Chapitre 13: La vérité vraie de Patrick
Patrick
" Lucile, pourriez venir dans mon bureau pour quelques minutes?
- Bien sûr. Tout de suite?
- Oui, si ça ne vous dérange pas.
- Non pas du tout. Laissez moi juste ranger ses dossiers dans mon bureau et j'arrive.
- A tout de suite."
Elle continua son chemin dans le couloir tandis que j'allai dans mon bureau au dernier étage de l'immeuble. Je pris l'ascenseur qui s'ouvrait directement sur la vaste pièce. Je marchai jusqu'à mon bureau et m'assis sur ma chaise préférée, la plus confortable que j'avais trouvé quand j'avais réaménagé le bureau quelques mois plus tôt. J'attendis quelques minutes avant d'entendre les portes de l'ascenseur s'ouvrirent, et les pas de Lucile, une des meilleures employées de la maison d'édition. Je la priai de s'asseoir sur la chaise placée devant mon bureau. Elle me demanda ensuite l'objet de sa venue ici. Je lui répondis:
" Je voulais te voir pour te féliciter pour ton très, mais alors vraiment, très bon travail ce mois-ci! Tu as choisi dix livres parmi une centaine de manuscrits il y a quelques mois, et ces dernières semaines tu as pu les publier, et ils ont eut un énorme succès. " La colère du ciel nuageux" a eu la note maximale dans plusieurs journaux , et dans les revues littéraires spécialisées les plus célèbres. C'est excellent. Tu es une des meilleures éditrices de cette maison.
- C'est que mon travail, vous savez, dit-elle toute gênée par tant de compliments. Je suis ici depuis déjà cinq ans, je commence à avoir l'habitude, à avoir l'œil.
- Que vous êtes modeste. Il y a des éditeurs ici qui sont là depuis une vingtaine d'année qui sont pas aussi bon que vous, lui avouai-je sincère.
- Oh non, arrêtez, vous me faîte rougir, se plaignit-elle en riant.
- Et je voulais vous annoncer que vous allez avoir une augmentation!
- Vraiment, s'étonna-t-elle. Merci beaucoup.
- Ce n'est rien. On s'est concerté mon père et moi, et on s'est tous les deux mis d'accord pour augmenter ton salaire. Et je voulais vous proposer de dîner avec moi ce soir.
- Non, je ne peux vraiment pas.
- Mais ça me fait plaisir!
- Je ne peux pas, n'insistez pas. J'ai d'autres obligations ce soir.
- Oh, mais si c'est le jour qui ne vous convient pas, on peut remettre le dîner un autre jour, lui proposai-je.
- Non, ce n'est pas la date qui ne me convient pas, mais je veux que notre relation reste purement professionnelle.
- Ne dîtes pas n'importe quoi. Je sais que vous me désirez.
- Quoi? Non pas du tout. Je suis marié, j'ai un enfant qui vient de fêter sa première année, je suis heureuse, et vous ne m'intéressez pas du tout. Sans vous vexer, ajouta-t-elle précipitamment de peur que je le prenne mal.
- Tu ne disais pas ça quand on sortait ensemble, lui rappelai-je.
- J'avais vingt ans à l'époque, je te signale. Et on ne sortait même pas ensemble vu que j'étais juste ta maîtresse alors que tu était le petit ami de Sylvie Macquart.
- Je sais qu'au fond de toi, tu regrettes que notre relation n'est duré plus longtemps.
- Non, ces quelques mois m'ont suffi. Vivre une relation en cachette c'est pas trop mon délire tu vois. De plus tu en préférais une autre donc je suis bien heureuse qu'elle ait découvert notre relation et qu'elle se soit terminé, quand ton père t'as annoncé que vous déménagiez aux Etats-Unis.
- Arrêtes de mentir. Tu dis n'importe quoi! Tu rêves de moi le soir, j'en suis sûr!
- Que t'es narcissique. Il n'y a pas que toi dans la vie. C'est pas parce que tu es beau, et riche que le monde t'appartient.
- Tu viens de dire que j'étais beau quand même, et ne me dis pas que c'était un lapsus!
- T'es pas moche c'est vrai, mais ça ne veut pas dire pour autant que je veux coucher avec toi!
