Chapitre 30 - Oswald

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Je retourne à l'aube guetter la boutique, après tout, peut-être se présente-il en dehors des heures d'ouverture afin de rester discret.

Je feuillette le calepin chippé dans la boutique, cela fait déjà plusieurs jours qu'il n'est pas venu. Or, si j'en crois le registre il ne passe pas une semaine sans venir s'approvisionner. Une véritable addiction ! Cet enfoiré !

La journée paraît s'étirer à l'infini. Chaque fois que la petite aiguille se déplace, une force semble l'entraîner dans le sens inverse. Pourtant, le temps s'écoule, inéluctable et immuable.

Rien ne se passe.

Cette fois, je contiens mieux la bête qui veut tout saccager, je me suis préparé à une autre journée décevante et frustrante. J'enfile mes écouteurs, la musique sera mon alliée pour ne pas péter les plombs. Cette fois c'est Alestorm qui m'accompagne. Ne manque qu'une bonne pinte pour digérer le tout.

Le regard rivé au sol et les oreilles emplies de bon son, je n'aperçois pas la personne sortir de la voiture direction l'hôtel derrière moi. Je le percute de plein fouet et nous manquons partir à la renverse pour finir le cul par terre.

Je n'ai pas l'intention de reconnaître mes tords, je m'apprête donc à rendre cet inconnu responsable de ce qui vient de se passer. Mon regard quitte le sol pour remonter jusqu'à son visage. Au cours de l'ascension, je suis happé par un détail. Une pulsion de rage et de jubilation mêlées déferlent dans mon corps. Sous mes yeux, le H brodé sur la poche de la veste où a été glissé un mouchoir azur en tissu.

Je suis attiré par un mouvement sur ma gauche. Un garçon de peut-être sept ou huit ans, blond aux yeux bleu. Il dénote tout de suite au milieu de cette foule tokyoïte. Je l'observe un moment et finit par me rendre à l'évidence : il tient la main de l'élégant homme d'affaires nippon au H brodé.

L'atroce douleur qui explose dans mon crâne empêche la moindre pensée de former un tout cohérent. Des flashs explosent dans mon esprit : un petit garçon blond aux yeux clairs entièrement nu, une main baladeuse qui remonte sur ma cuisse, une odeur de whisky,...

Mes mains se tendent, repliés telles des serres, en direction de l'homme qui me fait face. Je n'ai qu'une envie : agripper son cou et serrer de toutes mes forces pour le contempler se tordre de panique face au manque d'air puis finir par giser raide mort à mes pieds. Contre toute attente alors que je suis si prêt du but, l'image de l'enfant s'impose à moi.

Mes bras s'arrêtent, suspendus en l'air.

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