Chapitre 9 - Tempérance

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Ces derniers temps, je me sens coincée. Je suis à l'étroit dans l'espace que mes proches veulent bien me laisser. Pourtant, ils me disent combien ils m'aiment et combien ma présence est importante. Apparemment, ma joie de vivre leur fait du bien, je les apaise.

Cette pensée me donne le sourire.

Je vais m'octroyer une balade bien méritée dans cette ville nipponne que j'affectionne tant. Le cocktail de modernité et de traditions propres à Tokyo me transporte.

Je n'ai que quelques stations à parcourir avant d'arriver à Akihabara, retrouver l'animation et la fantaisie propres à ce quartier. Cela fait plusieurs mois que je n'y suis pas retournée, et cela me manque.

Je me dirige vers la sortie du métro et croise une immense affiche d'une famille japonaise : la mère qui tient son fils sur un bras alors que son mari la serre par la taille. Ils ont un sourire éclatant. Cette photographie provoque un souffle de vague à l'âme dans ma poitrine. Je repense aux miens. Je les ai quittés brusquement, pleine de colère face aux tensions et aux désaccords survenus récemment. Pourquoi ne peuvent-ils chercher l'apaisement ? C'est ce qui peut nous arriver de mieux, trouver la sérénité après toutes ces épreuves. J'ai haussé le ton, comme rarement dans ma vie. Et j'ai fui.

Loin, aussi loin que je m'en suis sentie capable.

Je souhaite de tout cœur qu'ils comprennent et écoute la voix de la raison. J'emmerde ce foutu système parfois ! Cela peut s'avérer pesant et épuisant. Mais que ferais-je sans eux ? Ils sont ma joie de vivre, ma raison d'être.

Pour l'instant, je suis à bout, j'ai besoin d'une pause. Je piste les panneaux indiquant la sortie, monte l'escalier et suis accueillie par la douceur d'un soleil printanier.

Je m'offre une profonde respiration. Akihabara me tend les bras.

Je déambule un moment parmi les tokyoïtes profitant des rayons tièdes sur ma peau et d'une marche salutaire. Je me vide la tête et retrouve ma gaieté coutumière.

Je décide d'entrer dans le premier magasin de mangas qui s'offre à moi. Tiens, Hiromu Arakawa vient de sortir un nouveau manga. J'ai très envie de le dévorer mais, autant je parle presque couramment japonais, autant je suis bien incapable de lire plus de quelques kanji. Tant pis, j'attendrai mon retour en France.

Je prends soudain conscience que je n'ai aucune idée de l'heure. Je sors mon smartphone : dix-sept heures. Cela fait déjà plusieurs heures que je suis partie ! Je consulte mes messages. Tiens, Oswald a laissé une vidéo :

— Si l'un d'entre vous reprend le contrôle, laissez-moi aux commandes. J'ai trouvé une piste sérieuse, j'ai besoin de la coopération de tous. Je dois me rendre ici.

Une adresse griffonnée à la va-vite apparaît à l'écran et reste ainsi affichée.

C'est tout ce qu'il trouve à dire. Pas un mot d'excuse.

J'hésite, le téléphone toujours dans la main. Je me rends compte que j'en ai marre de penser aux autres. À mon tour de profiter quelques temps, c'est pas comme si l'enquête allait s'envoler. Allez, je fais encore quelques magasins puis je rentre l'adresse dans le GPS.

Je fais taire les doutes et les voix dans ma tête.

J'ai le droit de profiter ! Et puis, je suis sûre qu'ils seront contents de me trouver de meilleure humeur. Un magnifique sourire illumine mon visage alors que je reprends mes déambulations. Mon esprit s'allège et je retrouve ma joie de vivre.

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