4. Chuchotement

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Dans l’assourdissant et religieux silence qui règne dans le véhicule accidenté, je chuchote, aux creux de mes lèvres, tous ces secrets précieusement rangés dans une partie de mon cerveau. Ils me torturent tant. Jusqu’à aujourd’hui, leurs existences me hantent.

Le temps avait œuvré pour m'aider à me dédouaner des actes irréparables que j'avais commis en son nom. A présent était venu le moment de définitivement m’en libérer.

Je continuais de chuchoter ces sombres secrets, sans jamais m’inquiéter d’être entendue par quiconque.

Ces mêmes chuchotements que je prononçais m’avaient aussi poursuivie tout au long de cette vie.

Ils insufflaient en moi l’impulsion, le désir de lui, de le voir, d’essayer de l’avoir à mes côtés, quel qu'en soit le prix à payer.

Et ce sont ces mêmes chuchotements provenant du plus profond de ma psyché qui m’ont poussée à aller le voir, ce soir d’hiver où je m’étais secrètement promise à lui pour l’éternité.

Etais-je devenue folle ou mon obsession était telle qu'elle avait finie par se matérialiser ? Je craignais de connaître la réponse.

Il était étudiant en droit. Cette année-là, il entamait son unique année de master, avec pour projet d'entrer à l'école d'avocats.

Lorsqu’il m’en parlait, des lumières scintillaient au fond de ses yeux. Comme j’aimais le soutenir dans sa vocation ! Je faisais toujours mon maximum pour l’encourager sur cette voie. Je souhaitais du plus profond de mon cœur que mon soutien le pousse à se lever tous les matins pour étudier. C'était si cathartique de le savoir heureux et épanoui.

Il était si beau, si grand et endurant, si charismatique, si prévenant et unique. Il ferait un avocat exceptionnel. J’en étais certaine.

Étant originaire d’une ville lointaine, il habitait seul dans un appartement en banlieue isolée. Il payait son loyer et subvenait à ses besoins grâce à des cours de soutien en français qu’il dispensait à des jeunes lycéens, mais surtout grâce son job de serveur dans un petit restaurant servant exclusivement des plats végétariens, accompagnés de smoothie. Il m’arrivait d’y aller mais jamais à ses heures de services, pour le simple plaisir d'avoir l'impression d'être connectée à lui.

Comme il était situé dans un quartier presque inconnu, sauf des autochtones, je craignais qu’il ne pense pas à une simple coïncidence s’il m’y voyait. Mais cette fois-ci, mes désirs et mes passions ont totalement pris le dessus sur la raison. Je ressentais le besoin irrépressible de le voir. Le manque devenait écrasant toujours plus chaque jour. Jamais il n’avait atteint un point critique. Mais je sentais à cet instant que je n’exerçais plus aucun contrôle sur cette putain d’addiction à lui.

Ces incessants chuchotements m’ordonnaient d’aller le rejoindre. Après tout, il n’était que dix-sept heures, il finissait son service dans deux heures alors j’aurai le temps de le rejoindre et enfin le revoir.

Il me manquait tant…

Le manque me démangeait la poitrine dont le trou béant s’approfondissant toujours plus.

Je m’étais couverte bien chaudement, avais récupéré mes affaires et quitté la maison de mes grands-parents d’un pas déterminé jusqu’à la gare.

Seulement quelques arrêts de RER, une autre correspondance et tu seras avec lui ! m’ont chuchoté les voix diaboliques de mon obsession.

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