Chapitre 114

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Maintenant fermement son poids au-dessus du sol, Nadya enchaina les pompes pour entretenir sa silhouette musclée. Habituée à courir dans son quartier tous les matins, elle devait désormais se contenter de petits exercices musculaires pour ne pas sombrer dans la démence, seule dans son cagibi. Elle avait partagé sa cellule avec plusieurs femmes, mais la collocation ne s'était jamais éternisée. Et à chaque fois, elle finissait seule. Elle rêvait de retrouver sa vie d'avant rien que pour mettre fin à l'ennui qui l'absorbait, au froid de sa cellule lorsqu'elle se couchait dans son lit le soir, et à ses visites chronométrées. Alors que ses pensées s'arrêtaient sur cette dernière épreuve, un gardien s'arrêta devant sa cage et l'interpella.

- Randome, au parloir !

Nadya se remit sur ses pieds, reprit son souffle, et, sans se précipiter, emboita le pas au surveillant pénitentiaire. Avec d'autres détenus, elle arriva au niveau du parloir où les prisonniers pouvaient communiquer avec des personnes extérieures. On lui désigna une chaise où elle s'installa sans rechigner, puis s'empara du téléphone qui lui permettait de communiquer avec sa visiteuse, assise de l'autre côté de la vitre qui les séparait, et força le sourire.

- Je t'attendais, dit-elle sans effusion.

La jeune fille acquiesça à peine, l'air grave.

- Elle est venue te voir ?

- Oui. 

Nadya tourna la tête du côté du surveillant pénitentiaire, puis baissa la voix en approchant son visage de la vitre.

- Comme tu l'avais prévu.

La jeune fille acquiesça à nouveau, sortit un paquet de cigarettes de son sac à main, et en glissa une entre ses dents. Mais alors que son briquet allait embraser le bout de papier, le garde l'interpella et lui demanda de ranger l'instrument assassin dans ses affaires. L'adolescente grommela, exécuta l'ordre à contrecœur, puis reporta toute son attention vers son interlocutrice.

- Et tout s'est bien passé ? s'enquit-elle en cherchant à dissimuler sa nervosité. 

Nadya baissa davantage la voix. 

- C'est dans la poche.

Mathilde se détendit et esquissa le même sourire malicieux que celui de sa génitrice.

- Quelle idiote ! ne put-elle réprimer, satisfaite. 

- Ne t'enflamme pas ! lança Madame Randome, prudente. Il suffirait qu'elle retrouve les Alstrom pour qu'elle comprenne que nous lui avons menti !

Mathilde hocha la tête.

- Elle me fait confiance. Elle n'a que des ennemis dans la flicaille.

- Et Valcrome ?

- Elle le déteste.

- Tu dois tout de même rester sur tes gardes. Je prends déjà d'énormes risques en te couvrant. Ne te la mets pas à dos.

- Entendu.

Mathilde ne tenait plus en place. Excitée, elle reprit.

- Quelle fable lui as-tu servi ?

- Tu le sais bien, dit Madame Randome en haussant un sourcil.

- Mais raconte-la moi en me faisant part de ses réactions !

- Bien... Mais ne t'agite pas comme ça ! Inutile d'attirer les regards sur nous !

Mathilde se mordit les lèvres, prit une attitude nonchalante, et attendit, le regard brillant, que sa mère entame son récit.

- Comme tu le sais, Pierre Alstrom et moi étions très proches lorsque nous avions ton âge. Nous nous retrouvions souvent à la supérette de ses parents. Le travail ne manquait pas à la librairie, mais je préférai rendre service aux Alstrom, ou du moins, en donner l'impression, tandis qu'avec Pierre, nous passions nos journées à plaisanter et à ne rien faire. Mais notre amitié a commencé à se dégrader le jour où ton père et moi avons entamé une relation amoureuse. Ils ne se supportaient pas. Pierre se sentait abandonné et me reprochait d'accorder à ton père une importance démesurée, tandis que ton père jurait d'exploser le crâne de mon ami s'il me voyait en sa compagnie. Eperdue d'amour pour ce monstre, je l'écoutais, et, sourde aux récriminations de Pierre, suivais niaisement ses exigences à la lettre. Ainsi ai-je fait les deux plus grandes erreurs de ma vie : cesser toute relation amicale avec Pierre et épouser ton père. 

Madame Randome détourna la tête, sans doute pour refouler ses larmes, mais reprit contenance presque aussitôt.

- J'ai raconté tout ce que je savais de la supérette à Delaunay. Elle voulait savoir si les Astrom étaient revenus en ville récemment. Je lui ai dit que je l'ignorais, mais que cela était peu probable. Elle désirait connaître leur adresse. Je lui ai assuré que je n'en savais rien, comme tout Saint André, les Astrom ayant quitté la ville il y a longtemps et précipitamment. Elle m'a demandé pourquoi. Je lui ai dit que je l'ignorais également, mais que, boutique fermée, plus rien ne les avait retenu ici. 

