Chapitre 1

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  - Deuxième étage.

La voix mécanique le ramena à la réalité de cette boîte de métal qu’ils appelaient ascenseur. Le crissement des portes coulissantes sonnèrent comme un garde-à-vous autoritaire. Ces épaules se redressèrent et son menton ce releva fièrement. Une nouvelle journée de travail sans but ni intérêt l’attendait de l’autre coté. Pourtant, un espoir brûlait ces entrailles et lui fit faire ce pas décisif à travers le dernier portail. Quelques pas lui suffirent pour rejoindre la porte de l’espérance qui portait un panneau métallique « Dr.GREGOR Frédéric ».

  Son regard ce posa longuement sur cette plaque, à la recherche de courage qu’il lui fallait pour faire face. Un long souffle pour se donner du courage et la porte s‘ouvrit devant lui sur son futur proche.

  Une pièce sobre, propre, bien rangée, dans les tons bois et gris clair. Une unique plante verte pour donner un peu de vie et de gaieté à ce décors peut être un peu trop fade. Un bureau rangé au carré où chaque papier, chaque crayon avait sa place. Même le tapis de souris et le clavier semblaient placés au millimètre prêt devant le grand écran de l’ordinateur dernier cri.

  Et assit derrière, un homme d’âge mur habillé d’une chemise claire. Ses cheveux bruns grisonnant s’accordaient tout à fait aux traies tirés de son visage et aux lunettes posées sur son nez. Pourtant, son regard, témoin de son vécu, ne laissait paraître que bienveillance, sympathie et honnêteté. Quand à sa voix… Un ton doux, calme. Avec l’évidente intention de mettre son auditoire à l’aise.

- Bonjour Derek. Assied toi donc.

Toujours à la porte, le jeune homme avait attendu l’autorisation pour s’avancer dans le bureau et rejoindre la chaise matelassée face au bureau du docteur. Un « bonjour » simple et respectueux en réponse. En face de lui, le dénommé Frédéric ferma les yeux et retira ses lunettes en ce pinçant l’arrête du nez, l’air quelque peu… déboussolé.

- Bon… J’imagine que tu te demande pourquoi je t’ai demandé de venir dans mon bureau plutôt que de te donner ton travail du jour à l’accueil comme je le fais d’habitude.

- Tu as vu juste, oui ; répondit le jeune homme sûr un ton tout à fait calme.

Liant ces mains devant lui en prière pour poser son menton sur le bout de ses doigts, le docteurs semblait réfléchir à la tournure de ses phrases. Éveillant un peu plus la curiosité déjà bien forte de nature de son jeune interlocuteur.

- Derek ; reprit-il. Tu es arrivé ici il y a bientôt un an. Malgré ton état et tes lacunes profondes en sociabilisation, tu as été capable de gravir la pente à une vitesse surprenante et franchement, j’en suis le premier étonné. Tu es partis de rien pour devenir un infirmier compétant. Un jeune homme sociable apprécié de toute l’équipe de la clinique. Je te félicite.

- Merci ; lui répondit simplement le concerné, une flamme de fierté s’embrassant dans sa poitrine. C’est grâce à toi.

Un hochement de tête le remercia avant que le docteur délit ces mains pour en poser une sur le bureau, plus précisément sur une pochette jaune pâle contenant très certainement le dossier et toutes les informations personnelles et hospitalières d’un patient de la clinique.

- Si je t’ai fais venir ici aujourd’hui, c’est pour t’apprendre que tu vas prendre ta place de soignant au sein de mon service et avoir ton premier patient.

- Quoi ? s’étonna alors le jeune homme en haussant les sourcils. C’est vrai ?

- T’ais-je déjà mentis, jeune homme ?

  - Non, jamais ; répondit-il en ce rasseyant au fond de sa chaise, un silence s’installa entre eux. Alors… Tu m’a déjà trouvé un patient ?

- En effet, oui. Un patient assez particulier ; lui apprit alors le docteur avec un sérieux qui avait eut pour effet direct de dresser le poil du dos de Derek. Tout est dans ce dossier. Enfin… tout ce qu’on a put savoir.

- Qu’est-ce que ça veut dire ? Questionna alors le jeune homme en tendant la main pour prendre le dossier. Mais le docteur en face de lui l’en empêcha en posant la main sur la pochette jaune.

- Pas tout de suite. Je veux d’abord te préparer un peu à ce que tu vas voir. Il ne s’agit pas d’un patient comme les autres et nous a directement été envoyé ici par l’hôpital.

- L’hôpital ? Dans quel état est-il ?

- Un état qui a nécessité une semaine complète de coma. Il a été retrouvé au fond d’une rue, au milieu des poubelles et… ; expliqua le docteur avec calme et professionnalisme, ne quittant le dossier des yeux que pour observer son interlocuteur qui l’écoutait avec la plus grand attention,… allongé dans une mare de sang.

- Mais… pourquoi nous l’avoir envoyé ici si il sort à peine du coma ? s’interrogea le jeune homme en attendant que son supérieur veuille bien le laisser jeter un coup d’œil à ce dossier qui ne cessait de lui faire de l’œil. La curiosité lui brûlait les doigts, il voulait savoir ce qu’il contenait.

- Parce qu’il s’agit d’un cas bien particulier que seul la HRA est habilitée à prendre en charge, l’éclaircit alors Frédéric.

-… Un Cyber, comprit Derek en relevant les yeux vers son patron.

Un simple hochement de tête servit de réponse claire et précise.

