Chapitre 2

2 minutes de lecture

Camélia a seize ans maintenant et, d’après les choix de ses parents, c’est une belle blonde au visage bronzé et au corps magnifique. Pourtant elle n’est pas satisfaite. Elle va voir son grand frère, archétype du beau brun aux yeux bleus tant convoité par les femmes.

– Tu me trouves comment par rapport aux autres ?

– Ma sœur est forcément belle, pourquoi ?

– Tu n’as pas l’impression que je leur ressemble ?

– Non, chacun est différent, tu ne crois pas ?

Camélia hausse les épaules, pas vraiment satisfaite par la réponse de son frère, et sort. Elle trouve que trop de gens se ressemblent. Des dizaines de filles ont les mêmes cheveux qu’elle, toutes ont la même taille fine et trop nombreuses sont celles dont la forme du visage est similaire à la sienne. Ce n’est pas possible ! Qui donc a inventé l’idiotie de pouvoir choisir le physique de son enfant ? Et ce n’est pas tout ! Les progrès faits depuis sa naissance sont considérables car très compliqués. On peut maintenant déterminer quelques traits de caractère de son enfant ou choisir une couleur d’yeux comme le violet, le turquoise ou l’ambré. Cela dit, ces options sont bien évidemment payantes, et on ne parle pas ici de quelques dizaines d’euros !

Et puis quelle idée ont eu ses parents de faire comme tout le monde ? Résultat : elle est belle, oui, mais rien ne la démarque des autres. Elle se fond dans la masse, comme toutes les filles. Pas moyen pour aucune d’elle de se différencier un tant soit peu. La singularité a disparu.

« Pression sociale » a-t--elle entendu un jour. Mettez-la où je pense, se dit-elle. Peut-on vraiment appeler les adultes comme ça s’ils sont incapables d’avoir l’audace de mettre au monde une fille plus petite que la moyenne ou plus grosse que les fils de fer féminins qu’on voit ? Camélia ressent un mépris grandissant dans sa poitrine pour ces adultes sans courage, suivant aveuglément les règles de la société. Elle connait les statistiques. Littéralement cent pourcent des parents ont recours à cette application minable WhatABB. Vraiment, what a baby ? Ton bébé il ressemble à tous les bébés du monde, bordel ! rage-t-elle en son for intérieur. Le créateur de cet outil technologique des plus avancés avait sans aucune surprise fait fortune pour une véritable aberration, un ramassis de merde destiné à mettre tout le monde sous sa coupe. À contrôler le monde, en somme. Et ça, Camélia ne peut pas le concevoir. Elle compte bien se battre contre cette cause ignoble de décider pour l’enfant ce qui devrait être naturel.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Larousse ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0