Madame Randome s'assombrit. 

- Nous ne sommes que deux à connaître l'objet qui pourrait résoudre l'affaire Rita-Lans. Tromper cette flic en lui présentant un objet insignifiant dans un autre commerce est un risque non négligeable.

- Je n'ai rien laissé au hasard, fit Mathilde en gardant son sang-froid. J'ai rapporté chez nous la preuve de mon inculpation dans cette affaire, et les charges portées à l'encontre de la supérette n'ont jamais été aussi fortes. Cependant, nous ne sommes pas deux, mais quatre à connaître l'existence de l'objet que j'ai caché, ajouta-t-elle, moins à l'aise.

Madame Randome écarquilla les yeux. 

- Comment ça ? 

- Emma Rose m'a aidée, rappelle-toi, fit Mathilde en soupirant. Je souhaitais prévenir Fanny du danger qui l'attendait, alors, naturellement, elle aussi connait l'existence de cet objet. La seule différence entre Emma-Rose et Fanny est que l'une connait le véritable commerce où l'objet a été déposé, tandis que l'autre croit le connaître. 

- Car tu as demandé à Emma-Rose de tromper Fanny en lui donnant de fausses informations sur la librairie après t'être rendu compte de la bêtise de ton action ! rumina Madame Randome en ressassant ses souvenirs. 

- J'ai agi précipitamment, reconnut Mathilde, rouge, mais je n'avais pas d'autre choix. Et de toute façon, la librairie n'est plus ce qu'elle était. 

- Ce n'est pas parce qu'elle a brûlé il y a des années qu'elle n'a plus aucune trace de ce qu'elle était ! Je ne doute pas que des livres déchiquetés hantent encore ses rayons !

- Si c'est le cas, Fanny ne s'est aperçue de rien, fit Mathilde qui se sentait faiblir. Grâce à Emma-Rose, elle est désormais persuadée que la librairie n'est plus que l'ancienne supérette des Alstrom.

- Il ne manquerait plus qu'elle en touche un mot à Delaunay, et tout notre plan tomberait à l'eau ! 

- Fanny ne fait pas confiance aux flics, fit l'adolescente d'une voix plus assurée. Elle trouve que l'affaire prend trop de temps, et elle enquête de son côté. C'est la raison pour laquelle j'ai donné les clés de la librairie à Emma-Rose et lui ai demandé de déposer mon objet juste derrière la vitrine de la librairie. J'espérais qu'il contrasterait suffisamment avec l'insalubrité des lieux pour qu'il n'échappe pas à l'œil de Fanny. Je l'ai suivi ce jour-là, et j'ai failli me faire repérer, mais j'ai pris ces risques en toute conscience, et je ne le regrette pas. 

- Après tout, c'est un objet que quiconque qualifierait de "banal". Il serait absurde d'en tirer des conclusions hâtives, et peut-être l'aura-t-elle oublié... médita Madame Randome pour se rasséréner.

- Je ne l'espère pas. Je ne veux pas avoir pris tous ces risques pour rien... Mon seul combat aujourd'hui est de rester en vie.

- Et je t'aiderai, aussi longtemps que mon combat à moi sera d'anéantir Valcrome. Il est temps qu'il paye pour ses crimes.

- Nous sommes d'accord sur ce point.

Dans la confidence, la mère et la fille se lancèrent un regard rempli d'amertume et de haine. Si elles devaient tomber, Valcrome, leur ennemi commun, tomberaient aussi.

- Avant de partir, tu dois savoir quelque chose, reprit Madame Randome. Delaunay va faire réduire le temps de peine d'emprisonnement de ton père.

Mathilde réfléchit.

- Oui, c'est logique, fit-elle sans paraître troublée. Je te connais assez bien pour savoir qu'avec toi, rien n'est jamais gratuit.

- Tu es contente au moins ?

- Oui, répondit la jeune fille dans un sourire timide.

- Bien, lança la détenue.

Puis, dans un murmure presque inaudible :

"Tu es sûre que les flics n'ont pas trouvé le fusil de chasse de ton père quand ils ont fouillé la maison ?"

- Non, il est toujours dans le double fond de son placard, dans le bureau.

- Parfait. Si ce que tu dis est vrai et que ses revenus bancaires - que tu as découvert, Dieu merci ! - s'élèvent à une somme bien supérieure à celle qu'il nous a toujours indiquée, nous n'avons plus aucune raison de nous encombrer de lui. L'héritage nous reviendra de droit, le monde se portera bien mieux sans lui, et nous pourrons commencer une nouvelle vie à deux.

