comme toujours.

Je veille et veillerai encore sur lui. C'est ma mission. Ce pour quoi j'ai été créé. Je suis soulagé d'avoir respecté mon serment. Une larme roule sur le sol. Je souris. J'enlace Bastien, la chaleur de mon être l'enveloppe et le rassure. Nous restons ainsi longtemps jusqu'à ce que le rythme des voitures s'accélère. L'heure de pointe est passée. Chacun est rentré auprès des siens.

Et nous, où est notre place ? Ma gorge se serre. La vie est injuste. Une nouvelle perle roule sur ma joue. Je l'essuie d'un geste rageur. Je n'ai pas le droit de faillir. Je suis fort. Je me tapote les joues. D'un mouvement fluide je me redresse et nous reprenons notre route. Je ne sais pas encore où aller mais je sors de la petite artère où je me suis affalé pour rejoindre un boulevard. Les mains dans les poches, je lève les yeux vers les écrans qui diffusent des spots publicitaires colorés et des images de destination exotique pour faire rêver le chaland. La Tour Eiffel. Paris me manque.

Ici, nous sommes en danger, là-bas c'est le refuge, les racines. Je prends la main de Bastien, nous devons rentrer. Suki nous attend. Savoir où aller me tranquillise. Je serre les doigts de mon protégé et ensemble nous déambulons au milieu des lumières mouvantes et colorées avant de prendre le chemin de la maison.

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