- Arrête de faire ta prude!
- Je ne fais pas ma prude, tu raconte n'importe quoi. Je t'énonce juste les raisons pour lesquelles je refuse ton dîner.
- Si tu veux on peut passer le restaurant et passer directement à chez moi, lui lâchai-je avec un regard malicieux.
- T'es qu'un gros porc! Tu me dégoûte, déclara-t-elle en mimant une expression de dégoût.
- Tu ne disais pas ça à l'époque!
- Mais tu vas arrêter de remettre le passé sur la table. Le passé est passé.
- Je m'offre à toi et tu refuses.
- Je m'offre à toi, sérieux? Tu te moques de moi ou quoi. Tu veux juste coucher avec moi et comme toute personne sensée je dis non.
- C'est à ce jeu que tu veux jouer, c'est ça? Ah je commence à comprendre.
- Ce n'est pas un jeu. Arrête de déformer mes propos. Je peux partir, me demanda-t-elle le regard noir.
- Bien sûr, mais quand tu m'auras donner un baiser.
- Ne vas pas trop loin non plus. Au revoir, dit-elle précipitamment."
Ainsi elle se leva, et marcha d'un pas rapide vers l'ascenseur. Je me levait à mon tour et lui courut après, et l'atteins-je avant qu'elle puisse appuyer sur le bouton. Je lui agrippai le poignet, la retournai vers moi et l'embrassait. Elle me gifla, et enfonça le bouton plusieurs fois. Le temps que l'ascenseur arrive, elle me désigna du doigt et me lança:
" Tu auras des nouvelles de mon avocat, sale pervers.
- Tu me fais rire, je sais que tu as aimé!
- Non, je vais sortir d'ici et porter plainte pour harcèlement sexuel, ça fait plusieurs jours que je te vois me suivre partout où je vais dans le bâtiment.
- Ce n'est qu'un pur hasard, mentis-je furieux qu'elle me défis comme ça.
- Il y a une trentaine d'étages dans l'immeuble! Maintenant tu vas cesser de me faire des avances, ou je te jure je vais voir la police aussitôt.
- Tu n'oserais pas, la menaçai-je en serrant fermement ma main sur son poignet.
- Tu me fais mal, lâche moi, cria-t-elle de douleur."
Elle me donna un coup de poing. De surprise je la relâchai. Les portes s'ouvrirent alors elle s'engouffra à l'intérieur, et referma aussitôt les portes pour que je ne puisse rentrer. De rage, je frappais l'ascenseur de mes poings. J'étais furieux que cette femme me menace. Personne n'avait le droit de me menacer.
Le reste de la journée, je travaillais le plus efficacement possible, tout en ruminant sur ce qui venait de se passer. Mais le travail me permit de me libérer de mes idées noires, et je travaillais jusqu'à une heure très tardive. J'avais appelé la standardiste pour demander des nouvelles de Lucile, et elle me révéla qu'elle était rentrée chez elle car elle ne se sentait pas très bien. Bien sûr, je savais qu'elle mentait. J'espérais grandement qu'elle me mettrait pas ses menaces à exécution et je rentrai chez moi à pied pour me changer les idées. Il faisait déjà nuit quand je sortis du bâtiment. Le froid vint comme une fraîcheur bienvenue. Je marchai dans les rues de New York jusqu'à mon immeuble en pensant à ma rencontre avec ma copine actuelle: Fatima, la reine du ghetto. Elle au moins n'avait pas remarqué que je l'avais trompé, alors que Sylvie en avait fait tout un plat. Je me souvint, alors que les lumières de la ville m'éblouissait du jour où elle avait débarqué dans mon bureau, furieuse, un manuscrit sous le bras:
La paperasse s'amoncelait sur le bureau tout neuf, fraîchement acheté. J'avais une tonne de travail à effectuer. Mon père avait pris un long congé pour parcourir le monde et me laissait la boutique. Quelques semaines plutôt, je l'avais suivi dans toutes ses affaires pour que j'apprenne le métier. Car, mon vieux père allait bientôt partir à la retraite, et je serai l'heureux successeur de la plus grande maison d'édition du monde entier. Alors que je triai les papiers entre les tâches que je devais faire et celle déjà faite et qui devait être classés, j'entendis les portes de l'ascenseur, récemment réparé, s'ouvrirent. Des bruits de talons me parvinrent, et apparut alors dans mon champ de vision, une grande femme, à la peau mate, dans une tenue qui ferait faire une syncope à tout bon croyant. Elle portait des lunettes de soleil, alors que l'on était à l'intérieur, une jupe très courte, un tee-shirt lacéré, des chaussures à talons noires de trente centimètres de haut, et enfin un petit sac à main tout en or plaqué. Ses nombreuses bagues m'éblouirent quelques secondes. Elles étaient faites en pierre précieuses. Je ne connaissais pas les noms car je n'étais pas très connaisseur dans ces choses là. Elle était furieuse. On le voyait très bien dans sa démarche déterminée, prête à en découdre. Je pris peur quelques instants, mis mon doigt au-dessus du bouton pour appeler la sécurité quand elle s'arrêta devant moi. Elle tapait du pied rageusement. Elle avait un manuscrit, qui devait faire cinq cents pages je dirais, sous son bras nu. Elle me le montra et cria enragée:
" Vous refusez de publier mon livre! C'est une honte. J'ai pris un an à écrire cette autobiographie qui surpasse tous les livres que vous avez publié auparavant.
