Chapitre VI

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— Du nerf la feignasse…

  Je marmonne ces mots en sachant pertinemment qu’elle ne m’a pas entendu. Je suis bien trop en colère pour savoir si elle a compris ce que je lui ai dit.

  La pluie ne cessait pas, et je déteste poireauter. J’ai réveillé la fille, et lui ai dit que je partais. Que si elle me suivait, c’était son problème. Je ne m’occuperai pas d’elle.

  Elle n’a rien dit. S’est levée. M’a suivie silencieusement. Je ne sais pas si c’est la fatigue ou le traumatisme qui la rend si muette. Je m’en fiche, ça m’arrange bien.

  Par contre, j’aimerai qu’elle accélère un peu du cul. Elle patauge presque dans ses propres bottes. C’est réellement chiant d’avoir quelqu’un dix mètres derrière soi. On marche ensemble ou non ? De toute évidence, la randonnée, ça ne lui réussit pas.

  Il fait vraiment moche, et la pluie fouette ma capuche. Je suis trempée jusqu’à l’os, glacée au plus profond de moi. Je persévère. La ville est loin maintenant, et le froid encore plus présent. Le vent souffle moins entre les arbres, mais reste mordant. Si les températures continuent de tomber, on risque la neige une nouvelle fois. C’était comme ça, au vingt-troisième et vingt-cinquième mois…

— A-attend-moi !

  Je souffle, m’arrête comme si je lui obéissais. Je la fixe.

— Avance, alors.

— Tu marches trop vite ! Et puis il fait froid…

— Je vais pas passer la journée à t’attendre. Avance ou dégage.

  Je continue ma route. Ma phrase semble l’avoir perturbé, puisque je ne l’entends plus derrière moi.

— Écoute, tu veux me suivre, c’est trop problème, moi je m’en branle, (je prononce à haute voix, agacée par son silence). Plie-toi à mes principes, et fais pas chier.

  Je crois percevoir un faible « OK » de sa part, mais ne soulève rien. Je préfère qu’elle se taise plutôt qu’elle se fâche, même si dans son état actuel, ce n’est pas très propice. Elle se contente de me suivre, cette fois plus proche de moi.

— On s’arrêtera une fois la nuit tombée et un abri trouvé. Ces deux choses dans cette ordre-là, pas l’inverse. Et si on n’a pas d’abri, on dort dans les arbres. OK ?

  Je jette un coup d’œil vers elle. Elle hoche doucement la tête sans me regarder, la tête basse. Mes dents grincent entre elles.

— Et regarde devant toi. C’est pas le sol qui va nous donner notre destination.

  J’ai l’impression de faire du baby-sitting, et c’est une véritable plaie.

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