Chapitre 17 - Bastien

2 minutes de lecture

Les murs souterrains défilent à toute vitesse, le métro tangue. Je sature de n'y rien comprendre, de ne plus savoir où je suis ni ce que je fais.

La dernière fois, j'étais... dans un Neko café !

D'habitude je n'ai pas autant d'amnésies en si peu de temps. Qu'est-ce qui m'arrive ? Mes mains tremblent, mes jambes deviennent du coton. Heureusement, un passager descend à la station où le métro vient de faire un arrêt, je m'effondre sur le siège.

J'ai bien conscience des anomalies de mon comportement : mes absences, mon anxiété, mon obsession pour une maison toujours propre, les vidéos que je retrouve dans mon smartphone... Surtout les vidéos... C'est moi dans tous ces enregistrements, il n'y aucun doute là-dessus. Pourtant, je n'ai aucun souvenir de m'être filmé. J'essaie toujours de ranger ces étrangetés dans les tiroirs de mon subconscient. Peut-être sont-ils en train de déborder ? Peut-être les pages s'envolent-elles pêle-mêle dans mes connexions synaptiques créant une tempête de désordre qui déstructure ma personne ? Je dois me faire trop de nœuds au cerveau. Des névroses j'en ai bien plusieurs, comme beaucoup de monde. Mais, la psychose... Non, les médecins l'auraient identifiée et soulignée dans un de leurs rapports. Ils ont bien parlé d'une tendance aux TOCs, aux bouffées d'angoisse ponctuées d'épisodes dépressifs.

Je sens le chaos prêt à dévaster ma santé mentale.

Je ferme les yeux. J'écoute les bruits. Tout est confus et emmêlé. Puis, peu à peu, chaque son se détache et joue sa propre mélodie. Des bourrasques me ramènent dans le cyclone mais je m'accroche de tout mon être à revenir chaque fois au présent, comme un homme devant le blizzard qui doit avancer un pas après l'autre, suite à une lutte de chaque instant face aux éléments.

Le temps passe.

Le calme revient lentement.

Soudain, le métro s'immobilise. Longtemps.

Je lève finalement les yeux vers l'affichage. Nous sommes arrivés au terminus. Je n'ai aucune idée d'où je me trouve mais au moins la tempête s'est muée en bise dotée encore de quelques rafales mais que je peux tout à fait affronter.

Je réalise qu'un poids me gêne à l'intérieur de ma veste. Je pose ma main dessus. Il y a quelque chose placé dessous.

Au moment où je m'apprête à faufiler mes doigts dans la poche intérieure, un homme entre et baragouine un je-ne-sais-quoi japonais accompagné de gestes. Au moins ces derniers sont clairs, je dois sortir.

Je hoche plusieurs fois la tête puis le suit docilement. Cela semble calmer son flot de paroles. Je remonte vers la lumière qui s'avère être en réalité la tombée de la nuit. L'éclairage diffère complètement du centre de Tokyo où les réverbères s'effacent sous les projecteurs des spots publicitaires. Dans ce lieu pavillonnaire, la lumière blafarde apporte un calme bienvenu. Le silence qui l'accompagne finit de m'apaiser.

J'attrape mon téléphone.

Je reste la main tendue dans le vide à regarder mon smartphone. D'un coup, me revient en mémoire la vidéo que j'ai enregistrée et qui parle de reprendre le contrôle ou de prendre les commandes. Je ne sais plus trop. Et cette histoire de coopération ?

L'ouragan revient brusquement grondant sa rage dans mon esprit.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire Valériane San Felice ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0