Chapitre 7: Car-wash sur voiture en marche
La lumière blanche m'attirait. Je ne sentais plus mon corps. Je n'entendais rien. Je ne pouvais plus bouger. J'étais morte. Cela devait bien arriver un jour après les nombreux événements qui s'étaient produits ses derniers jours. Soudain , mes oreilles commencèrent à bourdonner, je commençais à ressentir des odeurs de désinfectant, je ressentais le sang affluer dans les moindres parcelles de mon corps et ma vue s'éclaircit. Je n'étais finalement pas morte. Je reposais dans une salle d'hôpital. J'étais allongé sur un lit dans une position inconfortable. Je tentais de me relever mais la douleur me foudroya et m'obligea à ne pas bouger. La porte à ma droite s'ouvrit et laissa entrer une jeune infirmière qui, en me voyant réveillée, sourit. Elle vérifia ma pancarte et les appareils qui m'étaient connectés et m'adressa la parole:
" Je vois que vous vous sentez confuse, je me trompe?
- Non pas du tout. Je ne me rappelle pas pourquoi je suis ici, qu'est-ce qui s'est passé?
- Votre immeuble s'est écroulé hier soir, m'annonça-t-elle. Heureusement, un jeune homme qui n'a pas voulu dire son nom vous a amené jusqu'à l'hôpital en voiture. Vous avez un sacré ange gardien.
- A ce que je vois. A quoi ressemblait-il, demandai-je avec curiosité.
- Je ne sais pas, je n'étais pas de service hier soir, m'informa-t-elle. L'infirmière en chef m'a juste révélé la façon dont vous êtes arrivée. Mais de toute façon elle ne l'a pas vu non plus.
- Dommage, répondis-je avec regret.
- Ne vous inquiétez pas, je suis sûr que vous le retrouverez bientôt, me consola-t-elle. Et je pense que demain matin vous pourrez sortir de l'hôpital , vous n'avez subi que des blessures superficielles. Je dois partir mais si vous avez des questions, vous pouvez appuyer sur le bouton rouge qui est là, elle montra du doigt une manette accroché au lit, et une infirmière viendra, vous avez compris?
- Oui, merci, la remerciai-je."
Le lendemain matin, je pus partir et à ma plus grande surprise, une berline noire s'arrêta devant moi. Un homme habillé tout en noir sortit par la porte côté conducteur, tourna autour de la voiture, s'arrêta devant moi, et me demanda:
" Etes-vous Sylvie Macquart?
- Oui, pourquoi?"
Il ne me répondit pas et ouvrit la porte de la berline. Il me pria d'y entrer. Je m'assis dans un siège tout en cuir et me retournait et vis Fatima. Elle n'était pas habillée comme d'habitude, elle était encore plus exubérante, elle portait tellement de bijoux en tout genre: colliers, bracelets, bagues..., qu'elle brillait telle une boule à facette vivante. Elle devait être allergique au tissu car elle n'était habillé que de la jupe la plus courte que j'avais vu de toute ma vie, son haut consistait juste à des paillettes qui étaient collées sur son corps. Ses chaussures étaient toute aussi originales, au lieu des chaussures à talons habituels, elles se composaient chacune de deux talons à l'arrière et un à l'avant. Et en guise de collants, elle s'était collée un assortiment de billets sur les jambes. Je pensais que c'était la tenue la plus choquante et étrange qu'y puisse exister. J'étais bouche bée par tant de culot. Elle se retourna vers moi et cria au conducteur qui avait repris sa place:
" Emmenez nous à l'adresse habituelle!"
En apercevant mon regard interloqué à travers ses lunettes de soleil, elle décida de m'éclaircir la situation.
" Après l'effondrement de l'immeuble, j'ai du reprendre mon ancien appartement, où devrais-je dire mon loft à Manhattan, et comme j'étais inquiète pour toi, j'ai appelé tous les hôpitaux de la ville pour te retrouver. Je l'ai finalement trouvé et ils m'ont annoncé que tu sortais aujourd'hui et comme tu n'as plus d'endroit où habiter j'ai pensé que tu aimerais vivre chez moi.
- Vraiment?
