Chapitre 9

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Je suis réveillée par une sonnerie.
« Nooooonnnnn !!!!!!»
Je ne sais plus où je suis. J’ai la bouche totalement desséchée et une terrible gueule de bois. J’ouvre un œil, je réalise que je suis encore toute habillée. Mon ventre tremble, je comprends que je me suis endormie sur mon sac et que c’est mon téléphone qui vibre à l’intérieur

Péniblement je regarde l’heure 9h15, je n’ai pas envie de répondre « oh là là je suis encore totalement ivre ». Je trouve mon téléphone et je vois que c’est mon mari, ma conscience maternelle reprend vite le dessus. Il doit y avoir problème, Nicolas ne m’appelle jamais quand il garde les enfants.

- Allo ? dis-je d’une voix caverneuse
- Maman ? C’est ma fille
- Oui mon cœur
- Ca va maman tu as une drôle de voix ?
- C’est juste que je dormais, tu m’as réveillée, que se passe-t-il ?
- Il se passe que PAPA ne veut pas nous laisser regarder un dessin animé ce matin
et MOI je VEUX EN REGARDER UN MAINTENANT !!!!!!

Mon dieu, sa voix est si aiguë et si forte qu’elle augmente immédiatement ma migraine carabinée. J’éloigne le téléphone, j’entends la voix de mon fils qui répète derrière.
- Moi aussi, j’veux regarder un dessin animé
- Maman s’il te plait dis ouiiiiiiiiiiiiii !!!!! Je soupire et réussi à articuler calmement

- Chérie papa a raison, il est trop tôt pour regarder un dessin animé.

J’aperçois à travers les rideaux les rayons de soleil

- Il faut beau, vous pourriez peut-être en profiter pour sortir jouer dehors ?
- NOOOOOONNNNNNN, PAPPPAAAAA , maman ne veut pas que nous regardions
un dessin animé.
J’entends Nicolas arriver. Il prend le téléphone

- Désolé je n’avais pas vu que Romy avait prit mon téléphone
- Ce n’est rien.
Il marque un temps d’arrêt avant de répondre
- T’as fait la fête toi hier, je reconnais cette voix de fumeuse
- Non répondis-je trop vite
- Pas besoin de le nier, je l’entends. Tu as bien raison, il était temps
Bon je ramène les enfants ce soir à 18h
- OK
- Cuve bien. A ce soir, bye
- Bye
Je raccroche furieuse « Non mais, pour qui se prend-t-il ? Tu as bien raison quelle suffisance, c’est facile à dire, quand on s’est barré avec une autre nana, et puis ce ton rrggghhhh »

Je me souviens vaguement que je suis rentrée chez moi vers 6h du matin, j’ai vraiment besoin de dormir, je me sens nauséeuse.

Je me lève pour aller boire un grand verre d’eau, en profite pour prendre un Doliprane, puis, je me déshabille totalement et me glisse à nouveau dans mes draps. Une pensée fulgurante traverse mon esprit. Je me revois dans les bras de Grégoire hier matin, je fais un effort surhumain pour ne pas laisser mon esprit vagabonder.

« Ah, pourquoi ai-je bu autant ? ».


Je me remémore la soirée, je me vois danser sur « Tomber pour la France » de Daho et chanter à tue-tête sur « antisocial » de Trust

Je change de position et je ressens une vive douleur dans la jambe, je regarde, j’ai un énorme bleu, je me souviens que nous avons fini la soirée chez Florence et que je suis tombée cette fois, pas pour la France mais dans les escaliers en repartant.

Malgré cette énorme gueule de bois, c’était une sacrée bonne soirée. Je me suis amusée, cela faisait longtemps.

J’ai également fait la connaissance de sa nouvelle petite-amie Ange. Florence a eu le temps de me raconter tous les détails de leur rencontre et de me préciser que cette fille était un ange le jour mais un véritable démon la nuit

Je fini par me rendormir sur cette pensée. A mon réveil, je me sens nettement mieux.


Je prends une longue douche, je palpe à nouveau mon sein, la grosseur est encore là. J’enfile un jean, une chemise noire avec des petites étoiles blanches, une paire de boots, et décide d’aller faire les courses pour prendre l’air.

C’est un avantage certain de vivre dans ce quartier, les magasins sont ouverts tout le temps.

Une fois dans ma cour, je rencontre Stella ma voisine. Je suis aimable avec elle, car mes enfants jouent avec les siens mais je ne l’aime pas et je garde mes distances. C’est une maman célibataire. Elle a 3 enfants de 3 pères différents. C’est une femme qui aime séduire. Elle ne peut pas s’en empêcher. Elle drague ouvertement tous les hommes. Elle ne fait pas dans la subtilité.
Je l’ai croisée à plusieurs reprises lors de fêtes chez des voisins. Elle a toujours dragué Nicolas ou Paul.
Elle porte un legging blanc avec une blouse transparente noire, une fausse ceinture chanel en or, des chaussures à talon d’environs 7 cm.

