Dans les jours qui suivirent Soreen essaya tant bien que mal d’enseigner au prince les principes de méditation des moines de Sarubaa. Mais, le prince, toujours aussi taquin, ne cessait d’orienter les exercices dans un sens plus sensuel, voire sexuel. Ce dernier, bien que caché derrière un paravent pour plus d’intimité, finissait toujours la séance en se masturbant sans honte jusqu’à la jouissance. Elle le quittait toujours en feu. Incendie que Loam avait bien du mal d’éteindre plus tard avec ses caresses.

Soreen se doutait que le prince la provoquait et qu’il cherchait à obtenir d’elle bien plus qu’un simple enseignement. Mais, toucher la personne sacrée d’un être suprême, même en devenir, était un crime contre l'état. L’officier supposait qu’il devait assouvir ses pulsions avec quelque androïde prévue à cet effet.

Un jour, à l’issue d’une séance particulièrement intense, le prince bascula le paravent et Soreen le découvrit nu et fort excité. Il était étonnement bien pourvu pour un corps si frêle et gracile. Il attira à lui l’officier qui ne put rien faire contre ses appétits aiguisés par les exercices de méditation. Après avoir admiré le fruit défendu, elle grimpa à califourchon sur lui. Puis, elle le chevaucha avec de grand coup de reins affamés. Le prince lui caressait les seins et la fixait intensément sans le moindre son. Bien vite les deux amants jouirent ensemble dans un long râle de plaisir. L’expérience ainsi vécue était inédite et incroyable pour l’une et pour l’autre.

A l’issue de cet abandon, Soreen réalisa subitement ce qu’elle avait fait et sauta bien vite hors du lit. Le prince la rassura :

- Ne t’inquiète pas, je ne dirai rien.

- Qu’est-ce que vous m’avez fait ? Souffla-t-elle d’effroi. Comme si elle venait subitement de comprendre la situation.

- Rien que tu n’aies voulu autant que moi. Murmura le prince de sa voix suave.

- Je ne pense pas que j’ai VOULU en arriver là.

- Tu en avais envie. J’ai juste fait sauter les barrières physiques et mentales qui t’empêchaient de me rejoindre pour cette communion de nos corps. C’était tout simplement extraordinaire !

- Je dois partir maintenant.

- Oui. Cette séance s’achève, mais j’ai trop hâte de recommencer demain.

Les yeux du prince pétillaient de malice et de lubricité. Soreen de son côté était affolée de ce qu’elle avait fait et ne savait plus comment se sortir de ce guêpier.

Elle était fort angoissée lorsqu’elle rentra à la maison ce soir là. Je l’examinai rapidement voyant sa mine blanchâtre. Je détectai quelque chose d’anormal dans son abdomen. Quelque chose qui grandissait à vitesse accélérée.

- Qu’y-a-t-il Lico ? fit-elle encore plus anxieuse.

- Allongez-vous sur le lit, je dois vous examiner plus précisément le ventre.

Je pris un mini scanner et le passai sur le bas ventre de ma maîtresse. Ce que j’y vis me laissa circonspect. Il y avait là une sorte de foetus qui semblait vieux de plus de deux mois. Mais, je ne m’expliquai pas comment il était arrivé là. Loam, comme tous les hommes de plaisirs était nativement stérile. Par ailleurs, Soreen n’était pas encore en état d’enfanter. Elle ne le pourrait que dans quelques mois. Mais, là, c’était trop tôt. Je restai impassible, mais comme elle vit que j’insistai sur l’examen, elle s’adressa à moi plutôt inquiète :

- Qu’ai-je donc ?

- Eh bien aussi incroyable que cela puisse paraître, vous êtes… Enceinte !

- Quoi ? Enceinte ? Mais, comm… Soreen s’arrêta net comme si elle connaissait déjà la réponse à cette question.

- Oh non… Qu’ai-je fait… murmura-t-elle tremblante.

A ce moment, elle m’expliqua les détails de sa séance du jour avec le prince et tout s’éclaira en moi. Je compris toutes les conséquences de cette situation pour la vie de ma maîtresse et pour nous tous. J’en conclus pour ma part qu’il fallait éliminer cet être. Cependant, je n’avais pas tous les paramètres en mes circuits, la situation étant inédite de mémoire d’androïde.

Puis, Soreen pleura. Elle s’imaginait perdue. Fini le retour à Assingart, son union avec un jeune novice qui devait lui donner une unique descendante et sa vie à gérer ses immenses terres ventées riches en Kyonium. Sa faiblesse l’avait perdue. Elle avait les moyens de lutter contre les désirs du prince, mais elle n’avait pas voulu les utiliser. Le jeune homme avait raison, elle en avait eu envie. Une envie destructrice. Comme si elle avait souhaité balayer d’un coup de rein la vie toute tracée qu’on lui destinait. Cet enfant était le fruit de cette rébellion. Et, tout comme son géniteur, il était sacré.

Se reprenant d’un coup, Soreen se leva d’un bond et me lança, déterminée :

- Nous devons partir !