20. Orage (mon chapitre préféré)

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Nan, j’déconne.

Trois mois avaient passés depuis que nous nous étions mis en couple.

Cela avait une période d’intense bonheur que je n’avais encore jamais ressenti de toute ma vie.

Et par-dessus, je me sentais enfin véritablement aimée et voulue. Le sentiment d’appartenance que m’évoquait nos moments passés ensemble, que ce soit chez lui, dehors, dans un parc, au cinéma, peu important, me suffisait. Il me comblait d’amour et de bienveillance, sortis du fond de son cœur. Il m’aimait.

Tout allait pour le mieux. Nous étions totalement destinés l’un à l’autre. Alors qu’il avait réussi à accéder à l’école d’avocat de ses rêves, Zénaïde avait commencé à travailler pour reprendre ses études en automne.

Un soir d’Août, nous nous promenions tout les deux dans les bois. C’était un vendredi et j’avais passé la semaine entière chez lui. Mes parents étaient partis en vacances et ne m’avaient pas emmenés avec eux, ainsi je m’étais permise de passer un petit séjour chez lui., durant leur absence.

Je lui expliquais à ce moment là que Zénaïde, qu’il n’avait pas encore rencontré formellement, quittait l’atelier pour retourner à l’université.

- Et toi, tu aimes travailler comme couturière ?

Bien sûr, il connaissait la réponse : pas du tout. Ça m’ennuyait et me fatiguait. Mais comme toujours, je n’osais rien dire. Pour toute réponse, j’avais haussé brièvement les épaules. Qu’est-ce que je pouvais faire contre ?

- Tu sais que même si tu n’as pas le bac, tu peux en passer l’équivalent et postuler à des études supérieures, comme n’importe qui.

- Je l’ai raté une fois, tu crois vraiment que j’y arriverais. Ce n’est rien. J’ai déjà de la chance d’avoir pu travailler à l’atelier, je devrais pas faire de manière.

Il m’avait lancé un regard inquisiteur.

- Oui, je sais ce que tu v as dire…

- Si tu termine ta formation chez tes parents et qu’en plus, tu es réénumérée, tu n’auras qu’à contacter une fac pour toutes les démarches. T’auras un entretien puis après tu auras une formation d’au moins deux ans à passer. Tu as eu 20 ans récemment, le timing est parfait. C’est excellent pour les gens qui sont sortis du système.

Lorsque je regardais Zénaïde s’épanouir dans ce qu’elle étudiait avant et lui s’apprêtant à réaliser l’un de ses plus grands rêves, je reconnaissais que je ressentais le vilain sentiment de l’envie à leur égard. Et puis en me mettant avec lui, j’avais compris qu’il était tout ce qu’il me fallait pour accéder au bonheur. Alors pourquoi je suivrais des études, lorsque rien à part lui et sa vie ne comptait pour moi ?

Penser aux autres, les placer au-dessus de tout était coutume chez moi, j’avais cette tendance à me négliger, alors lorsqu’on me demandait quel genre de métier j’aurais voulu exercer, je répondais que l’idée d’enseigner me tentait. Rien de plus.

J’avais finie par changer de sujet et alors que candidement, nous traversions les sentiers boiseux, main dans la main, la lourdeur de l’humidité s’est faite ressentir et la pluie n’avait pas tardé à s’abattre sur nous.

Bien évidemment, aucun de nous n’avait pensé à prendre un parapluie…

Nous nous sommes donc mis à courir jusqu’à atteindre la maison qui de toute façon n’était vraiment pas loin, puisque ce bois appartenait à la ville. Bref, nous étions rentrés trempés jusqu’aux os. Nous essayions de ne pas perdre la face mais il fallait le dire, dégoulinants d’eau, nous étions franchement ridicules. Il s’était empressé de me poser une serviette sur le crâne et frictionner avidement mes cheveux. Mais alors qu’il effectuait son labeur, nos regards s’étaient soudainement croisés. Et il s’était produit une chose étrange. C’était comme si nous nous rencontrions pour la première fois.

- Tu as vraiment de grands yeux, il a commenté. J’avais jamais remarqué.

- Et toi, tu es beau, les cheveux mouillés. Ça te donne l’air plus âgé.

Nous nous sommes embrassés et l’étincelle de quelque chose de nouveau s’est ressenti. Un immense et débordant plaisir. J’avais tant de fois ressentis ces émois. Et maintenant qu’ils devenaient réels, je me sentais fébrile. Je n’avais jamais fait ça. Nous en avions déjà discuté récemment et avions convenu que prendre notre temps était la meilleure option mais cette fois-ci, nous le sentions tous les deux : nous irions jusqu’au bout.

Pendant que la pluie s’écroulait bruyamment contre la vitre et que le bruit de l’orage grondait, nous faisions cet amour que nous n’avions encore jamais fait. Nous embrassant et nous touchant comme on n’avait jamais osé le faire.

Alors que la foudre semblait se rapprocher de nous, tant son fracas devenait de plus en plus perceptible, nous nous étions livrés à cette jouissance charnelle, sans y porter la moindre intention.

Quand il s’était assoupi près de moi, l’orage et la pluie poursuivaient leur cacophonie. Chaque détonation me faisait brièvement sursauter et je ne trouvais du réconfort que dans ses bras. J’étais en sécurité, serrée contre lui. J’humais son odeur, avec précision, et laissais la chaleur de son corps se diffuser dans chaque partie de mon âme, qui ressuscitait à chaque seconde, lovée contre lui.

C’était la paix, la vraie.

Cette fois j’en étais certaine, rien ne pourrait jamais nous séparer.

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