Chapitre 2 : Enès - Partie 4

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Tec était allongé sur le canapé, le bras droit tendu vers le plafond, détenant un énième dossier. Il s’arrêta brusquement dans sa lecture, nous montra le dossier illisible tant j’étais loin. Et alors, une nouvelle épine vint nous piquer.

— Et le psy.

— Le psy ?

— Oui, le psy. L’amant de la femme.

Pardon ? La femme avait un amant ? Mais ce n’était pas vrai. Cette famille avait décidément de gros secrets. On se demandait d’ailleurs comment pouvait-elle tenir encore debout. Elle était destinée à être détruite d’une manière ou d’une autre. Cela ne faisait plus aucun doute : ces vacances au chalet avaient pour but de ressouder les liens déjà morts.

Cela me renvoya directement à mon cas personnel : mon ex fiancée qui m’avait trompé avec cet enfoiré de Steeve. Ce n’était qu’un coup d’un soir, selon elle. Alors pourquoi ils se tournaient autour depuis des mois avant qu’ils finissent par coucher ensemble ? Steeve voulait bien sûr la baiser depuis longtemps. Et cette garce s’était fait avoir comme une débutante. Elle regrettait, d’après elle. J’étais sa vie, d’après elle. Elle ferait tout pour se faire pardonner, d’après elle.

Pourtant, j’avais retrouvé des messages après leur nuit passée ensemble, des messages douteux à base de : « Tu me manques », « Tu ne peux pas oublier tout ce que nous avons vécu ensemble » et j’en passais. En fait, c’était lui qui lui courait après, certes. Mais elle ne l’avait pas bloqué, elle continuait de le voir à des soirées, de lui parler, de rire avec lui. Devant moi. Soi-disant que cela ne voulait rien dire parce qu’elle le faisait devant ma salade. Oui, je mangeais dans mon coin, tout seul, avec quelques personnes qui passaient me voir pour m’apitoyer : « Je sais que c’est dur ce que tu vis », « Si tu as besoin, nous sommes là », et ma main dans votre gueule, vous en avez besoin ?

J’étais persuadé qu’elle continuait de baiser avec Steeve dans mon dos, après leur première fois. Je l’étais parce qu’elle le regardait avec des yeux pétillants, lesquels je n’avais plus vu leur existence depuis bien longtemps quand elle me fixait droit dans les yeux. Mais je l’avais par-do-nné. J’étais un idiot, pas vrai ? Tandis que je n’étais même plus amoureux. C’était sans doute cela le pire. Je l’ai pardonné alors que je ne l’aimais plus. Je ne pouvais même pas dire : « Je suis fou amoureux d’elle, l’amour m’a rendu aveugle. Je voulais que ça marche entre nous. » et autres conneries du genre. Non, j’étais juste habitué à elle. Elle faisait partie de mon quotidien et je ne le voyais plus sans elle. C’était la routine qui m’avait bouffé jusqu’à la moelle. Jusqu’au jour où j’ai eu le courage de la quitter. Ce qu’aurait dû faire cette femme, peut-être qu’elle serait encore en vie, si elle l’avait fait.

Mattéo abandonna tout ce qu’il faisait pour laisser place à la stupeur de découvrir une énième vérité sur cette famille. Bon Mattéo. Bon toutou.

— La femme avait un amant. Merde alors.

— Un psy, en plus, jugea Tec. Toujours se méfier des psys. Ils nous cernent et voient nos secrets les plus noirs.

— Il aurait découvert que son mari la battait, pour se venger, il l’aurait tué.

— Pourquoi aurait-il tué sa conjointe ?

— Imaginons : il découvre que sa copine se fait tabasser par son mari. Sa copine lui dit qu’elle part pendant un mois dans un chalet en montagne. Il les suit. Il tue le mari violent pour la protéger. Elle le découvre. Une violente dispute éclate. Pris de colère et de panique parce qu’elle le menace de le dénoncer, il tue les témoins, AKA sa copine et la fille.

C’était possible. Mattéo avait émis une bonne hypothèse. Du moins, cela semblait un peu gros, mais plus c’était gros, plus c’était crédible.

Suspect numéro cinq : le psychiatre.

Avec cinq suspects dont trois plus que probables, nous n’étions pas sortis de l’auberge. Nous devions absolument en savoir davantage sur ce psychiatre, quitte à connaître son film préféré. Toute information sera la bienvenue.

— Qu’est-ce que nous savons sur ce psy ?

— Samuel Delacroix. Trente-six ans. Né le vingt-deux juillet…

— Un cancer, tiens donc ! s’enjoua Theia.

— Les cancers sont des tueurs ?

— Pourquoi pas ?

Je me demandai s’il existait des études statistiques sur les tueurs et leur signe astrologique. S’il pouvait y avoir un lien entre eux. Cette question m’intriguait tant que, plus tard dans la soirée, j’avais vérifié sur internet : « lien signe astrologique tueur ». Et comme par magie, parce que internet était vraiment un outil magique, j’avais trouvé que le signe de la Vierge était le plus meurtrier. Suivi des Gémeaux, des Poissons et des Sagittaires. C’était dingue qu’il y ait des études pour cela. Mais cela ne m’étonnait guère, il y avait des études pour absolument tout. Quant à l’explication, ils avaient répertorié les tueurs en série selon leur date de naissance. Aussi simple que cela.

Retournons à notre enquête. Samuel était probablement un type bien glauque pour laisser sa conjointe être mariée avec un homme qui la tabassait. Quand on aime réellement, on fait tout pour la protéger. Or, il n’était que l’amant.

— Quoi d’autre à son sujet ?

— Psychiatre à Paris depuis vingt ans. Il a rencontré la victime il y a trois ans lors d’une soirée. Je suppose que c’est à cet instant que leur relation a commencé.

— Donc ce Samuel vole la femme des autres…

Theia se redressa subitement, les yeux écarquillés, les sourcils relevés. Elle détenait quelque chose, c’était sûr. Je pouvais le voir sur son visage, c’était une pépite qu’elle allait nous sortir. Et je n’avais qu’une hâte : qu’elle balance l’information.

— Merde ! Et ce Samuel avait déjà dénoncé le comportement de… Putain, comment cette famille s’appelle d’abord ?

— Abernathy. La famille Abernathy. Juliette Abernathy, la femme. George Abernathy, le mari. Chloé Abernathy, leur fille.

— Ouais, ben… Samuel avait-il déjà dénoncé le comportement de madame Abernathy ?

— Ça n’a pas l’air. Pourquoi ?

— Parce que c’était une putain de psychopathe. Une mythomane. Elle avait accusé son ex-mari de violences conjugales et de viol. C’était parti en procès et tout. Son ex-mari a été acquitté. La psychologue avait déterminé que madame Abernathy avait menti.

Est-ce que c’était vrai, au moins ? Non parce que les hommes qui s’en tiraient avec une plainte pour viol au cul, il y en avait à la pelle. C’était franchement facile d’accuser une femme de mentir. Alors que prouver son viol, c’était bien plus compliqué. Il y avait des cas de ce genre d’affaires où même avec une vidéo et des aveux, le type n’allait pas en prison. C’était dire la justice française ! Tout cela pour dire que cette information était à prendre avec des pincettes. Mais soit.

Suspect numéro six : l’ex-mari.

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