L'Ombre du Passé

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Adéyemi arriva tôt à Koffi & Fils, un bâtiment moderne surplombant le port de Cotonou. Les murs, ornés de photos de palmeraies verdoyantes, semblaient mentir sur la tempête qui couvait. Il convoqua son directeur financier, un homme maigre nommé Blaise, pour discuter des comptes. « Y’a des trous, patron, » admit Blaise, évitant son regard. « Des paiements non tracés, datant de l’époque de Koffi. » Adéyemi sentit une colère sourde monter. Était-ce un sabotage ? Ou un héritage empoisonné ?

Il passa la matinée à fouiller des dossiers, mais son esprit dérivait vers Aminata. Pourquoi l’obsédait-elle ? Était-ce son rire, son audace, ou quelque chose de plus profond, comme une vérité qu’il refusait de voir ? Il chassa l’idée, se concentrant sur une facture suspecte : un versement à une société nommée « Serpent d’Eau. » Était-ce une blague ? Ou un lien avec les plumes noires ?

À midi, poussé par une impulsion, il retourna à Dantokpa. Le marché était plus calme, les vendeuses paresseuses sous la chaleur. Aminata était là, négociant avec une cliente, son pagne bleu scintillant comme un défi. Lorsqu’elle l’aperçut, elle haussa un sourcil : « Encore toi ? Les herbes t’ont donné des visions, ou quoi ? » Adéyemi sourit, jouant le jeu : « Peut-être que c’est toi, ma vision. »

Leur badinage, piquant et naturel, attira les rires des voisines. Mais un cri brisa l’ambiance : un vendeur voisin s’effondra, le visage tordu de douleur, un bol de soupe renversé à ses pieds. La foule paniqua, criant au poison. Aminata, avec un calme surnaturel, s’agenouilla près de l’homme. « Du piment noir, » murmura-t-elle, fouillant son panier. Elle administra une décoction, et l’homme respira mieux, ses yeux pleins de gratitude.

Adéyemi, impressionné, l’aida à disperser la foule. « Tu fais ça souvent ? Sauver des vies entre deux ventes ? » demanda-t-il, mi-sérieux, mi-moqueur. Aminata haussa les épaules : « Seulement quand les héros en costume échouent. » Leur rire, fragile mais sincère, scella un moment de complicité. Pourtant, Adéyemi remarqua un détail : une plume noire, coincée sous le bol renversé. Était-ce un hasard ?

Ce soir-là, il invita Aminata à un café, un petit endroit près du port où les vagues chantaient sous les étoiles. Elle accepta, à condition qu’il « arrête de jouer les princes charmants ». Ils parlèrent de tout et de rien : Cotonou, leurs rêves, leurs peurs. Aminata raconta son enfance au Nigeria, mais esquiva les détails, ses yeux voilés. Adéyemi, curieux, n’insista pas. Était-elle prudente, ou cachait-elle quelque chose ?

Leur conversation fut interrompue par un grondement : une moto passa à toute vitesse, manquant de les renverser. Aminata se figea, son regard scrutant l’obscurité. « Ce n’était pas un accident, » murmura-t-elle, sa voix tremblante. Adéyemi, alarmé, scruta la rue. Rien, sauf l’écho du moteur. Était-ce lié à l’huile ? Ou à eux ?

En la raccompagnant, Adéyemi sentit une tension nouvelle. Aminata, avant de partir, lui serra la main, un geste bref mais chargé. « Fais attention, Adéyemi, » dit-elle, ses yeux pleins d’une peur qu’elle ne nommait pas. Il hocha la tête, mais son cœur battait trop fort. Était-elle en danger ? Ou était-ce lui ?

De retour chez lui, il trouva un message glissé sous sa porte : « L’huile appelle le sang. » Une plume noire l’accompagnait, tachée d’une goutte rouge. Était-ce du sang ? Ou de l’encre ? Il ferma la porte à clé, revolver en main, mais le sommeil ne vint pas.

À Dantokpa, Aminata, seule, pria devant son autel. Une vision la frappa : Adéyemi, tenant une dague, face à une rivière rouge. Était-il son allié, ou son bourreau ? Elle serra son amulette, résolue à découvrir la vérité.

Et dans l’ombre, la silhouette encapuchonnée murmura un nom : Koffi. Une lame brilla dans sa main, reflétant la lune. Était-ce pour Adéyemi ? Ou pour quelqu’un d’autre ?

Le lendemain, un corps fut retrouvé près du port, une plume noire dans la poche. Quelle identité de cette personne ? 

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