Chapitre 24 - Bastien - Archibald - Oswald

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J'ai tellement mal ! J'agrippe ma tête, mes doigts appuient sur mon crâne mais ne soulage en rien la pression interne. Je suis une cocotte-minute dont la soupape est restée vissée, obligée de contenir la pression qui monte crescendo. Je transpire. La chaleur augmente encore, la pression avec. Mes ongles entament le cuir chevelu.

***

— STOP !

J'halète, le souffle court. De la sueur tombe sur le sol. Je passe ma main sur mon front pour m'essuyer et une goutte rougeâtre macule le tapis. Je regarde mes mains, le dessous des ongles est carmin, on pourrait presque croire que mes doigts sont couverts d'un vieux vernis délavé.

Oswald est allé trop loin. Je sens encore Bastien pris dans un vent chaotique. J'ai mal pour lui. J'ai pris la moins pire des options en reprenant les rênes du système.

J'attrape ma veste et sors précipitamment de la chambre.

J'ai besoin d'air.

Je prends à gauche. Pourquoi pas. Je marche. Où je vais ? je n'en sais rien mais je dois vider mon corps de toutes les tensions. J'arrive devant un grand mur percé d'un portail. J'entre.

Un magnifique jardin invite à la tranquillité, les sakura en pleine floraison m'absorbe. Je m'oublie. Je fais le tour et retrouve peu à peu mon équilibre. Bastien s'efface, il en a besoin pour digérer ce qui vient de se passer. Oswald me prend la tête mais je n'en ai cure, je suis le protecteur qu'il le veuille ou non.

Je m'assois sur un banc près de l'étang et regarde une femme, à la peau marquée par les vagues des années, nourrirent des carpes Koï. L'eau m'invite à la réflexion. Comment gérer tout ça ? Bastien se souviendra-t-il ? Oswald le laissera t'il en paix ?

Le persécuteur revient à l'attaque et me secoue : Bastien doit ingérer la vérité, pour le bien de tous. Cela me fait mal de l'admettre, mais il n'a pas tort. Ses arguments font mouche. Comment alors aider mon protégé à accepter la réalité sans être brusquer ? Ou du moins pas chamboulé ainsi ?

Je regarde quelques pétales volés au gré de la brise printanière. Leurs mouvements délicats m'hypnotisent.

Hypnose...

Peut-être...

Je bondis du banc, la vieille femme sursaute. Je m'excuse en me penchant bien bas et m'enfuis en courant. J'ai lu une plaque près de l'hôtel. Arrivé devant les grandes portes du bâtiment, je bifurque sur la droite et là, à l'angle, un écriteau : HYPNOSE.

Je lève mon bras. L'abaisse. Le relève légèrement avant de le laisser tomber d'un coup. Est-ce le bon choix ? Doit-on en arriver là ? Et si cela brisait Bastien ? N'est-il pas déjà assez amoché comme ça ? Ne le sommes-nous pas tous ?

***

Putain d'Archy ! Je t'ai laissé le temps d'utiliser la manière douce, place au choix radical maintenant. J'appuie sur le bouton de l'interphone.

— Konbawa.

La voix grave et chaleureuse me met de suite à l'aise.

— Je souhaiterais un rendez-vous en urgence.

Un silence plane.

— Vous avez de la chance, je viens d'avoir un désistement. Montez, je vous ouvre. Deuxième étage, première porte à droite.

Lorsque j'arrive sur le palier, la porte est entrouverte. Je pousse doucement, une musique relaxante emplit la pièce et m'enveloppe. Je me laisserais presqu'aller à la douceur du lieu. Je m'assois sur un siège face à un grand arbre multicolore, des feutres sont mis à disposition pour continuer de teinter le feuillage aux couleurs de l'arc-en ciel. Je suis pas d'humeur. La porte sur le côté s'ouvre et un homme d'âge mûr apparaît sur le seuil.

— Merci de me recevoir.

— Suivez-moi.

Il me montre un fauteuil alors qu'il s'assoit sur un siège molletonné juste en face. Je m'assois. Il hoche de la tête.

— Je...

Putain, je suis pas doué pour ça. Allez, d'un coup !

— Je crois qu'on a un TDI.

Je le sens se raidir. Mon regard se fait plus intense. Les rôles seraient-ils en train de s'inverser ? Ah non, c'est pas le moment ! Faut qu'il m'aide à gérer Bastien.

— Vous connaissez. Je suis soulagé, vous allez pouvoir m'aider alors ?

— Êtes-vous prêt à me laisser le contrôle ? Connaissez-vous votre rôle au sein du système ?

Ça me coûte de le dire tout haut. Il me fixe. Merde ! Il me lâchera pas la grappe tant que j'aurai pas répondu. Je veux le contrôle, pour mener à bien ma mission. Suis-je prêt à le perdre ? Ai-je le choix ?

— Je... Je suis prêt. Je... Je suis le persécuteur.

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