Pour ce chapitre je vous propose : Fallen Leaves de Billy Tallent

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Aujourd’hui, c’est le grand jour, le championnat régional ! J’ai demandé à Nolan de venir, mais je ne le vois nulle part. Dans quelques instants, je vais devoir monter en haut de la piste et m’élancer vers mon destin. J’aurais tant aimé le voir avant de commencer ma première course... Marcus lui est bien au rendez-vous et me soutient comme il peut. Le stress commence néanmoins à monter... Si je parviens à finir premier, je pourrai aller au championnat de France rien que ça.

Enfin il n’y a pas que la victoire aux différentes courses qui comptent, il y a aussi les sauts que l’on réalise et la façon dont on prend les bosses, on peut vite avoir certaines pénalités dans ce sport et les jurys sont implacables.

Allan et Zach comme à leur habitude arrivent juste avant que le speaker n'annonce aux premiers concurrents d’aller se placer sur la piste. Je les salue rapidement enfourche mon Bmx et pédale jusqu’à la ligne de départ.

Une fois en haut de la piste, j’ai une vue entière sur la foule qui est venue pour nous soutenir. Ils sont très nombreux, beaucoup trop nombreux. Je ne sais plus où donner de la tête. Des cris d’encouragement commencent à se faire entendre. Parmi ces cris, j’entends mon prénom qui est clamé par Allan, Zach, Marcus, mes parents et d’autres amis qui sont venus pour l’occasion, mais aucun Nolan dans les environs.

Tant pis, le top départ est lancé

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Sacha m’a demandé de venir assister aux championnats régionaux de BMX, pour lesquels il s’entraîne depuis déjà plusieurs mois. J’ai pu assister à quelques-uns de ses entraînements et le voir voler au-dessus de la piste comme s’il prenait son envol vers le ciel. C’était vraiment grandiose.

J’aimerais beaucoup le voir et le soutenir pour ce moment très important dans sa vie de rider, mais Niels m’a obligé à vendre sa dope... Je me retrouve dans un quartier mal famé, ce genre de quartier où il ne vaut mieux pas traîner trop tard le soir. J’avance silencieusement dans des ruelles sombres, je croise un ou deux junkies déjà bien attaqués alors que l’après-midi ne fait que commencer. J’arrive au lieu de rendez-vous, déjà plusieurs individus louches sont présents, attendant avec impatience la marchandise que je vais leur fournir.

Tout se passe bien jusqu’à ce que l’un d’eux mécontent du tarif, m’attrape par le col et commence à m’engueuler. J’ai beau me défendre en expliquant que ce n’est pas moi qui fixe les prix, monsieur ne veut rien entendre et me frappe dans le ventre. Rapidement, je me retrouve au sol, alors que je prends plusieurs coups de pieds, je peux voir ses potes qui rappliquent pour l’aider à me défoncer la gueule.

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L’heure n’est plus à l’hésitation, je pédale à m’en couper le souffle. Chaque coup de pédales me propulse un peu plus vers l’avant, un peu plus vers la victoire. Première bosse : je décolle toujours en tête, le souffle court, mais déterminé, concentré. Alors que je viens de franchir la deuxième bosse, un sifflement fend l’air — un concurrent surgit, me dépasse en plein vol et retombe juste en face de moi dans un fracas de terre et de pneus. Je vacille, mes roues tanguent, le guidon tremble. Je manque de justesse la chute, mais dans un dernier élan, je parviens à redresser mon guidon et repars de plus belles.

Tout s’emballe. Tout s’accélère. Le décor file à toute vitesse. Je parviens à me concentrer sur chaque bosse, chaque virage, chaque secousse. La ligne d’arrivée se dessine mince et lointaine encore, mais tellement réelle. Mais avant la fin de la course, je dois affronter le terrible banked turn, un mur incliné, presque vertical qui peut se révéler fatal. Si tu ne prends pas assez d’élan, tu glisses. Si tu le prends mal, tu tombes. Si tu entres mal, tu peux emporter quelqu'un avec toi et à cette vitesse, le moindre choc peut se révéler terrible. Je suis lancé. J'entends les autres juste derrière moi, trop près. Je m’aligne pour le virage. Je ne ralentis pas, ne faiblis pas. Mes pneus accrochent la courbe, la force me plaque sur le côté. Juste ce qu’il faut pour tenir et surgir en tête à l’extérieur.

Encore quelques bosses. Mon corps tremble, mais je serre les dents. La ligne d’arrivée n’est plus qu’à quelques mètres. Un instant suspendu. Puis la voix du speaker résonne, nette, dans le bruissement des pneus :

— Et c’est ainsi que s’achève cette première course, avec la victoire du numéro 11 : Sacha Fowl !

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Ils ont fini de me laisser là, au sol après m’avoir passé à tabac. Ils sont partis avec une partie de l’Antelax. Heureusement, j’ai eu le bon réflexe d’en planquer un peu dans la doublure de mon pull. Ça m’a peut-être sauvé la peau, ou du moins la journée...

Je me redresse lentement, difficilement. Les membres lourds, le souffle court, chaque mouvement est difficile. Mais pas le choix, je dois continuer. Encore quelques ventres à boucler. Tant bien que mal, je termine le deal sans croiser trop de regards.

Dès que tout est terminé, je me faufile hors du quartier. Niels m’attend un peu plus loin, comme convenu. Il ne risque pas sa vie, lui... On divise la recette du jour à peu près équitablement. Je fais en sorte qu’il n’ait pas le temps de poser trop de questions. Ni sur ma gueule amochée, ni sur la dose manquante. Sans un mot de plus, je cours vers l’arrêt de bus le plus proche.

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Les minutes d’attentes, me semblent durer des heures. Mon corps me rappelle chaque coup, chaque impact. Une vive douleur parcourt mes côtes et du sang commence à sécher lentement sur ma joue. Je dois être beau à voir tiens ! Je m’interdis d’y penser plus longtemps. Pas maintenant.

Je dois pouvoir aller au championnat. Voir Sacha avant la fin. Je lui ai promis et je ne veux pas rater ça. Pas aujourd’hui.