Harold ajoute la touche finale à sa tenue : un mouchoir de soie offert par sa tendre fleur afin de penser à elle lors de cette soirée. Un sourire se dessine sur son visage alors que ses doigts glissent le tissu dans la poche de son veston. Un coup de klaxon.

Il est l'heure, tous les invités doivent converger vers la propriété. Harold sait combien ces évènements sont difficiles à organiser. Des années de patience, un travail acharné et précis, presque chirurgical. Mais le résultat vaut tous les efforts fournis.

Dommage que cette soirée survienne le jour où il aurait dû retrouver Suzanne. Elle lui est plus acquise qu'il ne l'aurait cru. Il se serait fait un plaisir de l'initier. Ce n'est que partie remise.

Aucune hésitation dans son esprit. Il sera de la partie ce soir. Un tel dîner ne se refuse pas, d'autant que son joyau sera présent. Il a fallu une quête et un travail des plus rigoureux pour obtenir ce bijou, à la hauteur du précédent. Ses poings se crispent et un masque sombre recouvre ses traits en pensant aux ratés qui ont précédé la disparition de son joyau, une quinzaine d'années plus tôt. Jamais il n'a retrouvé un tel éclat bleuté depuis, excepté ces dernières semaines. Enfin cette jouissance retrouvé face à la perfection de ses traits. Il en salive d'avance.

Arrivée devant un porche étroit encadré de hautes murailles, la voiture d'Harold s'immobilise. Le passager descend et se dirige d'un pas assuré sur l'allée bordée de jardins japonais des plus raffinés. Harold n'y prête aucune attention, ses pensées toutes dirigées vers le repas qui l'attend. Dans le hall, il croise quelques habitués, échangent quelques politesses. La tension et l'excitation sont palpables.

Les invités sont guidés vers les sous-sol dans une immense pièce cosy, aux recoins baignés d'une lumière feutrée, des effluves d'alcool et d'encens émoustillent les sens. Harold s'installe dans un épais fauteuil de cuir, ses doigts pianotent sur l'accoudoir. Un serviteur lui propose un verre de whisky japonais qu'il dépose sur une table basse devant lui. Malgré la finesse du breuvage, seul une saveur fade envahit sa bouche. L'impatience de ce repas tant attendu l'empêche de savourer cette mise en bouche.

Enfin l'annonce est donnée. Le palpitant d'Harold s'accélère. Les battants s'ouvrent en grand et un groupe d'enfants encadrés de deux adultes pénètrent dans la pièce. Quelques mots claquent dans l'air : "Que la fête commence !".

Le regard des bambins change et se fait séducteur. Harold l'aperçoit aussitôt, ce jeune garçon d'à peine sept ans, aux yeux topaze. Promesse d'extase. Sa langue vient humidifier ses lèvres alors qu'il s'avance vers son joyau. Son entrejambe reflète déjà l'envie puissante des délices à venir.

Ce soir, il va déguster chaque bouchée.

D'un signe de la main, il invite l'enfant à le rejoindre. Ce dernier s'avance avec lenteur. Harold en a l'eau à la bouche. Il s'agenouille et l'enfant effleure ses lèvres puis glisse sa langue contre la sienne.

Conditionnement parfaitement maîtrisé, ce soir sera orgie.