Ces êtres physiquement modifiés dans un but purement militaire. La CTC, ou Cyber Technologies Corporation, recrutait, avec ou sans l’accord, des personnes fragiles physiquement ou psychologiquement afin de les utiliser comme sujets pour leurs expériences d’améliorations de l’être humain via nanotechnologie implantée directement à l’intérieur du corps. Domaine dans lequel ils étaient devenus les maître incontestés. Sans oublier que leurs expériences et autres pratiques plus que louches étaient financées par les hauts placés de la cité, politiques ou simplement assez riche pour ensuite ce payer les services d’un garde du corps modifié et sur-entraîné.

Alors que le jeune soignant réfléchissait, mettait tout en ordre dans sa tête, il vit son supérieur repousser le dossier vers lui, lui donnant silencieusement l’autorisation de l’ouvrir et d’en lire son contenu. Ce qu’il n’hésita pas une seul instant à faire, voulant satisfaire sa curiosité tout en prenant connaissance de son patient. La première feuille du dossier était le document d’identification du patient. Comprenant les informations de bases pour son entrée dans leur service. Nom, Prénom, âge, taille, poids, date de naissance, groupe sanguin, etc... En plus de ça, les informations qui venaient tout droit de la CTC, certainement récupérées par les informaticiens de la clinique, étaient indiquées à la suite, leur permettant de prendre en charge le patient au mieux suivant ces conditions physiques liées aux modifications qu’il avait subit.

Jak Draven… 28 ans à peine. Un jeune homme d’1m85 pour 90 kilogrammes.

Derek avait déjà eut l’occasion de lire des dossiers sur des Cybers, et celui-ci ne lui semblait pas sortir de la normale. Enfin... jusqu’à ce qu’il tourne la feuille pour passer à la suivante. Un hoquet de surprise l’avait fait sursauter sur sa chaise quand il avait posé le regard sur l’une des photos prises au moment o % ce Jak Draven avait été trouvé dans la rue.

- Bordel…

Rien que la première photo aurait put donner des cauchemars à n’importe quelle âme sensible. Le sang y était omniprésent, dans tous les coins. Pas un coin de la photo ne portait de trace de sang. Le corps allongé là était dans un état… Comment pouvait il être encore en vie et déjà hors du coma ? Des organes vitaux avaient forcément étés touchés. Il devrait être mort ou au moins encore dans un coma profond entre vie et trépas. Chaque photo était un peu plus dure à supporter que la précédente. Le jeune homme avait été massacré, battu à mort part nombre d’armes différentes. Il identifia rapidement des hématomes causés par des coups directes de poings ou de pieds. Mais aussi des entailles profondes d’armes blanches et des impactes de balles. Ceux qui lui avait fait ça avaient eut la ferme intention de le tuer et pas à la manière douce. Le fait qu’il ai pu arriver jusqu’ici relevait du miracle.

Avec l’appui des photos et du compte rendu des médecins de l’hôpital, Frédéric lui avait alors fait un topo complet des blessures et des soins subit par son nouveau patient. Il lui avait apprit que même si les Cybers étaient dotés d’une capacité de régénération particulièrement rapide, celui-ci avait encore devant lui un longue pente à gravir pour guérir. Surtout que depuis son réveil, le convalescent se montrait assez peu coopératif et ce levait dès qu’il en avait l’occasion, rouvrant ses plaies encore fraîches. Tout ceci ne sembla pas effrayé le tout nouveau soignant qui avait demandé sans attendre le numéro de la chambre où avait été installé son patient pour aller de ce pas lui rendre visite et faire sa connaissance.

Troisième étage, chambre numéro 438.

Alors qu’il montait les marche de l’escalier peint de blanc, une espèce de boule désagréable était apparu dans son estomac. En arrivant au travail ce matin, il n’aurait jamais imaginé que cette journée serait le témoin d’un tournant décisif dans sa vie professionnelle et sa réinsertion dans une vie normale. A quelques mètres de lui, après cette porte coupe feu et un couloir blanc et jaune, se trouvait son premier patient. Celui dont il avait désormais l’entière responsabilité. Celui qu’il allait devoir surveiller et guider jusqu’à ce qu’il soit capable de sortir et de se débrouiller seul. C’était une grande responsabilité que son supérieur lui avait confié, et il avait l’intention de la mener le mieux possible.

Le dossier jaune contre son torse, il avait à peine passé les portes coupe feu de l’escalier que des éclats de voix s’étaient fait entendre dans le couloir, venant de sa droite. Ces sourcils c’étaient froncés, crispant légèrement son visage déjà sérieux alors qu’il suivait les voix pour rejoindre justement la chambre qu’il recherchait, la numéro 438.

Cette fois, la boule dans son estomac avait disparu, il franchit les quelques pas qui le séparait de la chambre au pas de course et s’arrêta à la porte qui était ouverte pour poser les yeux sur ce qui ce passait à l’intérieur. Tout comme le couloir, la chambre était peinte très simplement dans les tons blanc et jaune, tout équipée pour le confort et la sécurité de son occupant. Le lit était installé non loin de la fenêtre pour permettre au patient de regarder un peu dehors. Et de l’autre coté de celui-ci, coté porte, un jeune homme aux cheveux de la couleur du blé. Il ce tenait debout mais appuyé sur le lit et les jambes tremblantes. Son corps était recouvert presque entièrement de bandages dont certains c’étaient tintés de rouge, signe que les blessures dessous n’avaient pas cicatrisées. Il avait arraché le cathéter à son bras, laissant couler le contenu de la poche par terre. Et enfin, son visage, plutôt épargné par les blessures, était crispé dans une grimace de douleur et de colère. Prêt de lui, une jeune infirmière en blouse bleu, les cheveux châtains attachés en chignon au carré, tentait de le raisonner en restant douce et patiente. Mais le Cyber la rejetait à chaque fois qu’elle revenait, vociférant quelques injures et phrases désagréables d’une voix rauque, éraillée et tremblante. Il était très affaiblit, il n’y avait aucun doute.

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