V

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De retour dans le bureau d’Andrew, après avoir punaisé au tableau en liège les différents clichés des victimes, le capitaine accola à chacun le nom de la ville où les jeunes femmes vivaient. À l’aide de punaises, Dylan reporta ensuite les lieux sur la carte toujours placardée au mur ; rien qu’entre ces cinq-là, la distance était énorme : l’assassin avait parcouru des milliers de kilomètres pour les trouver.

Dylan allait ouvrir la bouche lorsque le fax s’anima derrière elle. Elle parcourut la distance qui la séparait de la machine avant de saisir les feuilles qui en sortaient.

— On a deux autres noms, Drew : Marina Cazan et Gwendoline Perret. Même tranche d’âge, même corpulence. Et selon la note de Bastian, il manque les oreilles de Gwendoline et le nez de Marina.

— Ton hypothèse se confirme… lança Drew en la rejoignant.

— Ce qui me rassure, lâcha-t-elle en mimant les guillemets avec ses doigts, c’est qu’il doit en avoir terminé.

Andrew se tourna vers elle, une lueur d’incompréhension dans le regard.

— Nous avons 22 victimes, il faut espérer qu’il a récupéré tout ce dont il avait besoin pour recréer celle qu’il voulait… De plus, sans vouloir m’avancer, je dirais que le dernier corps qu’il a abandonné semblait être là depuis déjà un bon moment.

— Même en comptant large, il en a bien plus qu’il lui en fallait.

— Il y a sans doute commis quelques erreurs ; une couleur de peau qui ne convenait pas totalement, une forme qui n’était pas tout à fait celle qu’il recherchait, et peut-être a-t-il aussi raté quelques prélèvements… Bastian l’a dit, c’est un boucher ; il a très bien pu faire quelques essais infructueux avant d’acquérir le coup de main.

Andrew hocha la tête.

— Tu as sûrement raison.

Puis il soupira avant de saisir son paquet de cigarettes ainsi que son zippo dans la poche droite de son jean.

Il inspira avec délice la première bouffée puis le téléphone sonna derrière lui.

Coinçant sa clope à la commissure de ses lèvres, il répondit à l’appel.

Après avoir émis quelques sons inarticulés, il raccrocha puis se tourna vers Dylan.

— Ils ont retrouvé un sac de jute ouvert contenant des morceaux de cadavres, un peu plus loin sur la voie. Ils ont tout posé chez Bastian. Il nous attend.

~oOo~

— C’est notre assassin qui a abandonné les morceaux qui ne lui fallait pas ? questionna Dylan en pénétrant dans la morgue.

— Il semblerait, souffla Bastian.

Puis il s’interrompit avant de poursuivre, les bras enfoncés jusqu’au coude dans le contenant maronnasse :

— Il a doublé le sac avec un sac poubelle… au fond, c’est un vrai bouillon de culture…

Dylan, qui sentait la bile lui remonter le long de l’œsophage, s’excusa avant de quitter précipitamment la pièce.

Les trois jeunes gens échangèrent un regard puis Bastian se tourna vers Andrew et demanda :

— Tu sais ce qui lui arrive à Dylan ? Depuis son retour, elle n’a pas l’air dans son assiette.

— Je l’ai remarqué également, mais elle ne dit rien.

— Tu sais si elle continue à aller voir le psy ?

— Non, mais j’en doute. Si ça continue, j’essaierai de la persuader d’aller passer des examens.

Le légiste esquissa un léger sourire.

— Je ne connais pas plus têtu qu’elle. Si elle ne veut pas, tu auras beau faire des pieds et des mains, elle n’en fera quand même qu’à sa tête, ou alors, elle te dira ce que tu veux entendre pour que tu lui fiches la paix.

Andrew émit un léger rire nerveux.

— Pour en revenir à notre affaire, je disais donc que c’était un véritable bouillon de culture là-dedans, reprit Bastian. De plus, les rats se sont régalés ; ils ont grignoté tout ce qu’ils ont pu. Il se pourrait donc que certains morceaux manquent à l’appel.

— Je sais que tu feras au mieux, je ne m’en fais pas pour ça, lança Drew.

— Je vous tiens au courant dès que j’en sais plus.

Le capitaine remercia le légiste, esquissa un léger mouvement de tête vers Haiko puis quitta le sous-sol.

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