Mots suspendus
La lumière du matin filtrait à travers les rideaux pâles de la chambre de Marie-Louise, déposant sur les draps une lueur tiède et dorée. Assis au bord de son lit, Côme tenait une tasse de thé fumant entre ses mains, les jambes croisées, l’air paisible. Marie-Louise, elle, était assise à côté, les épaules légèrement tendues. Son téléphone reposait entre eux sur la couette, comme une présence silencieuse mais pesante.
— Tu es sûre que ça va ? demanda Côme doucement, son regard fixé sur elle.
Elle hocha la tête, sans grande conviction.
— J’ai reçu un message, hier soir… un peu après qu’on se soit quittés.
Côme posa sa tasse sur la table de chevet, intrigué.
— Un message de qui ?
Elle hésita. Son cœur accéléra un peu. Puis elle murmura :
— De Marin.
Il fronça les sourcils, sans colère, mais avec une attention nouvelle.
— Marin ? Le type populaire là ? Celui qui traîne toujours avec les équipes sportives ?
— Oui, lui… Je ne lui parle quasiment jamais. Et pourtant… il m’a écrit. Juste ça.
Elle prit son téléphone, déverrouilla l’écran, et lui montra le message reçu la veille à 23h14.
Côme se pencha légèrement pour lire par-dessus son épaule.
"Je sais que ce message te semblera étrange, Marie-Louise. Mais je ne peux plus garder ça pour moi. Je t’aime."
Un silence tomba dans la pièce.
Marie-Louise sentit un frisson le long de sa colonne vertébrale. Ce n’était pas seulement les mots. C’était ce qu’ils pouvaient provoquer. Ce qu’ils allaient bouleverser.
Côme resta immobile, les yeux fixés sur l’écran, puis sur elle.
— Tu t’y attendais ? demanda-t-il calmement.
— Pas du tout. Je suis… complètement prise au dépourvu. Je ne lui ai jamais donné la moindre raison de penser que…
Elle se redressa un peu, la voix tremblante.
— Côme, je t’ai dit hier que je t’aimais, et je le pensais vraiment. Ce message me trouble, oui… mais pas pour ce que j’éprouve. Plutôt pour ce que ça va déclencher.
Il prit sa main, la serra avec douceur.
— Tu n’as pas à justifier ce que tu ressens. Mais Marin… il va peut-être pas laisser tomber comme ça.
— Il est populaire, respecté… beaucoup de gens le suivent, l’écoutent. Je veux pas que ça devienne un sujet de moquerie, ou un scandale. Pas après tout ce qu’on a traversé pour en arriver là.
Côme sourit légèrement, mais ses yeux restaient sérieux.
— On fera face. Ensemble. Mais c’est toi qui décides quoi répondre.
Marie-Louise baissa les yeux sur l’écran encore allumé. Le message scintillait, simple et brutal. Trois mots qui venaient tout juste d’arriver dans son monde, bouleversant le fragile équilibre qu’elle avait trouvé la veille.
Elle inspira lentement.
— Je crois… que je dois lui répondre. Mais pas tout de suite. J’ai besoin de réfléchir.
Côme hocha la tête.
— Prends ton temps.
Mais au fond d’elle, Marie-Louise savait que le calme ne durerait pas. Marin avait parlé. Et tôt ou tard, il viendrait réclamer une réponse.
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