La belle Cendra

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La marâtre de la belle Cendra

Inspiré du conte « Cendrillon ou la Petite Pantoufle de verre » de Charles Perrault (et de bien d’autres auteurs)

 Il était une fois, à Emor, capitale de la Cobaltique, une noble famille dont le père était un proche de l’Empereur. Homme avisé, il était souvent quémandé au palais pour offrir ces humbles conseils au dirigeant du pays. Sa femme, d’une grande beauté, attirait tous les regards et toutes les jalousies. Elle restait pourtant humble et sans prétention, et toute personne qui la côtoyait aurait cru voir en elle une sainte. Le charmant couple avait une fille, une belle enfant aux cheveux bouclés d’or, destinée à devenir aussi merveilleuse que sa tendre mère.

 Mais un jour, l’homme découvrit que son épouse était tombée terriblement malade. Il fit venir à son chevet Savants et médecins, mais nul ne put soulager la douleur qui dévorait la pauvre dame de l’intérieur. En désespoir de cause, on fit demander l’Évêque de la ville, une femme réputée pour ses miracles et qui avait une connaissance sans limite des arcanes du Culte.

 Dans un premier temps, l’arrivée de l’Évêque sembla soulager la malade, qui récupéra assez de force pour profiter de la compagnie de sa fille. Ne sachant si elle finirait par guérir, elle recommanda à l’enfant de toujours rester bon avec autrui, de se garder de toute ambition démesurée, et de ne jamais porter la main sur quiconque. L’enfant lui en fit la promesse.

 Et puis, quelques jours plus tard, la femme mourut d’une soudaine accélération de sa maladie. L’enfant en fut bien malheureuse, et son mari tout autant. L’Évêque, qui avait fait semble-t-il tout son possible pour la mourante, décida de rester parmi eux quelque temps, dans le but de les réconforter. Elle fit si bien son travail que, seulement après quelques mois de veuvage, l’homme et elle se marièrent.

 Il se trouve que, pour l’un comme pour l’autre, il s’agissait là du second mariage. L’Évêque était déjà mère de deux filles du même âge que celle de son nouveau mari. Celles-ci avaient la mine dure et hautaine des enfants qui savaient que le destin leur réservait une vie de faste et de grandeur. La cohabitation des trois petites filles ne fut pas chose aisée. Profitant d’être à deux contre une, les deux sœurs avaient comme passe-temps préféré de persécuter leur demi-sœur, et la pauvre enfant était sujet de railleries et de plaisanteries. Désirant respecter le vœu de feu sa tendre mère, l’enfant resta humble et ne se défendait que trop peu face aux deux petites pestes.

 Pour ne rien arranger, sa marâtre prenait toujours le parti de sa progéniture, et n’hésitait pas à donner des corvées humiliantes à la jeune fille. Ainsi, c’était à elle de nettoyer l’âtre des cheminées, si bien que ses cheveux, autrefois magnifiques et aux reflets d’or, étaient parsemés de cendres. C’est pour cette raison que l’enfant fut renommée Cendra par ses demi-sœurs, et que ce surnom fut vite adopté par tout le monde.

 La vie se poursuivit ainsi, et les trois enfants grandirent. Il apparut très vite que, conformément aux attentes de tout le monde, Cendra embellissait de jour en jour. Chaque nouvelle journée passée semblait la rapprocher de la beauté d’antan qu’avait été sa défunte mère.

 C’était tout le contraire de ses deux belles-sœurs. Si l’Évêque n’était pas dénouée de charme, même à son âge de plus en plus avancé, elles ne semblaient pas en avoir hérité. Elles tenaient plus de leur père trépassé, et même quelques poils au menton qu’il fallait bien vite faire disparaitre au petit matin.

 Malheureusement pour la jeune Cendra, son existence avait été oubliée de tous, et on ne voyait en elle qu’une domestique, peut-être même une esclave, de la famille. Il faut dire qu’elle n’était pas très bien habillée, et même si sa beauté aurait pu faire chavirer les cœurs, personne n’aurait eu l’idée de se pencher sur elle, ignorant à côté de quel œuvre d’art on passait. L’Évêque et son mari eux-mêmes ne lui prêtaient pas beaucoup plus d’attention que si elle avait été une tâche à la fenêtre. Seules ses demi-sœurs, emplies de jalousie, lui menaient la vie dure en lui réclamant toujours plus de tâches que, bien trop bonne, elle réalisait.

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