8. Masques

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Je m’y connais en masque. Beaucoup trop, même. Toute ma vie, on m’avait obligée à en posséder une collection bien garnie. Le jour, j’étais une apprentie couturière dans le magasin de mon père et le soir, l’enfant modèle de mes parents. Parfois, c’était plus varié. Dans le passé, j'avais d'abord joué le rôle de l’adolescente enjouée et hyperactive puis petit à petit, devenue une fille introvertie et isolée des autres. Au yeux des adultes, l’enfant sage, férue de lecture. Je pourrais continuer à m’étendre sur les multiples étiquettes qu’on m’avait attribués mais quoi qu’il en soit, je n’avais jamais eu le droit à l’erreur, au moindre écart. Aucune substance qui composait mes différentes personnalités ne devaient s’étendre l'une sur l’autre. J’étais soit une apprentie couturière posée, soit la jeune fille qui fait la joie de ses parents.

De fait, je n’avais aucune idée de qui j’étais véritablement.

N’ayant pas le droit à l’erreur, comme me l'avait inculqué mon père, j’avais réglé ma vie comme du papier à musique.

Ainsi, lorsque j’étais seule, je n’étais qu’une coquille vide dont le seul but dans la vie était lui…

Tandis que le soleil se levait timidement sur l’horizon gris et morne d’hiver, sa rayons lumineux apportaient un peu clarté. Ils caressaient doucement la vitre qui réfléchissait sa lumière, pile contre l’écran de l’ordinateur. J’avais passé des heures et des heures à poncer la toile entière pour retrouver des informations sur cette Carole. Mais rien de plus qu’une page LinkedIn, Facebook, un article sur l’avenir des jeunes coiffeurs et un blog postant des essais sur des questions sur l'Espagne et son avenir, d'une certaine Carole L.. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé. J’avais même effectué des recherches sur les personnes de même noms au cas où. Cela n’avait quand même pas soulagé mon angoisse. Au contraire. Le peu que j‘avais récolté sur elle la présentait comme une femme parfaite, à la vie idéale… elle pourrait véritablement lui plaire. Elle était belle, charmant. Elle semblait volontaire et passionnée mais par-dessus tout, elle transpirait le bonheur et l’équilibre. Tout ce que je n’étais pas.

Ce n’est que lorsque je me suis rendue compte que le soleil s’était levé que la fatigue a pris possession de mon corps. Toutes ces recherches m’avaient éreintés.

Et maintenant que le besoin de savoir m'avait provisoirement quittée, je redevenais ce fantôme.

Je n’étais plus rien, plus personne. Aucun masque ne me correspondait.

J’avais tellement réussi à me fondre dans la masse par le passé que les contours de mon visage avaient totalement fusionné avec mes masques, jusqu’à ce que je vois Carole avec lui…

Plus ça allait et plus je me disais qu’elle méritait de mourir.

Elle devait mourir.

C’est à cause d’elle que j’en étais là.

Mais comment m’y prendre ?

J’avais pris en capture la plupart de ses photos. Je la regardais attentivement, droit dans les yeux, transperçant son regard océan.

Comment m’y prendre, Carole Litwin ? Pour te faire payer et te faire disparaître.

Tu as une gueule d’ange ; tu es l’exemple même de la vie idyllique.

Cacherais-tu toi aussi des travers ? Toi aussi, tu portes un masque ?

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