- Tu ne veux pas? Je comprends on ne se connaît que depuis quelques jours et j'étais un peu brusque, avec toi le jour où on s'est rencontré, et...
- C'est d'accord, j'accepte, l'interrompis-je."
Elle sourit de toutes ses dents blanches et cria de joie:
" On va trop s'amuser toutes les deux. Je vais pouvoir te présenter à toutes mes amies, tu pourras participer à mes fêtes, ça va être génial, ça je te l'assure!"
Je n'eus pas le temps de répondre que la voiture s'arrêta brusquement lorsqu'elle percuta quelque chose. Fatima lança un juron et sortit par la fenêtre de la voiture en l'explosant en projetant son énorme chaussure dessus. Elle courut alors jusqu'à l'avant de la berline et cria:
" Oh putain! On a écrasé Martika!" C'est la troisième cette semaine. Tu pourrais faire gaffe Martika!"
La jeune femme se releva et s'excusa auprès de la reine du ghetto:
" Je suis vraiment désolé, mais c'est le nouveau défi tendance en ce moment: le car-wash sur voiture en mouvement!
- Et alors? T'as qu'à le faire sur d'autres voitures que la mienne!
- Mais je ne savais pas que c'était la tienne! J'ai essayé sur les autres voitures mais ils n'ont pas apprécié me voir sauter sur leur voiture avec un seau d'eau et une éponge, informa-t-elle Fatima en montrant d'autres voitures dont certaines s'étaient encastrées dans des bâtiments ou des arbres, d'autres avaient leurs pare-brises qui portait la marque du corps de Martika.
- Il faudrait peut-être que tu arrêtes de participer à ces défis totalement cons non?
- Tu me traite de conne c'est ça?
- Mais non, t'as encore rien compris, soupira Fatima d'exaspération.
- Tu dis que je suis pas assez intelligente, c'est la même chose, connasse!
- Mais j'ai pas dit ça, s'indigna Fatima qui commençait sérieusement à s'énerver.
- Tu dis maintenant que je suis sourde et conne, s'exclama-t-elle en pointant un doigt accusateur sur Fatima. Comment oses-tu?
-Tu vas arrêter maintenant, dit avec fureur Fatima.
- Tu me donnes des ordres, t'es pas gênée!"
En réaction, Fatima lui jeta son poing dans la figure de Martika. Surprise je reculai de la fenêtre quand Fatima projeta l'autre sur la portière. J'assistai alors à une énorme bagarre de l'intérieur cosy de la voiture. Lorsque Martika prit du verre provenant de la vitre brisée précédemment par Fatima, La reine du ghetto enleva une de ses chaussures et frappa de toutes ses forces la tête de la blonde peroxydée qui s'écroula par terre, inconsciente. Martika remit alors sa chaussure et rentra dans la voiture de nouveau par la fenêtre, s'assit et demanda au chauffeur de nous conduire immédiatement à son loft. Le chauffeur démarra la voiture et on s'en alla, laissant le corps Martika au milieu de la route.
Après une dizaine de minutes de trajet, nous arrivâmes enfin devant un immeuble luxueux, à l'air récent. Nous sortîmes de la voiture et je suivis Fatima à l'intérieur. Le hall était majestueux, je levai les yeux au plafond et remarquai les incroyables lustres en cristal qui se reflétaient dans de magnifiques glaces au-dessus de nos têtes. Nous marchions sur un tapis aussi moelleux que de la mousse. Autour de nous, il y avait de nombreux canapés et fauteuils. Nous nous dirigeâmes vers l'ascenseur et elle appuya sur le bouton pour aller à l'étage le plus haut. L'ascenseur monta avec une rapidité fulgurante. L'ascenseur s'arrêta, et les portes s'ouvrirent sur un petit couloir qui menait à une unique porte en bois d'ébène. Elle sortit ses clés d'un des ses multiples talons et ouvrit la porte qui menait à son appartement. Je rentrai à l'intérieur et me figea devant l'immensité de l'appartement. C'était une vaste salle qui faisait office de cuisine, salon, et de salle à manger. Tous le mobilier était récent, et l'appartement d'une propreté impeccable. Elle me fit visiter l'appartement:
" Alors ici c'est la cuisine. Elle a été rénovée il y a quelques mois. Donc, comme tu le vois, ici c'est le salon. Ne t'inquiète pas pour la télé, je suis abonnée à toutes les chaînes américaines, et étrangères, m'annonça-t-elle en désignant son vaste écran plat. J'espère que tu n'est pas allergique à certains poils d'animaux.
