Chapitre 14 : Course au sommet
Pour ce chapitre je vous propose : Mind of a Warrior de Alan Walker et Sorona
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Une nouvelle course va débuter. Huit participants, un seul gagnant ! Comme la précédente, je reste focus, concentré. Je ne peux pas me permettre d’échouer. Mon départ n’était pas parfait, j’ai perdu quelques places dès le début. Je me démène pour réussir à rattraper mon retard. J’arrive sur le deuxième virage. Je parviens à en dépasser, un, puis un deuxième, un troisième, je me retrouve dans le peloton de tête. Je ne lâche rien mes poumons me font mal, les muscles de mes cuisses ne demande que d’arrêter.
En un éclair, je me hisse à la première place, le vent siffle à mes oreilles, mes roues grincent sur la terre battue. La ligne d’arrivée est là, toute proche à quelques mètres, gardés par un dernier obstacle, un mur qui peut sembler infranchissable : la pro.
Une montée raide, un sommet plat et une descente. Mais ce n’est pas tout. À son extrémité presque sournoise, trône une simple, une unique petite bosse, discrète mais impitoyable. Placée juste après le plat, elle peut être à une distance variable à attendre la moindre erreur. Une hésitation, un saut mal lancé, une mauvaise réception... C’est la fin ! La perte de vitesse, d'équilibre et l'échec !
Je serre les dents. Respire un grand bol d’air. Tout se joue en cet instant, en un souffle, en un vol parfait. La pro se transforme petit à petit en un juge impitoyable, une forteresse qui se dresse face à moi, face à ma victoire. Tout va très vite. Je m’élance. Mon pneu avant quitte le sol, je m’envole au-dessus du plat, le regard sur la simple.
Tout est une question de timing. Une demi-seconde, ce n’est qu’une demi-seconde d’hésitation qui fait tout basculer. Mon vélo touche le sol, une seconde trop tard, mon pneu arrière se tape le rebord du plat au lieu de le franchir. L’impact me secoue, je perds l’équilibre. C’est infime, presque invisible, mais j’ai foiré.
À ma gauche, un grondement monte, des pneus mordent la poussière. Une ombre surgit. Comme une balle lancée à pleine vitesse, il profite de ma seconde d’hésitation. Fluide, précis, parfaitement lancé. Sa trajectoire est parfaite, chirurgicale : il passe la pro comme si ce n’était rien, porté par la grâce et la rage. En une fraction de seconde, il retombe devant moi.
Je me redresse, je pousse sur mes pédales, je tente le tout pour le tout pour le rattraper. Mais c’est trop tard. Il est là devant moi, sa roue franchit la bande blanche de l’arrivée, avec un souffle d’avance.
Je perds.
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Le bus arrive, libérateur. Je regarde ma montre, j’aurais forcément du retard... je pourrais peut-être voir sa dernière course.
Le bus tangue doucement sur la nationale. Les rayons de soleil traversent l’habitacle et projettent mon reflet sur la vitre. L’image qu’il me renvoie n’est pas belle à voir, capuche rabattue visage tuméfié, je vais avoir droit à un beau coquard... Je ne veux croiser aucun regard, ni celui du conducteur ni celui des passagers. La douleur dans mes cotes s’élance de nouveau, je n’ai même pas pris le temps de nettoyer le sang que j’ai sur le visage...
Niels, m’avait dit que serait simple, la routine habituelle... Sauf que rien n'est jamais simple dans ce milieu... Je ne le sais que trop bien... Comme d’habitude Niels ne prend aucun risque, il reste en retrait. Moi je suis au premier plan... face à tous ces tordus toujours prêts à tomber sur plus faible qu’eux.
J’aurais pu rentrer chez moi, me planquer. Prendre une douche salvatrice, dormir douze heures et ne plus penser à rien. Mais une promesse est une promesse. Je n’ai pas oublié ce que je lui ai dit, je n’ai pas oublié son sourire un peu incrédule comme s’il n’y croyait qu’à moitié, ce sourire qui contrastait avec l’éclat de ses yeux. Cet éclat, qui m’a fait manquer un battement, il veut que je vienne et je serais là.
Et maintenant, alors que le bus fend la campagne, que les arbres défilent, je sens un nœud dans ma gorge, dans mon cœur, dans mon âme. J’ai peur qu’il comprenne, qu’il s’inquiète pour moi en voyant mon visage en vrac... Je ne veux pas lui faire de peine... Je ne veux pas qu’il sache ce que je fais quand je ne suis pas avec lui.
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Après plusieurs courses effrénées, le comité nous accorde une courte pause. J’en profite pour rejoindre Alan, Zach et Marcus qui ont fait le déplacement. Toujours aucun Nolan à l’horizon, j’ai bien peur qu’il ait oublié, ou qu’il soit trop occupé ailleurs... Il m’avait dit qu’il serait là, mais bon... Je me réconforte avec les félicitations de mes autres amis, qui n’arrêtent pas de célébrer mes courses qu’ils jugent incroyable. Si seulement le comité pouvait être d’accord... Et puis ma dernière course s’est soldé par un lamentable échec... Un seul faux pas et la victoire m’est passé sous le nez dans la dernière ligne droite.
Je dois rester concentré, tout peut encore se jouer...
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Le bus prend du retard, je bouillonne de l’intérieur, dans ma tête tous les passagers en prenne pour leur grade : ce vieux qui a mis 5 minutes à payer son ticket, cette maman qui ne sait pas gérer les pleurs de son insupportable gamin, ces deux meufs de mon âge surement qui se raconte leur vie inutile et inintéressante tout en rigolant à tue-tête, ce mec au téléphone qui gueulent comme s’il était seul dans le bus.
Moi je suis la seul, dans un mutisme complet ma capuche visé sur la tête, je me roule une clope et y dépose un petit morceau d’antelax qui me restait de la vente. Je sais que je ne devrais pas... Je ne connais pas les effets de ce truc, mais ils ne sont surement pas bon. Mais j’ai besoin de me détendre.
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Une fois arrivée à l’arrêt il me reste encore plusieurs mètres et minute de marche, j’allume ma clope. Je tire la plus grosse taff que mes poumons peuvent encaisser. Cette douce chaleur, qui pénètre à l’intérieur de mon corps, écarte mes alvéoles. C’est contradictoire mais ça me fait du bien, un bien fou. Cette douce ganja, me procure autant de bien qu’elle me tue à petit feu.
J’arrive enfin devant l’entrée de la course, tout le monde s’agite, tout le monde s’affole, tout le monde s’emballe. L’effervescence de ce genre d’événement me fout la nausée. Je n’ai jamais compris comment on pouvait aimer se rassembler, s’agglutiner les uns aux autres, au point d’en perdre l’air.
Je balaye cette foule en délire à la recherche du petit rider que je suis venu voir : Sacha.
Je ne le trouve nulle part. Puis soudain mon regard se pose sur la piste et là. Je le vois. Il s’élève dans les cieux, gracieux, presque irréel, dans sa combinaison bleu ciel et son casque d’un blanc éclatant. Il fend les airs comme un ange qui s’élève vers les cieux, il plane au-dessus de ses concurrents, porté par une force que rien ne semble freiner. C’est lui Sacha Fowl dans tout son art.
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