Chapitre 12 : La nébuleuse d'Orion
Pour ce chapitre je vous propose The Key de Jim Yosef et Rory Hope
=================================================================================
Alors que Niels continu de me toiser de son regard perçant, je prends mon courage à deux mains en lui avouant ne plus vouloir continuer dans la vente. Que j’aimerais éviter tout problème, me ranger mais comme d’habitude il me contrôle à sa guise :
- Je sais bien mon Nono, je sais bien. Mais est-ce que tu as le choix ? Je ne crois pas moi. Comment vas-tu payer le cadeau de Zoé ? Comment vas-tu aider ta mère ? Comment vas-tu rembourser la dette que tu as envers moi ? Je t’ai toujours aidé, je t’aiderai toujours et là je peux t’aider à avoir beaucoup, beaucoup d’argent mon p’tit Nono ! Crois-moi avec ça, on va devenir millionnaire !
- Si tu le dis… Tu veux que je commence quand ?
- Dès maintenant. Tu vas aller dans le parc à côté de ton lycée, j’ai déjà contacté quelques clients pour toi.
Encore une fois je me soumets à sa volonté contre mon grès. Mais si je veux pouvoir acheter un cadeau pour Zoé, et surtout la protégé le choix ne s'offre pas à moi.
******
Arrivé dans le parc près de mon lycée, je vois plusieurs élèves que j’ai déjà croisé qui se dirige vers moi. Après quelques formalités, ils repartent avec un sourire aux lèvres. Ils vont bien s’amuser avec cette nouvelle drogue. Moi je viens de me faire 60 balles.
Je reste ici, jusqu’à la tombée de la nuit. Je sais que Niels est entrain de m’observer dans un coin. Une fois que je décide de m’en aller de mon spot, je n’ai pas à attendre bien longtemps et je le vois débouler sur moi pour me prendre tous mes billets. Il en prend plus de la moitié et me donne le reste :
- C’est ma part pour t’avoir trouvé un nouveau filon mon Nono !
- Ouais… ok… pas de soucis.
Il m’abandonne. Je me retrouve seul au milieu du parc, au milieu de la nuit noire. Je regrette un peu mais je n’avais pas le choix. Vingt-cinq euros, dans la poche ce n’est pas grand-chose mais c’est déjà ça.
Mes pas me guident lentement dans les rues désertes de la ville. Les mains enfoncés dans les poches de mon pull, je déambules sans but précis. Le ciel nocturne s'étends au dessus de moi et comme à mon habitude je contemple son immensité, cherchant les constellations que je connais si bien. Chaque constellation, chaque étoile semblent m'appeler à les rejoindres... Un jour peut être.
Le vent se lève doucement, apportant avec lui une légère brise qui me procure d'agréable frissons. C'est le coeur lourd mais l'esprit apaisé que je reprends ma marche. Pendant ces quelques instants le ciel étoilé est devenu mon refuge, mon échapatoire, où j'ai pu oublier toutes les emmerdes qui me tournent autour.
Je donnerais n'importe quoi pour répandre à l'appel de son immensité...
===*** ===
Trois mois plus tard : Novembre 2017
Cela fait déjà trois mois que j’ai rencontré Nolan. Cela fait déjà trois mois que l’on se retrouve les soirs pour contempler le firmament. Cela fait déjà trois mois qu’il m’enseigne tout ce qu’il sait sur les étoiles et le cosmos. Cela fait déjà trois mois que je bois ses paroles avec joie. Cela fait déjà trois mois que nous n’avons pas reparler de son baiser, mais on n’en a pas besoin
Avec Marcus ça va un peu mieux mais je sens qu’un froid s’est installé entre nous. Je n’ai pas encore réussi à lui avouer que j’aimais Nolan mais c’est indéniable... Je ne saurais dire pourquoi mais il m’attire comme un aimant.
***
Je saute de joie quand je reçois un appel venant de l’ange qui fait battre mon cœur :
— Allo ?
— Allo ! Salut Sacha, faut absolument qu’on se voit ce soir. Qu’on aille regarder le ciel.
— Ah ouais ? Pourquoi ?
— Parce que c’est une surprise. Je suis devant chez toi sort.
Je regarde par la fenêtre de ma chambre et le distingue à peine sous le réverbère, toujours vêtu de son fidèle sweat à capuche noir. Quand est-ce qu’il mettra un peu de couleur ? La nuit est déjà bien installée en cette fin d’automne. Je descends dans l’entrée, Orion est déjà devant la porte à gratter, il a dû sentir Nolan et sait que cela annonce une promenade en sa compagnie.