- Je vous demande déjà de vous calmer, et asseyez vous, nous allons en parler de façon professionnelle, tentai-je de la calmer sans succès.
- Je ne suis pas professionnelle, c'est ça. Non mais je suis hyper professionnelle. Et je ne vais pas m'asseoir, oh ça non, je ne reçois pas d'ordre d' un homme d'une caste inférieur.
- Je vous demande pardon?
- Mais t'es bouché ou quoi? Laves toi les oreilles, ça peut servir par moment.
- Pourriez vous au moins me dire votre nom, lui demandai-je en tentant de retrouver mon calme.
- Je suis Fatima, la reine du ghetto!
- La quoi?
- La reine du ghetto. Tu aurais bien besoin d'un appareil auditif. Je suis la femme la plus connue de tout New York.
- Si vous le dîtes... Revenons à votre manuscrit, quel est le problème?
- Il y a une des potiches d'éditrices que vous avez embauché qui a refusé de publier mon livre.
- Et quel est le nom de votre livre, si je peux me permettre?
- Kidnappée par un thug... ou comment je suis devenue la reine du ghetto! C'est le récit véridique de ma vie, de mon enlèvement par un thug, jusqu'à mon mariage arrangé avec le roi du ghetto de New York et son assassinat.
- Il faut dire que votre livre peut en dérouter plus d'un. Votre livre n'a pas l'air très réaliste.
- Pourtant c'est le récit de ma vie. Je connais ma vie mieux que je vous à ce que je sache. Vous n'êtes pas Big Brother!
- Ne vous emportez pas! C'est peut-être le style d'écriture qu'il ne lui a pas plu?
- Vous êtes en train de dire que je ne sais pas écrire. Vous êtes vache quand même. Je suis allé à l'école, jusqu'au lycée même!
- Je ne voulais pas dire ça, je voulais vous demander si c'est pas la façon d'écrire, par exemple les tournures de phrase, ou par exemple les descriptions sont trop longues ou ce genre de chose, vous voyez?
- Ah d'accord. Parlez mieux aussi, vous ne savez pas trop vous exprimer.
- Et si on parlait de ça autour d'un repas, je vois qu'il est déjà l'heure du déjeuner, lui proposai-je en tournant le regard vers l'horloge posée sur mon bureau.
- Non, vous me prenez pour qui? Je ne vous connais pas, je ne vais pas manger avec vous. Moi je suis quelqu'un qu'on n'achète pas. Je ne suis pas Martika!
- Qui?
- Martika! Vous ne connaissez pas? Ce n'est pas grave. Alors qu'est-ce qu'on peut faire pour ma passionnante autobiographie, me demanda-t-elle en me regardant droit dans les yeux.
- Pour commencer vous pouvez me prêter votre manuscrit pour que je le lise, et ensuite on parlera des points positifs et négatifs de votre ouvrage pour l'améliorer, et pour enfin, essayer de le publier. Cela vous convient?
- Oui, parfaitement, c'est une très bonne idée."
