La présentation

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    Quelques temps plus tard, Tom, qui sortait fréquemment seul pour rendre visite à ses nombreux amis, décida qu’il était grand temps de présenter son jeune amant à son entourage.

    - Tu veux m’exhiber ? Très bien. Lui lança Valentin d’un air mystérieux.


    Tom organisa donc un diner où il invita ses meilleurs amis excepté Ann. Mais, passé vingt et une heure, alors que tout le monde était déjà là à siroter l’apéritif au champagne rosé, Valentin n’était toujours pas là.


    Tom bouillait en se remémorant les paroles d’Ann. Mais, le jeune homme apparut enfin. Seulement, il arborait une tenue négligée, sa chevelure dorée était coiffée en pétard, des lunettes noires trônaient sur son adorable nez et il semblait déjà un peu éméché. Tom se leva d’un bond, se dirigea vers lui et l’entraîna immédiatement dans la salle de bain. 

   - Valentin, mais qu’est-ce que tu as fait à tes cheveux ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Tu veux m’humilier, c’est ça ? 

    Puis, il poussa le jeune effronté tout habillé sous une douche froide. Dans la foulée, il quitta la pièce puis, revint peu après avec des vêtements plus adaptés à la situation.

   - Voilà et dépêche-toi de nous rejoindre ! 

    Valentin réapparut quelques minutes plus tard. Il semblait avoir quelque peu dessoulé mais, cachait toujours ses admirables yeux turquoises derrière des Ray Ban noires. Tom soupira mais, tentant de faire bonne figure devant ses amis, il présenta tout de même Valentin à l’ensemble des convives. 

    Il y avait là , le meilleur ami de Tom le célèbre peintre Thomas Pickett qui était accompagné de son jeune compagnon le sculptural danseur Miles.  Il y avait aussi Max le designer des stars qui était venu avec son assistant le jeune et blondinet hipster Bradley.  Tom lui présenta aussi son ami William, un écrivain de renom, dont il connaissait très bien l’oeuvre. Il reconnut, par ailleurs, son psy, Simon qui le fixait avec compassion. A cette occasion, ce dernier lui présenta son compagnon Keith un philosophe célèbre.  

    A la fin du tour de table, Valentin salua les invités d’une révérence toute théâtrale.  Puis, avant de s’asseoir, il baissa brusquement son pantalon découvrant ses jolies fesses rebondies et son sexe non moins charmant.

    - Je crois que cette fois ci les présentations sont terminées. 

    Cette nouvelle provocation mit Tom hors de lui. Elle choqua (faussement) la majorité des convives en dehors de William qui lui était plié de rire. Tom, outré, ordonna à son jeune amant de sortir de  la pièce. 

    Valentin obtempéra puis, après avoir attrapé son blouson, quitta l’appartement en claquant la porte.  

    Dans la confusion qui s’en suivit, William se leva et abandonna les lieux à son tour. Il retrouva peu après le jeune homme qui fumait une cigarette en bas l’immeuble.

    - Alors, le spectacle vous a plu ? lui demanda ce dernier.

     - Beaucoup ! fit-il en souriant

     - A la bonne heure !

     - Et si on allait fêter ça en se bourrant la gueule ailleurs.

     - Je ne peux pas, je n’ai pas 21 ans. 

     - Je n’ai jamais vu que cela arrêtait un jeune ça. Tous les jeunes boivent avec une fausse carte !

     - Oui, j’en ai bien une mais, avec cette coupe de cheveux là, j’ai l’air d’avoir quinze ans !

    William fixa le jeune homme qui avait maintenant retiré ses lunettes découvrant ses sublimes yeux clairs. Curieusement, il semblait tout à coup parfaitement sobre. Et l’écrivain songea que le bel éphèbe était aussi un sacré comédien.

    - J’ai de quoi boire chez moi. Si tu veux ?

    Valentin hésita un instant en observant l’écrivain. L’homme, la quarantaine bien sonnée, était grand, mince et l’œil vert émeraude pétillant. Il portait les cheveux longs avec une barbe grisonnante. On l’aurait dit sorti tout droit d’un western du type de la série « Hell on Weels ». Valentin trouva d’ailleurs qu’il ressemblait à s’y méprendre à l’acteur Anson Mount. Au final, il décida de le suivre en songeant que cela pourrait faire enrager encore plus son amant.

    Les deux hommes s’engouffrèrent dans un taxi et ils restèrent silencieux en attendant d’atteindre la demeure de l’écrivain.

    William habitait un loft à Greenwich Village. Le local industriel immense avait été réaménagé avec soin. Il avait été découpé en plusieurs sous ensembles séparés par des cloisons amovibles. 

    Valentin siffla d’admiration en apercevant les œuvres d’art exposées un peu partout : 

    - Ça paie la révolte contre le système !

    William ne releva pas la perfidie de la remarque et alla plutôt récupérer deux verres ainsi qu’une bonne bouteille de Bourbon. Puis, il mena son invité vers un large salon encombré de livres. Il l’invita à s’asseoir puis lui tendit un verre. 

    - Tiens. Avec ça tu pourras vraiment avoir l’air saoul !

    Valentin lui sourit. Le type n’était pas dupe de la comédie qu’il avait joué chez Tom. Soudain, il se rembrunit. 

    - Tu crois qu’il va m’en vouloir ?

     - A mort. Tom est très orgueilleux.

     - Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça… Je ne voulais pas avoir l’air d’un joli petit  singe savant devant ses amis mais, plutôt d’une petite pute en solde qu’il aurait ramassé sur un trottoir. 

     - Crois-moi, même habillé comme tu l’étais, tu ne ressemblais EN RIEN  à une pute en solde. Et, je m’y connais, tu sais. Tu avais juste l’air d’un pauvre petit gosse de riche en pleine crise d’adolescence. 

     - Mince. J’ai tout raté alors. Il va me haïr jusqu’à la fin des temps. 

     - Ne t’inquiète pas. J’essaierai de t’arranger le coup. 

    Après avoir avalé plusieurs verres tout en discourant brillamment sur les passages les plus provocants des livres de William, le jeune homme s’endormit dans son canapé. Le contemplant attentivement dans son sommeil, l’écrivain constata qu’il avait l’air effectivement d’un très jeune homme même s’il était incroyablement sexy. Il se faisait l’effet d’être un vieux pervers libidineux. 

    Il profita de ce moment de calme pour appeler Tom. Il se doutait que ce dernier ne dormait pas.

    - Il est chez moi.  

     - Qu’il y reste ! Je lui ferai livrer ses affaires !

     - Calme-toi. Il faut le comprendre. Il n’a probablement toujours connu que la haine. Haine de son père, haine de sa mère, haine de ce qu’il est.  Comment veux-tu qu’il réagisse face à un trop plein d’amour ?

     - Tu fais psy à tes moments perdus toi ?

     - Non ça c’est le boulot de Simon. Moi, je suis juste un observateur de la condition humaine. Et là, je vois un jeune homme en souffrance. 

    - Je ne me sens pas capable d’assumer ça William. J’ai trop de choses à penser. Trop de souffrances à gérer moi-même.

    - Si ce gamin compte vraiment pour toi, tu y arriveras.

    Tom était très en colère mais, William était persuadé que ses paroles pourraient infuser et que son ami reviendrait sur sa décision de rompre avec Valentin.


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