- A supposer qu'il n'ait pas déjà rédigé un testament où il prévoit de tout léguer à oncle Francis. 

Madame Randome balaya cette suggestion d'un revers de main.

- Il ne craint pas la mort. Il se croit invincible.

- Sans doute... 

- Je pourrais le tuer, cette fois, j'en suis sûre, mais...

- Tu es trop rusée pour cela, la coupa Mathilde qui avait compris que sa mère cachait quelque supercherie. Et tu ne veux pas retourner en taule.

- Non.

- Que prévois-tu, dans ce cas ?

- Que prévoit Delaunay, tu veux dire ?

Mathilde s'enfonça dans son siège, la bouche entrouverte, le regard suspendu.

- Comment ça ? bruit-elle dans le microphone.

- Disons que j'ai ajouté une clause de dernière minute au marché que je devais conclure avec elle, fit Madame Randome, malicieuse. Il se trouve que ta caméra repose toujours dans le laboratoire où Valcrome et toi avez eu votre petit entretien. Ce sale cabot l'a abandonnée dans une boîte où les anciennes pièces à conviction sont régulièrement entreposées. D'après Delaunay, ces pièces attirent rarement l'œil des analystes qui travaillent généralement sur de nouveaux objets. De fait, il semble que personne ne se soit intéressé à ta caméra depuis Valcrome. J'ai donc demandé à Delaunay de te rendre ce qui t'appartenait.

- Je ne vois pas en quoi récupérer mon appareil nous sera d'une quelconque utilité.

- Tu ne comprends pas ? souffla Nadya en levant les yeux au ciel. Delaunay, qui se souvient parfaitement du jour où Valcrome a pris tes empreintes dans le laboratoire, est presque certaine que personne n'a tenu ta caméra en mains depuis que Valcrome a cru bon de s'amuser avec. 

- Et depuis quand Delaunay est notre alliée ?

- Depuis que je lui ai fait promettre de porter des gants du moment où elle s'emparera de ta caméra au moment où elle te la remettra en mains propres. Et à ce instant précis, tu devras également en porter. 

Mathilde haussa les sourcils.

- Des gants ?

- Oui.

Soudain, le visage de l'adolescente s'éclaira, la stratégie de sa mère lui apparaissant clairement.

- Tu veux piéger Valcrome ! murmura-t-elle, le cœur battant à tout rompre.

- Si cette ordure est douée pour reporter des empreintes de doigts d'un objet à un autre, il sera étonné de voir qu'il n'est pas le seul à savoir le faire. Et il sera pris à son propre jeu.

- Oncle Francis est analyste ! exulta Mathilde.

- Et pourfendeur des abus judiciaires. Or je sais qu'il considère l'incarcération de son frère comme l'un de ces abus. Je n'aurais qu'à lui faire croire que nous sommes dans le même camp tous les deux, que ton père me manque, que je regrette de lui avoir tiré dessus, et que je souhaite autant sa libération que lui. Francis est trop con pour capter un mensonge aussi grossier, mais pas assez pour nous aider à reporter les empreintes de Valcrome de ta caméra au fusil de chasse de ton père. 

- Mais pourquoi Valcrome tirerait-il sur Papa ? Il faut trouver un mobile sérieux pour expliquer un tel geste ! réfléchit Mathilde.

- Nous n'aurons qu'à prétendre qu'une dispute a éclaté entre eux. Que ton père, furieux, dangereux et incontrôlable, est allé chercher son fusil de chasse dans son bureau et se l'est fait déposséder par Valcrome avant de se prendre une balle. Bien sûr, il ne faudra pas que cela ressemble à de la légitime défense, ou Valcrome pourrait s'en sortir sans grand mal. 

- Mais que viendrait faire Valcrome dans notre maison ?

- ... Il serait venu régler ses comptes avec la librairie. Définitivement.

Mathilde tira une grimace anxieuse. 

- Mais... as-tu seulement des preuves de ce que tu avances ?

- CET ENFOIRÉ A RUINÉ MA FAMILLE ET TUÉ MES PARENTS, PAR LA MÊME OCCASION ! IL EST TEMPS QU'IL PAYE ! hurla Madame Randome, agitée par mille sentiments.

Le surveillant pénitentiaire s'approcha, attiré par le cri de Nadya. Il la menaça d'écourter sa visite si elle ne se calmait pas, puis reprit sa ronde, l'air de rien.

- Je n'ai pas dit qu'il ne méritait pas la prison, fit Mathilde d'une voix apaisante. Seulement, pour rendre une accusation de meurtre plausible, il faut un mobile et des preuves irréfutables. 

