À l’ouest, le sultanat détient la vérité sur comment le monde fut bâti.

À l’origine, le monde n’était qu’un enfer informe, où les premiers hommes vivaient sans attaches dans la misère éternelle.

Jusqu’au jour où Saraden, le bienveillant-sultan, arriva avec son immense sac.

Il demanda aux hommes : « J’ai longtemps marché et je suis épuisé. Puis-je partager votre feu et votre repas ? »

Aussi pauvres soient-ils, les hommes acceptèrent, sachant ce que c’était que d’errer.

Et en remerciement, Saraden leur donna quelques-uns des trésors contenus dans son sac.

Il alla ainsi de gens en gens, distribuant ses biens aux généreux et aux altruistes, tandis qu’il abandonnait les avares et les cruels.

Puis finalement, il arriva devant Jormondi, le maître de ce monde déstructuré, qui était un serpent qui possédait moult biens, mais n’en partageait pas un seul avec ses sujets ni avec personne d’autre.

Le bienveillant-sultan lui demanda le couvert et un peu de sa nourriture, mais l’animal lui ria au nez et le chassa !

Indigné par cet accueil et par l’avarice de cet indigne souverain, Saraden se saisit alors de l'impur monstre en disant : « Abjecte créature, tu ne mérites aucunement de diriger ce monde ! Et dès à présent, je décide que ce monde aura une forme, sur laquelle les hommes pourront vivre sans avoir à constament fuir ! Quant à toi, tu seras le verrou qui le maintiendra uni ! »

Aussitôt, il ramassa les fragments du monde, qu’il assembla pour créer la terre et se servit du corps de Jormondi telle d’une corde, pour nouer le tout en un seul bloc !

Sa tache achevée, Saraden repartit vers les étoiles, après avoir désigné les hommes les plus vertueux et altruistes, afin d’en faire les dirigeants de ce monde neuf.

Et à chaque fois qu’un sultan s’avère indigne de gouverner, Saraden marque sa désapprobation en enfermant le soleil dans son sac.

Ces mots sont la stricte vérité sur ce monde.