- Salut Constance, ça va toi ? tu as l’air crevée ?
- Un peu, je suis rentrée très tôt ce matin, grosse fête.
- Ah veinarde, la vie de célibataire ça a du bon parfois non ? vas y mollo quand même tu n’as plus 20 ans.

« rgghht, toujours aussi sympa» me dis-je, mais, je reste courtoise.

- Oui, c’est vrai. Bon je vais faire quelques courses et me vais me recoucher après
- Au fait, tu as fait la connaissance du remplaçant du docteur Martin ?

Sa question me déstabilise. Soudain, je deviens parano, je me demande si elle a vu Grégoire rentrer ou sortir de mon appartement

- Oui, je l’ai rencontrée justement vendredi soir.
- Et tu l’as trouvé comment ?
- Bien, pourquoi ?
- Moi aussi super bien. Je suis allée le voir pour Swan, il est très compétent avec les
enfants. Tu savais qu’il avait fait une partie de son internat à Trousseau ?
- Non
- En plus il a 3 filles, donc les enfants n’ont pas de secrets pour lui.
- Je ne savais pas.
- Oui, j’avoue que j’ai posée pas mal de questions, car pour être honnête, je l’ai
trouvé pas mal... ca nous change d’Alain.

«Bingo. » je le savais. Je deviens rouge pivoine, je réussi à répondre d’une façon détachée.

- Je n’ai pas vraiment fait attention. Le plus important c’est qu’il soit compétent, le

reste on s’en fout.

Pourtant, si elle savait. Elle continue sur sa lancée.

- COMMENT ??? Tu n’as pas fait attention, enfin Constance « wake up » Même si ce n’est pas trop mon genre à la base, pas assez viril et trop classique, mais j’avoue qu’il a des yeux envoutants. Tu vas voir, j’en suis certaine, il va avoir essentiellement une clientèle féminine. Il fait des visites à domicile, crois-moi à la première occasion, je le fais venir chez moi et je vais le travailler au corps celui-là.

Je ne souhaite plus parler de Grégoire avec elle, j’écourte notre conversation.
Une fois mes courses terminées, je vais à la librairie. Je ne cesse de repenser aux propos de Stella et une pointe de jalousie transperce mon cœur.
Je n’ai aucune idée précise de livre, j’aime me laisser séduire par une 4ième de couverture tout simplement. Mon regard vagabonde de livre en livre, quand mon attention est attirée par la sélection de livres érotiques et particulièrement par la trilogie de 50 nuances de Grey. Je prends le premier tome pour lire le résumé, quand j’entends quelqu’un derrière moi me murmurer

- Salut toi.
Je reconnais sa voix immédiatement. Sa présence à mes côtés, électrise instantanément tout mon corps. Je me retourne.

- Ah ? bonjour, dis-je en reposant vivement le livre et en me dirigeant vers les auteurs russes.

Je suis mal à l’aise, j’espère qu’il n’a pu vu le livre que j’avais dans les mains.

- J’ai voulu t’appeler hier mais j’ai été très occupé et quand j’ai eu enfin du temps, il était tard.
- M’appeler ? mais pourquoi ?
- Pourquoi ? juste pour te dire que j’avais vraiment apprécié notre soirée. Je me
suis rendu compte que j’étais parti trop vite hier matin.

« Je trouve aussi ». Je baisse la tête pour dissimuler mon trouble.

- Tu avais été extrêmement clair en partant, je ne m’attendais pas à te voir revenir avec des croissants. Lui dis-je en lui souriant timidement
- Si j’ai été clair, tout va bien alors.


Je ne réponds pas. Je n’ose pas le regarder, je suis profondément ébranlée


- Tu as des projets aujourd’hui ?
- Non rien de spécial, je pensais bouquiner toute la journée. Mes enfants ne
rentrent qu’en fin de journée
- Tu as déjà fait ton choix ? me demande-t-il avec ce petit sourire qui me fait tant
craquer. J’espère qu’il ne fait pas allusion aux 50 nuances, je rougis violement.
- Non pas de coup de cœur, en fait, j’ai beaucoup de livre que je n’ai pas encore lu
chez moi, ce sera l’occasion.