- J'en trouverai, assura Madame Randome d'une voix ferme. En le revoyant au commissariat l'autre jour, j'ai pu me convaincre qu'il ne se souvenait pas de moi. Mais moi, je sais qui il est. Un monstre sans cœur et sans principes. 

Mathilde resta pensive un instant.

- Il ne se souvient peut-être pas de ton visage, mais il sait qui tu es. Il a été monstrueux avec moi dès l'instant où il a su que je m'appelais Randome. Maintenant, je comprends pourquoi. A ses yeux, notre nom sera toujours associé à celui de la librairie.

- Parce que j'étais jeune, sotte et frivole, il espère sans doute que mes parents aient cru bon de me laisser dans l'ignorance de ses agissements ignobles, grogna Nadya, plus pour elle-même que sa fille.

- Et c'est pour ça qu'il n'a pas été rude avec toi, souligna Mathilde. Il ne souhaitait pas se rendre désagréable pour que sa monstruosité ne te saute pas aux yeux et te revienne en mémoire comme un terrible flash back.

- Si notre sort n'était pas en jeu, je tuerais volontiers Valcrome, avoua Nadya. Mais bien sûr, la vengeance ne serait pas assez cruelle, et si ton père doit mourir, autant faire d'une pierre deux coups. Il s'agira, évidemment, d'emprunter des gants au moment où le coup partira. Francis se chargera du reste. 

- Tu te rends bien compte que tout repose sur Delaunay ? Elle n'est pas idiote. Cette histoire de gants lui mettra la puce à l'oreille, et elle pourrait très bien nous dénoncer avant que nous ayons pu accomplir notre crime !

Madame Randome secoua la tête.

- Je ne doute pas un seul instant qu'elle n'ignore rien de ce que nous préparons. Mais si elle avait voulu nous empêcher d'agir, elle m'aurait posé des questions pour chercher à en savoir davantage ; or elle ne l'a pas fait.

- Alors elle aussi veut la mort de Valcrome, comprit Mathilde.

- Je ne sais pas ce qu'il lui a fait, mais on dirait bien.

L'adolescente sentit une bouffée de chaleur l'envahir. La peur céda place à l'excitation, et elle souriait, ivre de bonheur à l'idée que son père et Valcrome ne seraient bientôt plus de ce monde. Sa mère avait raison. Le monde se porterait bien mieux sans eux. 

- Il faudra que tu trouves un travail, fit-elle en reprenant une certaine gravité. Il ne s'agira plus de boulots sans lendemain, mais d'une vraie situation. Quand Papa sera... on devra se débrouiller toutes seules. L'argent ne tombe pas du ciel, et celui que nous toucherons de l'héritage ne sera pas éternel.

- Je sais, grommela Madame Randome en détournant le regard. 

- Oncle Francis ne nous aidera pas éternellement, appuya Mathilde.

- Je sais ! réitéra Nadya, agacée. Je trouverai quelque chose, ne t'inquiète pas.

- Tu veux que je commence à éplucher les annonces dans les journaux ? proposa l'adolescente. Tu n'as plus que quelques mois à faire, et plus vite tu retrouveras un job, mieux ce sera. 

- Si tu veux.

- Maman ! la secoua Mathilde.

- Ça va, je suis d'accord, marmonna Madame Randome. 

La jeune fille posa une main sur la vitre qui la séparait de sa génitrice.

- Fais comme moi, murmura-t-elle doucement.

- Tu n'as plus cinq ans.

- S'il te plait.

Madame Randome râla, puis posa une main sur celle de son enfant.

- Un jour, on rouvrira la librairie, promit Mathilde.

- Autant rêver ! lâcha Madame Randome, plus dépitée que moqueuse. Saint André est mort et enterré. Pourquoi les gens délaisseraient la belle et grande librairie Laporte-Olicart pour la petite librairie d'un bas quartier sinistre ? 

- Parce que ce sera la plus spectaculaire des deux. Elle sera avenante et chaleureuse ; humaine dans ce bas quartier sinistre, comme tu dis. Nous serons nos propres patrons. Personne ne nous imposera la moindre règle. Et nous ne serons que plus fières de notre réussite parce que nous y serons arrivées par nos propres moyens.

- Des moyens qui se réduisent à peu de choses...

- Pour l'instant ! Mais il ne faut pas se laisser abattre, et se fixer des objectifs !

Madame Randome sourit. Dans ses yeux brillait une once de nostalgie qui déstabilisa Mathilde.

- Tu ressembles à ton père, dit-elle doucement.

Mathilde sourit à son tour.

- C'est ce que m'a appris une vieille photo dans le grenier.

- Comment... Depuis quand le sais-tu ? hoqueta Madame Randome.

- Depuis peu. J'attendais que tu m'en parles.

- Hmm... oui, fit la mère en regardant plus intensément sa fille. Tu as les yeux gris des Alstrom.

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