Chapitre 35 - Oswald

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J'ai du mal à me réveiller. Je ne serais pas étonné que l'un d'entre nous se soit enfilé un truc chimique pour planer, histoire d'oublier toute cette merde.

Après deux tasses de café dégueulasse (c'est bien un truc où les japonais restent assez mauvais), je pars direction la villa de H. J'espère trouvé l'inspiration sur place pour voir comment retrouver le gamin. Je passe ma journée à observer les allées et venues, peu nombreux : un véhicule aux vitres teintées, deux voitures du personnel de maison et un coursier. Ce dernier laisse l'entrée grande ouverte le temps de déposer son pli et je vois ma cible esquisser un sourire carnassier en parcourant des yeux le document décacheté.

Et si c'était une invitation pour ces soirées immondes ? Je pourrai... retrouver le mioche.

J'ai très envie d'aller voir, mais je finirai simplement par être reconduit à mon point de départ par les deux armoires à glace de chaque côté du bâtiment, avec le risque d'être reconnu. Je suis encore en train d'hésiter quand la sonnerie de mon téléphone retentit. Le hasard a fait le choix pour moi, c'est ma voisine, je décroche.

— Bonjour Yvette.

— Bonjour, mon garçon. Désolée de te déranger. Je voulais savoir si tu avais du nouveau. Ça ne me dérange absolument pas de m'occuper de Suki mais je suis inquiète de ne pas avoir de tes nouvelles. J'ai croisé une de tes collègues dans l'escalier qui se demandait pourquoi tu ne communiquais toujours aucune information sur la reprise de ton activité. Je sais que tu es ton propre patron, mais dans l'artistique, les places sont chères, ce serait dommage de la perdre. Excuse-moi je ne devrais pas te faire la morale ainsi...

—Tu as raison Yvette, j'ai eu quelques complications administratives qui me coincent à l'autre bout du monde. J'espère voir le bout du tunnel d'ici quelques jours mais j'aurai dû te donner des nouvelles. S'inquiéter, à ton âge, c'est mauvais pour le foie.

— Il faut bien que quelqu'un s'occupe de toi, mon garçon.

Je souris malgré moi. Pour nous tous, elle est le rayon de soleil. Yvette croit toujours nous être redevable mais elle ne se rend pas compte de tout ce qu'on lui doit. Elle nous a aidé à garder le cap dans les moments difficiles, grâce à sa gentillesse. Je crois qu'elle est une sorte de marraine ou de tante pour le système, même si je n'en ai jamais connue.

— Merci YVette. Je te rappelle dans trois jours, on m'a demandé de passé à l'ambassade. Comment va Suki ?

— Elle dort sur ton lit depuis quelques jours mais elle se porte bien. Je me demande si elle n'a pas un peu grossi. Il va falloir que je surveille davantage ce que je lui donne à manger. Ah, on sonne. Ce doit être Lucienne, elle vient faire un Scrabble. je te laisse mon garçon. Ça m'a fait plaisir de t'entendre.

— Moi aussi, cela m'a fait plaisir de t'avoir, Yvette.

Je me sens un peu plus léger, à peine ai-je raccroché. Cela ne dure pas face au portail fermé qui me fait de nouveau face. Si j'avais l'occasion, je l'ai perdue. Je décide de continuer à guetter jusqu'à la tombée de la nuit. Au cas où le coup de chance se présenterait. Bien que je n'ai aucune idée de la forme que pourrait prendre cette opportunité.

La chance est enfin avec moi, peu après l'heure du thé, un européen blond aux yeux clairs passent le portail en tenu de serveur. La voilà , l'occasion ! Reste à chiper une de ces tenues pour m'introduire dans la maison et fouiner un peu partout en quête d'indices.

En attendant, je ne vois pas ce que je pourrais apprendre de plus, et mes muscles endoloris me rappellent la nécessité de prendre soin de notre corps.

Lorsque je m'éloigne pour faire une partie du chemin à pieds, Cyrielle se fait pressante. Cela fait trop longtemps qu'elle n'a pas pris le contrôle et elle veut pouvoir ressentir tout ce qui se passe à l'extérieur. Je le lui concède à condition qu'elle me laisse la guider jusqu'à l'hôtel. Si elle dévie trop du parcours, je reprends les renes.

C'est côte à côte que nous rejoignons l'hôtel. Elle, joyeuse de sentir l'air sur sa peau, d'entendre les sons de la rue nipponne. Moi, heureux de la sentir en joie, insouciante et légère.

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