- Non, je ne crois pas, lui répondis-je.
- Heureusement, soupira-t-elle en me désignant un vaste tapis blanc, brun et marron, je n'aurais pas voulu me séparer de mon tapis fait de trois sortes de fourrures d'ours. Je vais te montrer la salle de bain. Il y en a deux mais elles sont identiques."
Elle ouvrit une simple porte qui s'ouvrait sur une salle de bain digne de mes rêves les plus fous. Il y avait une douche, un bain et un jacuzzi, en plus des traditionnelles toilettes et du lavabo aux multiples fonctions. J'étais émerveillée. Ensuite, elle m'entraîna dans ma chambre. Elle était plus grande que mon ancien appartement. Il y avait un lit deux places, deux tables de chevets, une immense bibliothèque, un grand bureau avec une belle chaise rangée devant. Elle me montra après mon dressing. Il était aussi spacieux que la salle de bains. On aurait dit celui d'une de ses pubs pour les magasins de vêtements en ligne. Elle me montra ensuite son dressing à elle et j'eus l'impression de rentrer dans la caverne d'Ali Baba. Ces vêtements étaient tous des originaux de grandes marques et d'autres de moins connus mais qui constituaient les tenues les plus extravagantes. Elle me désigna ces tenues de sa main et me dit:
" Tu pourras m'emprunter des tenues si tu le souhaites.
" Oh non, je ne vais pas non plus abuser de ton hospitalité, répondis-je rapidement quand mes yeux s'étaient arrêtés sur une tenue faîtes de poissons panés."
Tout à coup, la sonnette retentit dans l'appartement. Fatima alla ouvrir la porte tandis que je restai dans le dressing en regardant les multiples tenues qui s'y trouvait. De où j'étais je pouvais entendre la conversation de Fatima avec son interlocuteur:
" Qu'est-ce que tu fais ici, demanda-t-elle sèchement à la personne qui s'était présentée à sa porte. Je t'avais prévenu que je ne voulais plus te voir dans les parages. Je croyais que tu l'avais bien compris mais comme tu es ici, je suppose que non.
- Je ne suis pas là pour toi Fatima. Je suis là pour elle."
Je poussai un cri d'exclamation. C'était la personne qui habitait l'appartement dans lequel j'avais atterri et j'avais enfin reconnu sa voix. Je courus hors de la pièce et allai à la porte d'entrée. Il se tenait là devant moi. Je l'appelai:
" Rodrigue?
- Sylvie, tu es là, je te cherchais depuis que je t'ai emmené à l'hôpital, m'annonça-t-il en tournant les yeux vers moi.
- Que fait-tu ici, je croyais que tu habitais toujours à Paris, le questionnai-je avec curiosité.
- Vous vous connaissez, s'étonna Fatima.
- Oui, bien sûr. J'étais son voisin. Nous sommes devenus amis à l'école primaire, tu te souviens?
- Bien sûr que je me souviens, t'es idiot ou quoi. Je me souviens aussi qu'on a été dans la même classe pendant tout le collège et au lycée jusqu'à que tu partes faire sciences po pour après faire journaliste, et que moi je suis partie à l'université, étudier le droit. Depuis on s'est perdu de vue. Pourquoi tu m'as pas prévenu que tu partais vivre aux Etats-Unis?
- Quand je suis rentré à sciences po, ma vie s'est accéléré. Entre mes études, mon association, mes potes, même ma copine, je n'avais plus le temps pour te parler, et quand j'essayais c'était toi qui n'était pas disponible. Après il y a eu mon voyage d'étude, et tout ce qui s'est ensuivi. Enfin quand j'ai eu mon diplôme, je suis parti vivre ici et je suis devenu journaliste pour le New York Times.
