Le naufrage du Kraken
L'onde immobile dort, la nuit reluit d'étoiles,
Le lac sombre est cerclé par d'immenses pins bleus,
Le Kraken vogue droit, étendant ses longs voiles
Sur des flots de velours à l'éclat ténébreux.
Un souffle aussi léger que celui d'une amante,
Joue avec les cheveux qui s'envolent au vent.
Les embruns caressant la narine tremblante
Apportent des parfums venus de l'océan.
L'eau clapotante bat tel un cœur qui espère,
Elle effleure en passant la coque du voilier,
Avant de se briser en mille éclats de verre,
C'est le ciel à l'envers, ou bien c'est son reflet.
Et la vague est vivante, et la vague est vibrante ;
Elle s'agrippe aux pieds, prise d'amour dément,
Nul ne peut repousser cette masse mouvante,
Qui enroule sa proie, sifflant comme un serpent.
L'ogre aux crocs de récif a dévoré la nave,
Priez simples mortels, marins infortunés !
Dans sa gorge béante a disparu l'épave,
Les hommes d'équipage et les cent passagers.

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