12. Marionnette

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C’était au moment où Zénaïde avions décidé de mettre les voiles qu’il est revenu. Et mon instinct avait vu juste : Carole l'accompagnait.

J’avais dû prendre une très grande inspiration pour refouler l’immense rage qui m’avait saisie.

Zénaïde n’avait pas tardé à le reconnaître, au vu du sourire révélateur qu’elle m’avait lancé mais lorsque son regard a dévié vers ca compagne, j’ai vu une lueur étrange la traverser.

- Alors, toujours là ! il m’a lancé à notre intention, un sourire complice et amusé aux lèvres.

Malgré la maudite présence de Carole, j'arrivais à davantage gérer ma colère. Chaque battement de cil de sa part était pour moi une catharsis, quelque soit l’émotion que je ressentais. J’avais définitivement besoin de lui. Il était le seul à me procurer un tel chamboulement émotionnel.

Impulsivement, j’ai rétorqué sur le même ton que lui :

- Toi, toujours là !

Son sourire s’est élargi et il a même éclaté de rire avant de nous faire un petit signe de main et s’en aller. Tout au long de ce court échange, Carole nous avait seulement sourit poliment, cachée derrière lui.

Ils se sont éloignés jusqu’à la gare cette fois-ci, j’ai pu réprimandé le mal de cœur qui m’assaillait à ce spectacle meurtrier : l’un à côté de l’autre, marchant, se dévorant du regard.

Zénaïde contre toute attente était restée très silencieuse et observait la scène d’un œil assez méfiant. Je m’en étais très étonnée.

- Ça va ?

Les sourcils froncés, elle avait balayé mes inquiétudes d’un geste bref de la main.

- Est-ce que tu la connais, cette nana avec lui ? Avait demandé Zénaïde.

- Non, pourquoi, toi si ?

- Pas personnellement. Mais je connais bien sa sœur.

Dieu avait mis Zénaïde sur mon chemin. Elle était la clé de mon idylle avec lui ?

- Et ?

- Elle était avec moi, à la fac de lettres. C’était une connasse. De haut niveau.

- Qu’est-ce que tu veux dire ?

- Viens, partons d’ici, je vais t’en dire plus.

A notre tour, nous nous sommes dirigés vers la gare. A l’intérieur, je l’y avais à nouveau aperçu, avec sa connasse mais près de Zénaïde, je me sentais plus apaisée.

Heureusement, nous ne prenions pas le même chemin qu’eux et on les avait de toute façon vite perdu de vue. Là, elle m’expliquait le peu qu’elle savait sur les deux sœurs : Carole et Pauline.

- Elle était avec moi, dès la l1, Pauline. Leur mère, c’est un des profs de cette faculté. En droit civique, où un délire du genre, enfin tu vois. Alors autant la mère, c’est un petit ange. Autant les filles… c’est une autre histoire.

Je jubilais. Enfin, j’allais précipiter sa perte.

Mais j’avais me retenir de sautiller de joie en l’écoutant attentivement.

- La grande, ça doit être Caroline, je crois, je sais plus.

- Carole, je l’avais corrigé.

- Ah. Bah, Carole, à ce que je sais, c’est une coiffeuse dans un bon et grand salon, pas loin d’ailleurs. Ton mec devait être en train de la chercher.

- C’est pas mon mec.

Il n’était pas encore au courant, plutôt.

- Oui, d’accord. Je ne la connais pas mais je peux te dire que la petite sœur est sacré petite tchoin. Je t’avais dit que Roro était journaliste d’investigation.

- Je crois, je sais plus. Probablement.

- Et bien, maintenant tu sais. Une de ses premières affaires a été une histoire de sales trucs qui circulaient dans un salon de coiffure. Le même où Carole bosse. Qui est dirigé par son papa. Mais il parait que ce n’est qu’une couverture, pour cacher des trucs plus sombres, disons. Et quelques jours après que Romain ait finie d’étudier l’histoire… trois types sont venus chez lui pour lui payer une somme conséquente pour qu’il ne balance pas l’info. Il est très doué.

- Et il a fermé sa bouche ?

- Comme tu peux le voir, elle se porte bien et Roro aussi.

- Et ça l’a pas dérangé de se taire ?

- Si. Mais il a dû oublier. Il n’a pas une très bonne mémoire. Je le soupçonne de ne même pas se souvenir de sa date de naissance. Franchement, si ce mec te plaît, oublie-le vite. Il doit être du même délire que ces gens-là. Sa petite sœur a harcelé une de mes amies quand elles étaient au lycée. C’était hardcore. Et personne n'a rien fait, ni les profs, ni la direction.

- Il ne me plaît.

Elle s’était mise à ricaner et me tirer la langue.

- Mon œil. Tu le mangeais des yeux. Même un aveugle aurait remarqué !

- Ouais, ouais si ça t’amuse… mais qu’est-ce que Carole vient faire dedans ?

- Elle doit être une marionnette. Si ça se trouve, elle n’est même pas coiffeuse ou elle est vraiment nulle et son vater l’a posée ici, pour faire jolie et la garder à l’œil.

Nerveusement, j’avais ri jaune. J’étais contente d’enfin en savoir plus sur cette individue. Mais qu’est-ce que j’étais censée en faire ? La menacer de tout balancer si elle ne s’éloignait pas de lui ? Non, son père la sauverait… et de quoi j’aurais l’air ? Sur son profil, Carole semblait vivre une vie parfaite. J’ai souvent pensé que les gens friqués et heureux jouaient un rôle. Le bonheur était pour moi un concept abstrait avec lequel les gens se berçaient d’illusions pour espérer mourir en paix. Comment un monde comme le nôtre pouvait leur apporter la joie et la satisfaction, qu’on nous vend dans les dessins animés ? J’ai tout de suite pensé que ce rôle de fille parfaite sous la coupe de son père riche la rendait profondément malheureuse. Après tout, qui voulait d'une vie factice où il se serait qu'une simple marionette. Et si elle était dépressive ? Le poids de ses actes la hantaient sûrement chaque nuit. A un point où elle devait penser à une mort salvatrice, quelques fois.

Cette fille devait avoir tellement de péchés dans sa balance…

Un plan sordide se profilait dans mon esprit.

Si j’enfonçais le clou, je ne serai pas responsable de ses actes après, n’est-ce pas ?

Quelqu’un d’autre l’aurait fait dans tous les cas.

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