Célèbre créateur touche à tout, Tom rencontra pour la première fois Valentin lors d’une visite chez l’une de ses très chères amies, Ann Sherman directrice dans une des plus grandes maison d’édition new yorkaise.

Divorcée très tôt de son mari, la mère de Valentin avait retrouvé depuis peu son fils, car c'était son père qui en avait eu la garde. Pour cette femme très indépendante, la cohabitation avec son fils était une épreuve dont elle se serait bien passée.

Valentin étudiait la littérature. Il était beau, très beau même. Ce fut cette beauté intemporelle qui marqua Tom l’esthète dès qu’il le vit pour la première fois. Il lui était apparu comme échappé d’un rêve : un long corps mince, un teint d’albâtre, des cheveux mi-long blond foncé ébouriffés, de grand yeux turquoises balayés par de long cils, un nez de statue antique et une bouche sublime avec des lèvres charnues comme des fruits murs.

Le jeune homme avait salué timidement l’ami de sa mère puis, s’était dirigé vers la bibliothèque d’une démarche souple et sensuelle.

Intrigué par le personnage, Tom avait profité plus tard d’une absence momentanée d’Ann pour s’aventurer dans la pièce où il avait vu disparaître le garçon.

Le bel Apollon était là, alangui sur l’un des fauteuil club en cuir de la bibliothèque, un Ipad mini entre les mains. Le créateur songea qu’il était probablement en train d’échanger sur les réseaux sociaux avec ses amis.

- Vous racontez à vos followers combien les amis de votre mère sont ennuyeux ?

Valentin sourit. Il tourna sa tablette vers Tom qui constata qu’il lisait, en fait, une version numérisée d’ « A la recherche du temps perdu » de Proust en version originale française.

- Très impressionnant ! Je ne pensais pas que ce genre de littérature intéressait encore les jeunes gens. C’est pour la fac, je suppose ? ironisa-t-il un brun provocateur.

- Non, pour le plaisir. Lui rétorqua-t-il en le fixant avec un regard à faire succomber un saint.

C’était la première fois qu’il entendait vraiment sa voix. Elle était douce et chaude. Il en fut tout transporté.

De retour dans le salon, Ann chercha Tom et le trouva finalement dans la bibliothèque. Constatant la gêne de ce dernier, comme un gamin pris la main dans un pot de confiture, elle fixa son fils avec une pointe de réprobation dans le regard. Elle prit aussitôt le bras de son invité et s’éloigna avec lui en minaudant.

Quelques instants plus tard, elle appela le jeune homme lorsque Tom prit congés. Ce dernier était ravi de sa visite et il invita la mère et le fils au vernissage de sa prochaine exposition photo. Bien qu’il adorait Ann, son esprit, sa classe infinie, il espérait surtout revoir le très beau et sexy Valentin.