Seth Ambroise, était devenu un personnage public, pas une semaine ne se passait sans que les journaux ne parlent de lui en première page. Six mois s’étaient écoulés depuis les événements transcrits par moi-même dans le neuvième passager, l'inspecteur Stouward et la recrue Monier ne cessait de voyager aux quatre coins d’Europe pour mettre fin à l'agitation créée par le voleur professionnel.

 Bien entendu, si les journaux parlaient tous des aventures d'Ambroise, il y avait une bonne raison, ce n'était pas son goût du luxe, les tableaux et autres œuvres d'art n'étaient pas tous inestimables. Ce n'était pas non plus son penchant pour le burlesque, car il est vrai qu'uriner dans la Meuse coiffé par la couronne du Roi des Belges était osé, mais qui ne fait pas un peu le pitre quand le cœur est joyeux comme un papa dans un magasin de wagon en modèle réduit. Non ce qui attirait les journalistes comme des vendeurs d'auto-bronzant sur une plage nudiste, c'était le voile de mystère qui entourait les actes de Seth, il y avait un petit je ne sais quoi de magie avec cet hurluberlu, une chose qui attire autant que les soldes dans les magasins discount.

 Il y avait du vrai.

 Oui Seth connaissait quelques tours de passe-passe, mais lui même était étonné de les voir tous fonctionner à merveille.

 C'est pour cette raison que deux individus, chapeau melon, botte de cuir, lunette ronde qui cache le regard, style Mulder et Scully chez les steampunks, attendaient sous un parapluie, devant la résidence de Seth Ambroise. Personne ne connaissait cette adresse, louée sous un faux nom, charmante maison de maître dans la ville de Huy, en territoire Belge. Il y avait bien Edgar que nous avons rencontré au chapitre premier, mais celui-ci vivait dans cette même maison, il était majordome, chauffeur, cuisinier, coursier, il était la voix de Seth Ambroise et vivait pleinement dans son ombre.

 Les deux hommes et le parapluie arrivaient à la porte, et après un bref moment, l'un d'eux frappa le heurtoir en tête de loup et attendirent.

 Edgar ouvrit la porte et regarda les deux hommes, leur visage était sans expression, comme dit quelques lignes plus haut des lunettes rondes cachaient leurs yeux et un chapeau leurs cheveux, tout ce que l'on pouvait voir de ces hommes étaient les minces lèvres qui dessinaient leur bouche et leur nez identiques. Des jumeaux !

 - Que puis-je pour vous messieurs ? demanda calmement Edgar.

 - Nous aimerions parler à monsieur Ambroise. Demanda l'un d'eux.

 - Qui donc ? Répondit le majordome sans se trahir.

 - Seth Ambroise, c'est bien ICI que vie Seth Ambroise le plus grand... .

 Le deuxième homme avait répondu en augmentant à chaque mot le niveau de sa voix, ce qui eu raison d'Edgar, qui d'un geste de la main invita les deux hommes à rentrer et eu pour effet de faire taire l'accusation du jumeau numéro deux.

 - Monsieur est sorti, mais vous pouvez attendre ici si vous voulez.

 - Non ! Le premier jumeau avait repris la conversation avec sa voix calme, mais autoritaire.

 - Non ?

 - Non, nous savons que Monsieur Ambroise est ici même en ce moment.

 Un homme ouvrit la porte du salon, mal ou pas rasé, cheveux aux épaules, mal ou pas coiffé, une chemise noire, un pantalon noir, des bottes noires et non lacées. Plusieurs bagues ornaient ses mains et une chaîne sur laquelle pendait une plaque militaire (chose étrange, parce que dans ce monde les militaires n'ont pas de plaque, une incohérence que je vous demanderais de bien vouloir m’excuser), dépassait de sa chemise.

 - Et bien, qu'est-ce qui fait tout ce raffut Edgar ?

 - Monsieur Ambroise, ces hommes sont venus vous voir.

 - Voila chose faite, ils m'ont vus.

 - Monsieur, notre employeur aimerait vous rencontrer.

 - Et alors ? Beaucoup de personnes veulent me rencontrer.

 - Oui, bien sûr, mais ... nous travaillons pour « le Roi de Thunes ». Seth les regarda attentivement.

 - Il fallait commencer par là.