Chapitre 1 (de phillechat)

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de Phillechat




Raconter ses rêves, est-ce vraiment bien raisonnable ?
Le jour ne s’est pas levé, il fait encore nuit et je suis déjà en retard pour mon boulot. Mais cela n’a aucune importance, non, une question me hante : raconter ses rêves, est-ce vraiment bien raisonnable ?

J’avais raconté mon dernier rêve à Catherine ma (trop) séduisante psy. J’ai toujours le plus grand mal à me souvenir de mes rêves, j’ai trouvé un moyen mnémotechnique imparable : écrire, immédiatement, un haïku.
J’aimais bien celui que j’avais déclamé à la belle brune aux yeux verts.

La femme innocente
voit tous ses beaux vêtements
soudain déchirés

J’étais content de moi, le haïku sonnait bien. Pour la dame ainsi déshonorée, le portrait était là devant moi, bien vivant. Chaque séance était à la fois jouissance ; parler de mon désir pour elle, et souffrance : ne pas pouvoir le satisfaire. Pour moi l’interprétation était limpide : passer de la souffrance à la jouissance.

Habituellement, avec Catherine, nous cherchons longuement une signification à mes délires issus de l’inconscient. Elle m’encourage, me guide, me fait comprendre que je me suis fourvoyé. C’est un jeu de piste plaisant, qui me permet étrangement, de me sentir mieux après chaque séance.

Mais hier Catherine s’est murée dans le silence et ce matin le soleil ne se lève pas et je suis de plus en plus en retard. Elle s’était tue, sans interpréter mon rêve, et je n’avais su que dire, que faire.
J’avais commencé à m’inquiéter : mon désir était sans doute trop direct, elle me punissait par son silence.

Sa question m’interloqua :

« Croyez-vous aux rêves prémonitoires ?
— Oui, non, je ne sais pas. D’ailleurs Freud n’y croyait pas.
— Ce n’est pas Freud qui est dans ce fauteuil c’est vous, s’impatienta Catherine.
C’est oui ou c’est non ?
— Je dirais plutôt non.
— Eh bien, vous avez tort, trancha la belle brune ! Et la loi de Murphy ?
— La loi de Murphy, balbutiai-je ?
— La loi suivante : « Tout ce qui est susceptible d’aller mal, ira mal ».
— Je connais, mais je n’y crois pas, répondis-je.
— Eh bien, vous avez tort, et vous allez le payer cher, très cher ! »

La belle brune m’avait mis à la porte. Je n’ai pas dormi de la nuit et ce matin le soleil ne se lève pas, je suis en retard et je ne cesse de me dire : raconter ses rêves, est-ce vraiment bien raisonnable ?

Je cours vers mon bureau. La cheffe m’attend, coiffure blonde impeccable et des éclairs dans les yeux. Elle ne perd pas de temps en vaines politesses :

« Vous êtes en retard !
— Désolé Madame.
— C’est la troisième fois cette semaine !
— Désolé Madame.
— Si vous continuez, vous pourrez vous dégotter un autre job !
— Désolé Madame.
— Au fait vous connaissez la loi de Murphy ?
— Bien sûr Madame.
— Sachez qu’à partir du mois prochain, vous ne serez plus payé en argent, mais en compte-temps : c’est la loi de Murphy ! »

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