Une fois dehors, mon chien fonce vers Nolan pour lui quémander des caresses. Nous nous promenons sous l’immensité du ciel nocture jusqu’à arriver à notre spot favori. Un endroit coupé du monde ou les lumières de la ville ne pollue plus le firmament. On s’allonge dans l’herbe et on observe le ciel sans un mot. Nous n’avons pas besoin de parler pour profiter tous les deux de l’instants présents. Nolan fini par briser le silence en me montrant le ciel, je me perds dans la contemplation de sa main que j’aimerais tant pouvoir caresser, pouvoir sentir sur mon corps. Ca me rappel un vieux proverbe chinois qui dit : le sage montre la lune, le fou regarde le doigts. Je rajouterais que l’amoureux regarde la main.
— Tu vois les trois étoiles qui semblent s’aligner avec une légèrement bleutée.
— Euh oui je crois.
— Si tu regardes un peu autour, tu vois une sorte de sablier ou de noeuds papillons.
— Ah oui je crois que je vois.
— Il s’agit de la constellation d’Orion, on l’appelle également le chasseur, parceque si tu observes bien on peut voir d’autres étoiles qui forme une sorte d’arc, même si selon la mythologie il s’agit d’un bouclier je préfère y voir un arc.
— Euh je suis pas sur de bien voir, en fait.
— Attends, je vais te montrer avec la meilleure application de l’univers pour observer l’univers.
Il dégaine son téléphone et me présente l’application Stellarium. Il s’agit d’une application qui se sert de la géolocalisation du téléphone pour observer le ciel nocturne en direct et elle dessine les constellations lorsque l’on passe le téléphone devant. Il m’explique donc que Orion est une merveille du ciel d’hiver, on peut la reconaitre facilement avec sa forme de sablier et ses trois étoiles alignées. J’apprends grâce à mon astronome préféré que ce regroupement particulier de trois étoiles s’appelle un astérisme, on le surnomme la “ceinture d’Orion” :
— Si tu veux il s’agit de trois super géantes bleues, Alnitak, Alnilam et Mintaka. A l’inverse de notre soleil qui est une naine jaune, ces trois étoiles sont genre supermassive. T'imagines même pas, mais vu qu’elle sons à plusieurs années lumières de nous on les vois microscopique.
— Ah ouais, je vois ! J’ai toujours cru que le soleil était énorme par rapport aux autres étoiles mais en faite pas du tout.
— Non c’est tout le contraire il fait vraiment partie des plus petites étoiles, bon il ferait quand même 1.4 millions de kilomètre de diamètre ce qui je te l’accorde n’est pas rien mais à côté une géante bleue comme Alnitak est vingt fois plus grande.
— Ouah j’ai du mal à m’imaginer des dimensions pareilles. Et tu crois qu’il peut y avoir de la vie sur une des planètes qui gravitent autour.
— J’en ai aucune idée, mais j’aime bien me l’imaginer, genre la vie autre part, elle serait hyper différente avec une étoile bleue qui brillent 180 000 fois plus que notre Soleil. Je sais même pas si on pourrait vraiment y vivre. Enfin nous c’est sûr que non, toute la vie sur terre est une exception dans l’univers qui est parfaitement lié au soleil, et je pense que ça serait très dur voir impossible pour nous de nous habituer à une autre étoile et puis il y aussi la lune et les marées qu’elle provoque. Vraiment plus j’y réfléchis plus je me dis que la vie sur une autre planète ne peut assurément pas être comme nous ou comme on peut la voir dans les films de SF, le concept même d’humanoïde ne peut pas exister.
— Ouah t’es vraiment un puit de science c’est fou.
— Haha pas du tout ! Enfin tous ça pour te dire que je te présente Orion.
A l’entente de son nom, mon chien se mit à aboyer comme s’il avait compris notre conversation et qu’il tentait d’appeler la constellation qui porte le même nom que lui. Maintenant je me souviens qu’Aldwin m’avait déjà montré cette constellation un soir d’hiver lorsqu’il espérait avoir un chien, il m’avait expliqué que dans la mythologie Orion était accompagné de ses fidèles chien de chasse et que même dans le ciel nocturne ces chiens étaient avec lui. Représentés par les constellations du Grand et Petit Chien qui semble marcher dans ses pas.
Je dépose doucement ma tête sur l’épaule de Nolan, cherchant à découvrir ces constellations sur l’écran lumineux de son téléphone. D’une voix douce, je lui demande de me montrer les deux chiens qui dansent dans le ciel nocturne. Il ne fait aucun mouvement pour m’éloigner, je peux sentir une chaleur apaisante se répandre en moi, comme si son épaule était un refuge silencieux.
Là sous le voile scintillant des étoiles le temps semble suspendu. Je pourrais rester là, immobile, des heures durant, bercée par sa présence et la magie du firmament.
Annotations
Versions