Tout en prononçant cette phrase je récupère mon caddie qui déborde de courses. et sors de la librairie. Je dois m’éloigner de lui.
- Attends, je vais t’accompagner, dit-il en voulant prendre mon caddie
- Ca va aller merci, il n’est pas lourd.
- Je suis content que tu aies fait des courses, j’avais peur que tu ne manges pas du
tout ce week-end. Tu sais, Constance, je trouve que tu devrais prendre du poids.
tu es vraiment trop maigre, tes os sont saillants, tu..

Sa remarque me blesse. Je m’arrête pour lui couper la parole et lui faire face :

- Oui je sais que tu me trouves trop squelettique, j’ai compris, inutile de le répéter. Sais-tu pourquoi je suis aussi maigre ? Et bien, je vais te faire une confidence, tu vois, mon mari s’est barré du jour au lendemain, pour vivre une relation passionnelle avec une autre femme. Il m’a traitée comme une merde, il n’a pas donné de ses nouvelles et n’a pas vu ses enfants pendant 2 mois. Et bien pendant cette période j’ai perdu 10 kg, car j’étais très angoissée et très malheureuse. Oui je sais, j’ai déconné mais c’est comme cela, je ne pouvais plus rien manger. Rassures toi, ça va nettement mieux, j’ai retrouvé mon appétit et j’ai repris un peu de poids.

Ma colère s’estompe quand je vois qu’il me regarde avec une douceur infinie, et je rajoute timidement.

- Et en plus, c’est blessant, cela me donne l’impression que tu ne me trouves pas belle.

Sans lui laisser le temps de me répondre, je reprends ma route, il me suit. Arrivés devant ma porte il capte mon regarde et me parle, je n’entends pas, deux grosses Harley Davidson remontent la rue de Belleville, rendant toute conversation impossible.

- Pardon, je n’ai pas entendu. Dis-je

Je fais mon code et referme la porte en lui disant

- Au revoir, bonne journée


Il la bloque avec son pied et pénètre dans la cour avec moi, je continue à marcher, sans lui prêter attention. Je ne veux plus lui parler, je suis trop à fleur de peau.

- Constance arrête, s’il te plait, il faut que nous parlions
- Une autre fois, je suis crevée. J’aimerais me reposer.

Il continue de me suivre et me prend le caddie des mains, sans rien me demander cette fois-ci.
une fois sur le palier, j’ouvre la porte et lui fais face en lui disant avec plus de fermeté.

- Ecoute Grégoire, je crois que nous devrions continuer cette conversation sur mon poids lors d’une prochaine consultation.

Sans que je me rende compte, il s’approche de moi, et m’embrasse.

Je ressens encore cette attraction animale entre nous. Je recule dans l’entrée, il me plaque contre le mur. Mon corps me trahit. Je réponds à ses baisers avec force. Il s’arrête pour reprendre son souffle, il me regarde avec des yeux doux et me dit

- Constance, comment peux-tu penser que tu ne me plais pas. Je ne pense qu’à toi depuis hier matin.

Ces paroles me font complétement chavirer.


- Toi aussi, tu as pris une place folle dans mes pensées

Je l’embrasse avec fougue, son corps se fait plus pressant, Je me laisse transporter par ces nouvelles sensations de plaisir. J’aime son odeur, j’aime sentir ses mains sur mon corps, le goût de sa bouche. Cet homme me fait perdre la raison.

Ses mains s’aventurent sous ma chemise. Son téléphone bip. Il continue de m’embrasser, puis une sonnerie retentie dans mon appartement. Je reprends mes esprits, je fais un gros effort pour cesser de l’embrasser.

- Attends, attends... dis-je essoufflée.

Il ne répond pas, il essaie de reprendre possession de ma bouche. Je détourne la tête et je parviens à articuler faiblement.

- Je crois que nos vies sont trop compliquées en ce moment. Arrêtons-nous là. Tu l’as dit toi même hier. Nous devrions garder précieusement dans nos mémoires, notre belle nuit et ne pas continuer à nous mentir. Je sais que tu n’es pas disponible, tu vas retourner vivre avec ta femme, je ne veux pas être la parenthèse amusante avant ton retour dans ta famille. Excuse-moi je ne suis pas assez forte pour supporter cela.

Il me regarde, son visage est très proche du mien. Il se passe la main dans les cheveux, ferme les yeux, détourne la tête et me murmure

- Tu ne seras jamais une parenthèse amusante.
- Alors je ne veux pas être celle qui empêche une famille de se reconstruire.

Il dessert son étreinte et s’éloigne, il se dirige vers la porte et me dit

- Oui tu as raison, Constance. Arrêtons-nous là.


Je passe le reste de la journée chez moi dans un état second à attendre mes enfants. Et à regretter mes dernières paroles.

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