Chapitre 32 - Oswald

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Je sens quelque chose de chaud et humide sur mes lèvres. J'ouvre les yeux et me retrouvent nez à nez avec quelqu'un. Je recule brusquement. Il a l'air surpris, moi agacé. Je suis à poil, face à un inconnu, je ne sais trop où. Un coup de Tempérance ! Elle aurait pas pu trouver un autre moyen de faire baisser la pression du système ?!

Je cherche mes vêtements, m'habille aussi vite que je peux. Le mec tente une nouvelle approche, essaie le dialogue. Pas d'humeur à faire des efforts.

Tout juste vêtu, je me casse sans un mot. Je reconnais tout de suite le couloir. Au moins, je ne vais pas passer des heures à retrouver mon chemin, c'est déjà ça. Je me dépêche de m'enfermer dans ma chambre avant que l'autre guignol ne tente de me rattraper, on ne sait jamais.

J'ouvre le mini-bar, attrape une canette de bière et me pose sur la chaise près de la fenêtre en dégustant ce liquide qui rafraîchit mon corps et mon esprit. Enfin, essaie du moins.

Je le tenais, putain !

Ma main se resserre d'un coup sur la canette. En réponse, cette dernière fait gicler une bonne rasade de brune sur mes mains et mon T-shirt. Une effluve houblonnée chatouille mes narines. Je suis trop enragé pour y prêter attention. Jonas a foutu un sacré bordel ! Comment je vais le retrouver maintenant ? J'avais qu'un pas à faire pour lui casser la gueule.

Nouvelle giclée de bière. Je balance le récipient dans la poubelle provoquant un jet de liquide ambré tout le long du trajet de mon projectile improvisé.

Cette fois, Jonas va m'entendre. Je vais lui provoquer une telle peur bleue qu'il va se terrer quelque part et nous foutre la paix ! Je sens une odeur de peur dans un recoin du système. Il a bien raison, le bougre !

Au moment où je m'apprête à cogner ma tête contre le mur, j'entends les sanglots de Cyrielle. Cet instant d'hésitation amène avec lui une image qui s'affiche en grand devant mes yeux : le garçon blond aux yeux bleus.

Je laisse mon front reposer sur la paroi. Non, je n'aurai pas pu, pas devant le gamin. Je n'arrive pas à détacher mes pensées de cet enfant. La ressemblance est trop frappante ! J'ai beau avoir le rôle du caïd, ce remou émotionnel est difficile à encaisser.

Plusieurs alters se mettent à prendre la parole en même temps, l'émotion est vive pour nous tous. Chacun se coupe la parole. Certains crient pour se faire entendre. J'ai l'impression d'être au crépuscule, au moment où les étourneaux se regroupent dans les arbres. On s'entend à peine penser. Ma tête va exploser !

D'un pas mal assuré, j'attrape ma valise, déchire la couture du fond et retire un petit flacon. Mon dernier recours en cas de crise. J'avale plus de gouttes que nécessaire mais cette cacophonie doit cesser avant que je ne devienne complètement dingue. Peu à peu, la CBD coule dans mes veines, je me détends malgré moi juste assez pour amener un peu de sérénité dans le système.

Une voix domine alors les autres :

— Il faut le sauver !

Évidemment, le protecteur...

Je ne peux m'empêcher de lui balancer :

— T'es protecteur du système, pas de la planète !

— Arrête tes conneries Oswald ! Il est nous, je sens que tu le vis, toi aussi. On a été à sa place et parce qu'on a fui, ce H a trouvé une nouvelle victime. Un autre blond aux yeux bleus. On peut pas laisser ce gamin payer pour nous.

— C'est pas notre faute, c'est cette société qui est pourrie ! L'Etat qui ne protège pas ses enfants !

— Alors tu vas le laisser là ? Dans cet enfer ?

— Oswal, tu peux pas. C'est trop triste, je veux pas qu'on lui fasse du mal ! s'affole Cyrielle.

— Et merde, tu fais chier Archy !

—Peut-être, mais tu sais qu'on a raison.

— Oswald, tu vas l'aider, dis ? S'il te plaît ? supplie la fillette.

Comment lui dire non ? Comment laisser un autre subir cette damnation ? Voilà l'explication de mon hésitation. Ça me rend dingue de l'admettre mais Archy a raison.

Je prends mes écouteurs, de quoi m'occuper pendant que je ferai le pied de grue et je file direction le métro. Je sens un soulagement flotté dans le système et je crois, en moi aussi. Je ne suis pas un monstre.

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