- Woaw, m'exclamai-je. Je n'étais pas au courant.
- Et toi qu'est-ce que tu es devenu?
- Oh c'est trop long à expliquer. Mais pourquoi tu n'as pas dit aux infirmières qui tu étais, pourquoi tu n'es pas venu me voir?
- Parce que, tu vas trouver ça bête, mais j'avais peur que tu le prennes mal comme on ne s'était pas vu depuis plus de cinq ans et..., il s'arrêta de parler et se mua dans un silence gêné.
- Tu n'avais aucune raison pourtant!
- Je m'ennui, s'exclama soudainement Fatima dans un long soupir. Rodrigue je t'avais dit de ne pas revenir ici et ce n'est parce que t'as sauvé la vie de Sylvie que tu as le droit de rester sur le pas de cette porte.
- Mais pourquoi, m'indignai-je en criant sans m'en rendre compte.
- Tu ne t'en es toujours pas remis c'est ça Fatima. Tu pourrais quand même tourner la page!
- Oh toi, je vais te suicider si tu continues.
- Oh non, ris Rodrigue, t'es mignonne mais un peu stupide.
- Quoi!
-Tu ne t'es toujours pas remis que je t'ai vendu, c'est ça. Et que je tue ton mari, hein? Tu pourrais me pardonner après tout ce temps, non?
- T'as fait quoi, criai-je les larmes aux yeux"
Je ne le reconnaissais plus, il n'avait rien avoir avec le jeune lycéen avec lequel je traînais après les cours.
" Tu ne peux pas comprendre Sylvie!
- J'a-do-re, s'exclama une voix derrière nous."
Nous nous retournâmes tous ensemble tandis que Rita Greeter était en train d'essayer de se relever en sortant de sous le canapé. Ce n'était pas possible, comment on avait fait, moi et Fatima pour ne pas la remarquer avant, me demandai-je intérieurement. Elle sortit alors un carnet et commença à écrire, et lire à haute voix:
" Un retour du passé chamboule la vie de Sylvie, l'ex petite amie de Zayn qui avait très récemment assisté à la mort de son nourrisson jeté par sa meilleure amie la célèbre reine du ghetto Fatima. Je sens que c'est un article qui vas faire la une encore une fois, s'écria-t-elle tout en jubilant. Le dernier article a permis au journal de faire un record de ventes tout de même.
- Donnez moi ça tout de suite, dit alors avec agressivité, Fatima qui empoigna le poignet de la journaliste tout de vert vêtue pour lui arracher son stylo."
Elles se débattirent quand tout à coup, la porte de l'ascenseur retentit, et Martika surgit une arme au poing.
" C'est fini, maintenant. Prépare toi à mourir!
- Oh la phrase à deux balles se moqua Fatima tout en se disputant le stylo avec Rita.
-Ne te fous pas de ma gueule, s'écria d'une voix suraiguë la blonde en tapant du pied rageusement.
- Enfuyons nous, dit soudainement Rodrigue en me prenant les bras, tandis que Fatima explosait de rire une nouvelle fois. Partons ensemble, loin d'ici, et vite.
- Mais qu'est-ce qui vous prend à tous aujourd'hui, m'exclamai-je en m'agitant car Rodrigue commençait à me faire mal en me tenant de cette façon.
- Je t'aime voilà c'est dit, prononça alors Rodrigue.
- Pas moi, hurlai-je avec fureur, alors qu'un coup de feu retentit."
Je me retirai de l'emprise de Rodrigue et courus vers l'ascenseur avec Rodrigue à mes trousses, sans savoir si quelqu'un avait été touché. J'atteins l'ascenseur mais je ne pus appuyer sur le bouton qu'il me prit le bras avec fureur et me gifla tellement fort que j'en tombai sur le sol. Il me regarda avec fureur et sortit un couteau de sa poche. Il le leva bien haut au-dessus de sa tête et allait me poignarder quand tout à coup la porte de l'ascenseur s'ouvrit, et que en même temps un énième coup de feu retentit. Je sentis alors un liquide chaud couler sur ma tête. Un hurlement retentit dans le vaste appartement.
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