Elle me donna alors son livre et elle partit en me laissant son numéro, pour que la rappelle quand j'aurais fini de lire son livre.
Et c'est quelques jours plus tard, après avoir lu entièrement le récit de sa vie, que je réussis à l'inviter à déjeuner, et quelques semaines plus tard, à sortir avec elle. Elle me manquait à ce moment-là. Au fond je l'aimais bien Fatima, j'étais pas amoureux d'elle mais je l'appréciais.
J'arrivai devant mon immeuble. Je décidai de monter les escaliers, cela faisait déjà une semaine que je n'étais pas allé à la salle de sport, et j'arrivai jusqu'à la porte de mon loft. Je sortis les clés de la poche de ma veste anthracite, et déverrouillai la porte d'entrée. Je mis ma veste sur le porte-manteau, et enlevait mes chaussures bien cirées. Je fis à manger. Ensuite je mangeai tranquillement devant les informations à la télévision. Rien d'important c'était passé dans le monde ce jour là. Ensuite je me déshabillai et enfilai mon pyjama en soie. J'aimais le luxe. Je cherchai mon livre du moment dans l'appartement, et le retrouvai sur la table basse. J'éteignis tous les lumières de mon appartement, et admirait quelques minutes la vue que m'offrait les fenêtres. C'était magnifique. Ensuite, j'allai dans ma chambre. Alors que je mettais ma main sur l'interrupteur je perçus un grognement. J'allumai la lumière, et je vis une énorme masse qui était dans mon lit, caché sous la couverture. Je m'approchai à pas discrets, tandis que la chose grognait toujours autant. Je pris la couverture de la main droite, et la tira d'un geste rapide. Je poussai un cri de stupeur, mêlé à de l'horreur. Un énorme cochon était couché dans mon lit.
Il me regardait de ses grands yeux. Il sortit du lit, et commença à me suivre. Je courus dans la salle à manger, tandis que le cochon me suivait toujours. Je me dirigeai vers la porte d'entrée, et je sortis dans le couloir. Mais le cochon s'arrêta devant la porte. Je m'éloignai encore un peu plus, mais le cochon resta à sa place. Je décidai de revenir dans mon loft, et je poursuivis jusqu'à la grande fenêtre, le cochon sur mes pas, et l'ouvrit. Je reculai, et poussai le cochon par la fenêtre. Le cochon tomba lors de trois étages, pour finir par s'écraser sur un mec.
Paniqué, je me rhabillai en me précipitant, mis mes chaussures n'importe comment, et dévalai l'escalier jusqu'à la sortie de l'immeuble. Je courus jusqu'au lieu de l'accident, et aperçus avec horreur que le cochon était toujours vivant, mais que l'homme en-dessous un peu moins. Sa tête était en sang. Je remarquai qu'il portait un uniforme de policier. Je poussai le cochon de l'homme, et pris son pouls. Le policer était définitivement mort. Personne était dans la rue. J'en profitai pour fouiller dans ses poches. Je trouvai ses papiers d'identité. La victime se nommait Cyril Mayolid. Il tenait un papier dans sa main. Je le pris, et le lus. Je blanchis soudainement. C'était une citation à comparaître. Je devais aller au tribunal, car Lucile avait porté plainte contre moi, pour harcèlement sexuel, et menaces. J'étais sidéré, elle avait osé. Il fallait que je fasse quelque chose. Je montai le cadavre, et le cochon dans mon appartement, dans les escaliers grâce à la porte de service, sans que personne ne me voit, normalement. Je mis le cadavre du policier dans la baignoire, le cochon aussi. Je fermai la porte, et tombai sur mon canapé comme touché par la foudre. Comment allai-je m'en sortir. Soudain, mon téléphone vibra. J'avais reçu un message. Je l'ouvris, le lus et mon visage prit la teinte d'un spectre. C'était écrit:
Je vois que tu as bien reçu mon cadeau, mais j'ai vu aussi que tu ne l'avais pas trop apprécié! Mais de là à tuer un policier! Tu as le sang chaud Patrick. Mais sache que j'ai des photos de la scène, et si tu ne suis pas mes consignes à la lettre... tu n'auras plus que tes yeux pour pleurer!
Une amie qui vous veux du bien,
RG.
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