Mama Zannou convoqua Adéyemi à Ouidah, dans un temple vodoun où l’air sentait l’encens et la peur. Les statuettes de Legba, gardien des portes, semblaient le juger. « Un rituel est nécessaire, » dit-elle, ses mains noueuses serrant une dague rituelle. Adéyemi, sceptique, grogna : « Pour quoi ? Apaiser tes esprits ou tes regrets ? » Elle ignora son ton, mais ses yeux brillaient d’une colère ancienne.

Le temple était sombre, éclairé par des bougies vacillantes. Mama Zannou versa de l’huile sur un autel, murmurant des incantations en fon. « L’huile sacrée est plus qu’un héritage, » dit-elle. « C’est un serment. Brise-le, et le sang coulera. » Adéyemi, agacé, pensa à Koffi, à ses mots dans le carnet : « Quelqu’un doit payer. » Était-ce ce serment ? Ou un mensonge pour le contrôler ?

Un prêtre entra, portant un masque de serpent. Adéyemi tressaillit, pensant aux plumes noires. « Qui est-ce ? » demanda-t-il, mais Mama Zannou l’ignora, continuant son rituel. L’huile fuma, et une ombre sembla danser dans les flammes. Était-ce un tour de lumière ? Ou un esprit ? Adéyemi sentit une nausée monter, comme si le temple l’étouffait.

Dehors, il respira profondément, mais les mots de Mama Zannou le poursuivaient : « L’étrangère te perdra. » Parlait-elle d’Aminata ? Ou de Lucie ? Il appela Kossi, espérant un peu de légèreté. « Ta grand-mère, elle fait peur même aux djinns ! » plaisanta Kossi, mais il ajouta : « J’ai vu Émile. Il parlait à un type louche près du port. » Adéyemi sentit la méfiance grandir. Était-ce lié à l’incendie ?

Ce soir-là, il rêva de Koffi, noyé dans une rivière rouge, tenant une plume noire. « Trouve-la, » murmurait son frère. Adéyemi se réveilla en sueur, un cri coincé dans la gorge. Était-ce un message ? Ou sa culpabilité ? Il saisit le carnet, relisant une note : « Le serpent ment. » Était-ce Mama Zannou ? Ou quelqu’un d’autre ?

Le lendemain, il reçut un colis anonyme : une fiole d’huile rouge, avec un mot : « Porto-Novo. Minuit. Viens seul. » Son pouls s’emballa. Était-ce un piège ? Ou la vérité sur Koffi ? Il rangea son revolver, déterminé à en finir.

À Dantokpa, Aminata trouva une nouvelle plume, cette fois tachée de sang. Son cœur s’arrêta. Était-ce pour elle ? Ou pour Adéyemi ? Elle pria, mais Mami Wata resta silencieuse, comme si les esprits eux-mêmes avaient peur.

Et dans l’ombre, la silhouette encapuchonnée grava un symbole sur un mur : un serpent dévorant sa queue. Était-ce un cycle ? Ou une fin ?

Le lendemain, un ouvrier disparut à Ouidah, une plume noire dans sa poche. Peut-être le début ? Ou la fin ?